Imaginez : vous achetez des actions Coinbase à 350 $ parce que tout le monde crie au génie. Quelques mois plus tard, le cours s’effondre quand on apprend qu’un piratage massif a eu lieu… mais que les dirigeants le savaient depuis longtemps. Et pendant ce temps, certains ont vendu pour des milliards au plus haut. C’est exactement ce que reprochent aujourd’hui des actionnaires à Marc Andreessen et Brian Armstrong.
Le 2 décembre 2025, une bombe judiciaire vient d’exploser dans le monde crypto. Une class action déposée au Delaware accuse les plus grands noms de Coinbase d’avoir orchestré l’un des plus gros délits d’initié de l’histoire récente des marchés.
Un scandale à 4,2 milliards de dollars qui secoue toute la crypto
Le chiffre donne le vertige : 4,2 milliards de dollars. C’est le montant total que les dirigeants et investisseurs privilégiés de Coinbase auraient empoché en vendant leurs actions alors qu’ils disposaient d’informations cruciales que le grand public ignorait encore.
Parmi les accusés, on retrouve des noms qui font rêver la Silicon Valley : Brian Armstrong, le PDG charismatique, Paul Grewal, le directeur juridique, et surtout Marc Andreessen, cofondateur d’Andreessen Horowitz et membre du conseil d’administration de Coinbase depuis des années.
Les initiés ont profité d’un stratagème frauduleux pendant plusieurs années pour vendre leurs actions à des prix artificiellement gonflés, au détriment des actionnaires ordinaires.
Extrait de la plainte déposée au Delaware
Cette phrase, tirée directement du dossier judiciaire, résume parfaitement la gravité des accusations. Et elles ne datent pas d’hier.
Le piratage de janvier que personne ne devait savoir
Revenons en janvier 2025. Coinbase subit une violation de données majeure. Des hackers accèdent à des informations sensibles de milliers de clients. Problème : l’entreprise ne le révèle publiquement qu’en… mai.
Pendant ces quatre mois cruciaux, que font les dirigeants ? Ils vendent. Massivement. Marc Andreessen, notamment, cède des paquets d’actions à des prix stratosphériques, juste avant que la nouvelle du piratage ne fasse chuter le cours.
Chronologie explosive des ventes suspectes :
- Janvier 2025 → Piratage confirmé en interne chez Coinbase
- Février-Mars 2025 → Ventes massives d’actions par les initiés
- Avril 2025 → Le cours COIN dépasse encore les 300 $
- Mai 2025 → Annonce publique du piratage → chute brutale
- 2 décembre 2025 → Dépôt de la nouvelle plainte
KYC et AML : les failles que tout le monde connaissait… sauf les actionnaires
Mais le piratage n’est que la partie visible de l’iceberg. La plainte révèle que Coinbase présentait depuis des années de graves manquements à ses obligations KYC (Know Your Customer) et AML (Anti-Money Laundering).
Des contrôles insuffisants, des procédures lacunaires, des alertes ignorées… Tout cela alors que l’entreprise se présentait comme le porte-étendard de la conformité dans la crypto aux États-Unis.
Les dirigeants savaient. Les membres du conseil, dont Marc Andreessen, savaient aussi. Mais tant que le cours montait, personne ne disait rien.
Le listing direct : une porte ouverte aux abus ?
L’un des points les plus explosifs de la plainte concerne la fameuse cotation directe de Coinbase en avril 2021. Contrairement à une introduction en bourse classique, ce mécanisme n’imposait aucune période de lock-up.
Résultat ? Dès le premier jour, les insiders pouvaient vendre à volonté. Et ils ne s’en sont pas privés.
Déjà en 2023, une première plainte visait ce point précis : les dirigeants auraient évité près d’un milliard de pertes en vendant juste après le listing, avant la grande correction de 2022.
Aujourd’hui, les actionnaires estiment que ce n’était que le début d’une stratégie bien rodée.
Marc Andreessen dans le viseur : le roi du VC devenu paria ?
Difficile d’imaginer figure plus emblématique de la tech que Marc Andreessen. Le cofondateur d’a16z a investi dans Facebook, Twitter, Airbnb… et bien sûr Coinbase dès 2013.
Son fonds Andreessen Horowitz détient encore des centaines de millions d’actions COIN. Mais sa position au conseil d’administration le place aujourd’hui en première ligne.
Comment un homme qui prône la transparence et l’innovation peut-il se retrouver accusé d’avoir profité d’informations privilégiées à une échelle aussi massive ?
La question brûle toutes les lèvres dans la Silicon Valley. Car si les accusations sont prouvées, c’est toute la réputation d’Andreessen qui pourrait s’effondrer.
Coinbase veut fuir le Delaware pour le Texas
Le timing est presque comique. Alors que la plainte est déposée, Coinbase annonce vouloir déménager son siège social du Delaware vers le Texas.
Un État réputé plus favorable aux entreprises, avec des tribunaux moins regardants sur les questions de gouvernance. Les actionnaires y voient une tentative désespérée d’échapper à la justice.
Ils demandent donc au tribunal du Delaware de conserver la juridiction sur l’affaire. La bataille s’annonce féroce.
Que demandent exactement les actionnaires ?
Les principales requêtes de la plainte :
- Restitution intégrale des 4,2 milliards de profits jugés illicites
- Réformes profondes de la gouvernance de Coinbase
- Création d’un comité spécial véritablement indépendant
- Nomination de nouveaux administrateurs sans lien avec a16z
- Renforcement drastique des contrôles internes
La défense de Coinbase : “C’est juste notre salaire”
De son côté, Coinbase crie à l’injustice. Les ventes d’actions ? “Une monétisation normale d’investissements à long terme”. Beaucoup d’employés sont payés en actions, argumente l’entreprise.
Quant aux problèmes de conformité, Coinbase assure avoir renforcé ses programmes récemment et maintenir un dialogue constant avec les régulateurs.
Mais pour les actionnaires, ces justifications ne tiennent pas. Quand on sait qu’un piratage a compromis des données clients pendant des mois sans que le marché en soit informé, les mots ont peu de poids.
Un précédent dangereux pour toute l’industrie crypto
Ce qui rend cette affaire particulièrement importante, c’est qu’elle pourrait faire jurisprudence. Si les actionnaires obtiennent gain de cause, toutes les entreprises crypto cotées (ou qui prévoient de l’être) devront repenser leur gouvernance de fond en comble.
Fini le far west. Les investisseurs institutionnels, qui entrent massivement dans la crypto, exigent désormais les mêmes standards que dans la finance traditionnelle.
Paradoxalement, ce scandale pourrait donc être une excellente nouvelle à long terme pour la maturité du secteur.
Que va-t-il se passer maintenant ?
La procédure risque de durer des années. Mais déjà, les conséquences se font sentir :
- Le cours Coinbase a perdu plus de 8% dans les heures suivant la révélation
- Les fonds qui détiennent du COIN revoient leurs positions
- Les concurrents comme Kraken ou Gemini se frottent les mains
- La SEC observe l’affaire de très près
Et vous, pensez-vous que Marc Andreessen et Brian Armstrong vont devoir rendre des comptes ? Ou est-ce juste une attaque d’actionnaires opportunistes ?
Une chose est sûre : dans la crypto, plus personne ne peut se cacher derrière “l’innovation disruptive” pour justifier n’importe quoi. L’ère de la responsabilité est bel et bien arrivée.
