Dans l’univers tumultueux des cryptomonnaies, un nouveau rebondissement vient de secouer les fondations. Coinbase, gĂ©ant amĂ©ricain des Ă©changes de cryptomonnaies, a jetĂ© un pavĂ© dans la mare en accusant ouvertement la Securities and Exchange Commission (SEC) de freiner l’adoption des actifs numĂ©riques par les institutions bancaires traditionnelles. Une bataille qui pourrait bien façonner l’avenir de la finance dĂ©centralisĂ©e.
La FDIC dans le collimateur
Au cĆur de cette polĂ©mique se trouvent des lettres rĂ©vĂ©lĂ©es par Coinbase au terme d’une Ăąpre bataille juridique. Ces documents, Ă©manant de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l’organisme de garantie des dĂ©pĂŽts bancaires, auraient enjoint plusieurs banques à « mettre en pause toutes leurs activitĂ©s liĂ©es aux cryptomonnaies » dĂšs mars 2022. Une consigne provisoire, en attendant une clarification rĂ©glementaire qui se fait toujours attendre.
Paul Grewal, directeur juridique de Coinbase, n’y est pas allĂ© de main morte. Il dĂ©nonce une « tentative dĂ©libĂ©rĂ©e de freiner l’industrie crypto », faisant Ă©cho aux craintes d’un « Operation Chokepoint 2.0 », en rĂ©fĂ©rence Ă une initiative controversĂ©e de 2013 visant Ă restreindre l’accĂšs bancaire Ă certains secteurs.
Je suis trĂšs fier de l’Ă©quipe qui a poursuivi ces demandes d’accĂšs Ă l’information, malgrĂ© les innombrables refus de la FDIC, les appels et mĂȘme une action en justice au niveau fĂ©dĂ©ral.
Paul Grewal, Directeur juridique de Coinbase
Un climat de défiance
Ces rĂ©vĂ©lations interviennent dans un contexte dĂ©jĂ tendu entre les acteurs de la crypto et les rĂ©gulateurs. Alors que de plus en plus de banques s’intĂ©ressent aux actifs numĂ©riques, ces mesures sont perçues comme un frein Ă l’adoption institutionnelle tant attendue. La FDIC, dont le rĂŽle est d’assurer les dĂ©pĂŽts bancaires, se retrouve au centre d’une controverse qui pourrait avoir des rĂ©percussions durables.
Le cas emblématique de Silvergate Bank :
- Spécialisée dans les services aux entreprises crypto
- Aurait subi un « changement de rÚgles » imposé par les régulateurs
- Limitation des dépÎts en dollars liés aux clients crypto
- Fermeture en mars 2023, fragilisĂ©e par la crise bancaire et l’effondrement de FTX
Une stratégie coordonnée ?
David Sacks, conseiller Ă©conomique pressenti de Donald Trump, a appelĂ© Ă enquĂȘter sur ce qu’il qualifie d’« Operation Choke Point 2.0 », Ă©voquant les dommages causĂ©s par ces mesures prĂ©sumĂ©es. Une prise de position qui renforce l’idĂ©e d’une stratĂ©gie coordonnĂ©e visant Ă ralentir l’essor des cryptomonnaies, au-delĂ de simples ajustements prudentiels.
Les institutions gouvernementales devraient pouvoir accĂ©der aux services bancaires sans ingĂ©rence du gouvernement. L’administration entrante a la possibilitĂ© de revenir sur de nombreuses dĂ©cisions politiques mĂ©diocres en matiĂšre de cryptomonnaies.
David Sacks, Conseiller Ă©conomique pressenti de Donald Trump
L’avenir en question
Face Ă ces tensions croissantes, l’avenir de la rĂ©gulation crypto aux Ătats-Unis semble plus incertain que jamais. Si un cadre est nĂ©cessaire pour un Ă©cosystĂšme sain, il doit aussi permettre l’innovation de s’Ă©panouir. La nomination rĂ©cente de Paul Atkins, connu pour ses positions favorables aux cryptos, Ă la tĂȘte de la SEC, pourrait rebattre les cartes. Mais en attendant, c’est tout un secteur qui retient son souffle, suspendu aux prochains rebondissements de cette saga rĂ©glementaire.
Une chose est sĂ»re : la bataille entre Coinbase et les rĂ©gulateurs amĂ©ricains est loin d’ĂȘtre terminĂ©e. Et son issue pourrait bien dĂ©terminer la place des Ătats-Unis dans la rĂ©volution des actifs numĂ©riques. L’adoption institutionnelle, clĂ© de voĂ»te d’une crypto-Ă©conomie mature, se trouve aujourd’hui au cĆur d’un bras de fer dont les rĂ©percussions se feront sentir bien au-delĂ des frontiĂšres amĂ©ricaines. Ă suivre, donc, sur Le Journal du Coin.