IcomTech : 71 Mois de Prison pour Escroquerie Crypto

Imaginez-vous investir toutes vos économies dans une plateforme qui promet des rendements quotidiens garantis grâce au trading et au minage de cryptomonnaies. Vous assistez à des événements somptueux, voyez des promoteurs arriver en voitures de luxe, et votre tableau de bord affiche des profits qui s’accumulent jour après jour. Puis, un beau matin, vous voulez retirer votre argent… et plus rien. C’est l’histoire tragique de milliers de victimes d’IcomTech, une escroquerie Ponzi qui vient de connaître un nouveau chapitre judiciaire majeur.

Une condamnation lourde pour un promoteur clé d’IcomTech

Le 19 décembre 2025, la justice américaine a frappé fort dans l’affaire IcomTech. Magdaleno Mendoza, un résident mexicain qui occupait le rôle de promoteur senior au sein de cette plateforme frauduleuse, a été condamné à 71 mois d’emprisonnement fédéral. Cette sentence, prononcée par le tribunal du district sud de New York, s’accompagne d’obligations financières conséquentes.

Mendoza devra rembourser plus de 789 000 dollars aux victimes et forfeiter 1,5 million de dollars, incluant sa résidence en Californie acquise grâce aux fonds détournés. Une punition qui reflète la gravité des actes commis et l’ampleur des dommages causés à des investisseurs souvent modestes et peu expérimentés.

En tant que promoteur senior d’IcomTech, Mendoza a contribué à exploiter des victimes hispanophones dépourvues d’expérience en investissement, y compris nos concitoyens new-yorkais.

U.S. Attorney Jay Clayton

Comment fonctionnait réellement cette escroquerie Ponzi ?

IcomTech se présentait comme une entreprise sérieuse de minage et de trading de cryptomonnaies, active entre mi-2018 et fin 2019. La promesse était alléchante : des retours quotidiens garantis, visibles sur un portail en ligne dédié. Les investisseurs pensaient suivre en temps réel la croissance de leur capital.

Mais la réalité était bien différente. Aucune activité réelle de trading ou de minage n’avait lieu. Il s’agissait d’un schéma pyramidal classique : les fonds des nouveaux arrivants servaient à payer les prétendus profits des anciens, créant l’illusion d’une entreprise florissante.

Les promoteurs, dont Mendoza, organisaient des événements promotionnels fastueux à travers les États-Unis. Ils arrivaient en voitures de luxe, vêtus de vêtements hors de prix, et vantaient leurs gains personnels pour convaincre les prospects.

Mendoza allait encore plus loin. Il organisait personnellement des soirées promotionnelles dans son restaurant de la région de Los Angeles, où il collectait directement des milliers de dollars en espèces auprès des victimes.

L’effondrement progressif et les tentatives de sauvetage désespérées

Dès août 2018, les premiers signes de problème sont apparus. Les investisseurs qui tentaient de retirer leurs fonds se heurtaient à des obstacles croissants : excuses, délais interminables, frais cachés. Beaucoup n’ont jamais récupéré leur argent.

Pour calmer les mécontents, IcomTech a lancé son propre token, les “Icoms”, présenté comme une solution miracle. En réalité, ces jetons n’avaient aucune valeur et n’ont fait qu’aggraver les pertes des victimes.

Pendant ce temps, les promoteurs continuaient à dépenser l’argent des investisseurs en biens personnels : immobilier, véhicules de luxe, voyages extravagants. Une vie de rêve financée par la confiance brisée de milliers de personnes.

Un profil particulièrement aggravant pour Mendoza

Ce qui rend la condamnation de Mendoza particulièrement sévère, c’est son passé et son absence de remords. Déporté quatre fois des États-Unis, y compris une fois sous une fausse identité, il résidait illégalement dans le pays.

Pire encore : après l’effondrement d’IcomTech, les autorités affirment qu’il a continué à promouvoir au moins trois autres schémas Ponzi dans le domaine des cryptomonnaies. Un récidiviste qui n’a manifestement tiré aucune leçon.

