Texas Lance sa Réserve Bitcoin Officielle

Imaginez un État américain qui décide, du jour au lendemain, de placer une partie de ses fonds publics dans le Bitcoin. Pas une ville, pas une entreprise privée : un État entier. C’est exactement ce qui vient de se passer au Texas. Et l’histoire commence par un achat discret de 5 millions de dollars.

Le 20 novembre 2025, le Texas a franchi le Rubicon. Il est devenu le premier État des États-Unis à détenir officiellement du Bitcoin dans une réserve stratégique publique. Un geste qui dépasse largement le symbole : il s’agit d’une prise de position claire dans la guerre mondiale pour l’adoption institutionnelle du BTC.

Le Texas officialise sa réserve stratégique de Bitcoin

Ce n’est pas une rumeur, c’est un fait acté. Le Texas Treasury a confirmé l’acquisition de parts de l’ETF Bitcoin spot IBIT de BlackRock pour un montant de 5 millions de dollars. Un second tranche identique est déjà prévue, mais cette fois directement en BTC détenu en cold storage par l’État lui-même.

Pourquoi passer par un ETF dans un premier temps ? Simple question de logistique. La loi texane, votée en juin 2025, impose que seuls les actifs dépassant 500 milliards de dollars de capitalisation soient éligibles. Le Bitcoin coche la case sans problème. L’ETF IBIT, lui, non. Il s’agit donc d’une solution transitoire le temps que l’infrastructure de conservation souveraine soit finalisée.

« Le président Trump a affirmé sans équivoque son intention de faire des États-Unis la capitale mondiale des cryptomonnaies. Le Texas est à l’avant-garde. »

Sénateur Charles Schwertner, initiateur de la loi

Une loi pensée dès l’origine pour le Bitcoin

Revenons quelques mois en arrière. En juin 2025, le gouverneur Greg Abbott signe la Strategic Bitcoin Reserve and Digital Asset Act. Le texte est limpide : autoriser l’État à constituer une réserve d’actifs numériques, avec un seuil minimal de capitalisation fixé à 500 milliards de dollars. À l’époque, seul le Bitcoin remplissait ce critère.

Le message est clair : le Texas ne veut pas seulement attirer les mineurs (il héberge déjà plus de 30 % du hashrate américain). Il veut aussi devenir un détenteur institutionnel de référence. Et il le fait avant tout le monde.

Pourquoi 10 millions de dollars ? Symbole ou vraie stratégie ?

Certains observateurs, comme le professeur Bill Maurer de l’Université de Californie, y voient surtout un coup de communication : « C’est avant tout symbolique. Le but est d’affirmer que le Texas est l’État de l’innovation blockchain. »

Mais réduire l’opération à du marketing serait une erreur. D’abord parce que la loi permet d’augmenter la réserve sans limite fixe. Ensuite parce que le Texas a déjà prouvé qu’il savait passer des paroles aux actes : baisse massive des taxes pour les mineurs, reconnaissance légale des DAO, création d’un groupe de travail blockchain au Sénat…

Et surtout : 10 millions aujourd’hui, pourquoi pas 100 millions demain ? Le texte de loi ne fixe aucun plafond.

« En cinq ans, on est passé de “les gouvernements vont bannir le Bitcoin” à “les gouvernements n’achètent encore que quelques millions”. L’hyperbitcoinisation est en marche. »

Pierre Rochard, Bitcoin Bond Company

Le Texas veut sa propre custody souveraine

Lee Bratcher, président du Texas Blockchain Council, l’a confirmé sur X : les 5 millions restants seront achetés en BTC pur, conservés par l’État lui-même. Pas de tiers de confiance, pas d’ETF. Une vraie souveraineté numérique.

Cette décision n’est pas anodine. Elle répond à une philosophie très texane : minimiser la dépendance aux institutions fédérales ou aux géants de Wall Street. Détenir ses propres clés, c’est affirmer une forme d’indépendance monétaire dans un monde où la Fed imprime sans limite.

Et les autres États dans tout ça ?

Dix-sept États américains ont déjà déposé des projets de loi similaires. Le New Hampshire, l’Arizona, l’Utah ou encore le Montana sont dans les starting-blocks. Mais le Texas a pris six longueurs d’avance.

Effet domino garanti. Quand un État de 31 millions d’habitants et 2 000 milliards de PIB montre la voie, les autres suivent. Et quand plusieurs États se mettent à accumuler du BTC, l’effet sur le prix pourrait être… intéressant.

Ethereum pourrait-il rejoindre la réserve texane ?

Le sénateur Charles Schwertner a laissé entendre qu’Ethereum pourrait être éligible… si sa capitalisation reste durablement au-dessus des 500 milliards de dollars. En novembre 2025, ETH oscille autour de 420-450 milliards. Proche, mais pas encore là.

Si la barre est franchie durablement, le Texas pourrait devenir le premier État à détenir officiellement deux cryptomonnaies majeures. Un précédent qui ferait trembler les portefeuilles traditionnels.

Ce que cela signifie pour le marché Bitcoin

À court terme, l’impact prix des 10 millions texans reste marginal. Mais à moyen terme ? Imaginez dix États américains allouant ne serait-ce que 0,01 % de leur budget à du BTC. On parle rapidement de plusieurs milliards de dollars de demande structurelle.

Ajoutez à cela les annonces de Donald Trump sur une réserve stratégique fédérale, les rumeurs de balance sheet Bitcoin pour les entreprises du S&P 500, et vous obtenez le cocktail parfait pour une nouvelle jambe haussière.

Le narratif n’est plus « si » les institutions vont acheter du Bitcoin, mais « quand » et « combien ».

Conclusion : le Texas vient de déclencher la course des États

En achetant ses premiers bitcoins, le Texas ne fait pas que diversifier ses réserves. Il envoie un message au monde entier : le Bitcoin n’est plus un actif spéculatif, c’est une réserve de valeur légitime pour les collectivités publiques.

Les autres États regarderont. Certains copieront rapidement. D’autres attendront le prochain halving ou la prochaine crise du dollar. Mais une chose est sûre : le 20 novembre 2025 entrera dans l’histoire comme le jour où un État américain a franchi le pas.

Et quand on sait que le Texas aime faire les choses en grand… qui sait jusqu’où ira cette réserve ? 100 millions ? 1 milliard ? L’avenir nous le dira. Mais une chose est certaine : la partie ne fait que commencer.