• Quatre déportations précédentes des États-Unis
• Résidence illégale pendant la période IcomTech
• Promotion d’au moins trois nouvelles escroqueries crypto après 2019
• Utilisation directe des fonds pour acheter une maison en Californie

Les autres condamnations dans l’affaire IcomTech

Mendoza n’est pas le seul à payer pour ses crimes. L’affaire a déjà entraîné plusieurs condamnations notables.

En mars 2024, Gustavo Rodriguez, qui avait développé le faux portail d’investissement, et David Brend, organisateur d’événements frauduleux, ont été condamnés à des peines de prison. Fin 2024, cinq autres promoteurs ont écopé de sanctions civiles totalisant plus de 5 millions de dollars en restitution et amendes.

Ces procédures montrent que la justice américaine prend très au sérieux les escroqueries dans le secteur crypto, surtout lorsqu’elles ciblent des communautés vulnérables.

Pourquoi les communautés hispanophones étaient-elles particulièrement ciblées ?

L’un des aspects les plus choquants de cette affaire est le ciblage délibéré d’investisseurs hispanophones, souvent issus de classes populaires et peu familiers avec les investissements complexes.

Les promoteurs exploitaient la confiance communautaire, organisaient des événements en espagnol, et utilisaient des témoignages culturels pour créer un sentiment d’appartenance. Une stratégie cynique qui a permis de récolter des millions auprès de personnes qui investissaient parfois leurs dernières économies.

Ils se vantaient de l’argent qu’ils gagnaient et arrivaient aux événements dans des voitures coûteuses et des vêtements de luxe pour projeter une image de succès.

Bureau du Procureur fédéral

Cette dimension communautaire rend l’escroquerie encore plus odieuse : non seulement les victimes perdaient leur argent, mais elles perdaient aussi confiance en leur propre réseau social.

Les leçons à tirer de l’affaire IcomTech

Cette condamnation arrive à un moment où le marché crypto connaît une nouvelle phase d’euphorie, avec des prix en forte hausse. Bitcoin frôle les 88 000 dollars, Ethereum les 3 000 dollars… L’appétit pour l’investissement crypto est à son comble.

Pourtant, les escroqueries n’ont jamais disparu. Les schémas Ponzi se réinventent constamment, utilisant les dernières tendances : DeFi, memecoins, IA, ou promesses de rendements passifs irréalistes.

L’affaire IcomTech nous rappelle cruellement que la cupidité et la confiance mal placée peuvent coûter très cher. Même dans un secteur en pleine maturation, la vigilance reste de mise.

Vers une meilleure protection des investisseurs crypto ?

Les condamnations successives dans l’affaire IcomTech envoient un message clair : les autorités américaines ne tolèrent plus les abus dans le secteur crypto. La nomination récente de Michael Selig à la tête de la CFTC, connu pour ses positions pro-crypto mais exigeantes en matière de régulation, pourrait renforcer cette tendance.

Cependant, beaucoup reste à faire. Les escroqueries transfrontalières, l’anonymat relatif des cryptomonnaies, et la sophistication croissante des fraudeurs compliquent la tâche des régulateurs.

Pour les investisseurs, la meilleure protection reste l’éducation et la prudence. Vérifier les licences, exiger de la transparence, diversifier ses placements : des réflexes essentiels dans ce Far West financier qu’est encore parfois le monde crypto.

L’histoire d’IcomTech et de Magdaleno Mendoza n’est malheureusement qu’un épisode parmi d’autres dans la longue saga des escroqueries crypto. Mais chaque condamnation contribue à assainir le secteur et à protéger les investisseurs légitimes.

Dans un marché où les prix flambent et où l’euphorie règne, ces rappels à la réalité sont plus nécessaires que jamais. La liberté financière promise par les cryptomonnaies est réelle pour certains, mais elle ne viendra jamais d’un schéma trop beau pour être vrai.

Restez vigilants, informez-vous, et n’investissez jamais ce que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre. L’histoire d’IcomTech nous enseigne que derrière les promesses de richesse rapide se cache souvent le chemin le plus direct vers la ruine financière.