Ethereum Double sa Capacité Avant Fusaka

Imaginez un réseau capable de traiter deux fois plus de transactions qu’il y a un an, sans changer une seule ligne de code de consensus. C’est exactement ce qui vient de se produire sur Ethereum : le gas limit par bloc est passé de 45 à 60 millions. Un simple paramètre, mais une révolution silencieuse qui prépare le terrain à la mise à jour Fusaka prévue dans quelques jours seulement.

Ethereum accélère brutalement sa scalabilité juste avant Fusaka

Ce n’est pas un hard fork spectaculaire avec des feux d’artifice. C’est une décision collective, presque discrète, prise par plus de 513 000 validateurs qui ont simplement décidé d’augmenter la limite de calcul autorisée par bloc. Résultat : 33 % de capacité supplémentaire d’un claquement de doigts… ou plutôt d’un signal de consensus.

D’où vient ce saut soudain à 60 millions de gas ?

Retour en mars 2024. Une poignée de développeurs et de chercheurs lance la campagne Pump The Gas. L’idée est simple : pourquoi se limiter à 30 millions (le plafond historique post-Dencun) alors que les clients modernes peuvent encaisser beaucoup plus ?

Pendant des mois, des tests sont menés sur les testnets. Les équipes Geth, Nethermind, Erigon et Besu optimisent leurs clients pour gérer des blocs plus gros sans exploser la bande passante ou le stockage. Les résultats sont probants : même à 60 millions, le temps de propagation reste sous la seconde.

« Un doublement de capacité en un an seulement – et ce n’est que le début. »

Toni Wahrstätter, chercheur Ethereum Foundation – 26 novembre 2025

Pourquoi maintenant, à cinq jours de Fusaka ?

La synchronisation n’est pas un hasard. La mise à jour Fusaka (activée le 3 décembre 2025) apporte surtout PeerDAS, un nouveau système de disponibilité des données qui permet aux rollups de publier bien plus de blobs sans saturer la couche 1.

En augmentant le gas limit maintenant, Ethereum offre immédiatement plus de place pour les transactions classiques (swaps, transferts, NFT mints…) tout en réservant la capacité blob pour les L2. C’est une stratégie en deux temps : soulager la L1 à court terme, booster les rollups à moyen terme.

Les rollups déjà à plus de 31 000 TPS : la vraie révolution est ailleurs

Pendant qu’on parle du gas limit L1, les couches 2 tournent à plein régime. Le 26 novembre 2025, l’écosystème Ethereum (rollups compris) a franchi les 31 000 transactions par seconde en moyenne sur 24 heures. Le leader Lighter Chain culmine à plus de 5 400 TPS à lui seul, devant Base, Arbitrum et Optimism.

Ces chiffres écrasent la concurrence directe et montrent que la stratégie rollup-centric roadmap porte ses fruits. La couche de base devient une sorte de coffre-fort ultra-sécurisé tandis que les L2 font le gros du travail.

PeerDAS : le vrai game-changer de Fusaka

PeerDAS (Peer-to-Peer Data Availability Sampling) change la donne. Actuellement, chaque nœud doit télécharger l’intégralité des blobs publiés par les rollups. Avec PeerDAS, les nœuds ne récupèrent que des petits échantillons et reconstruisent le reste grâce à des codes d’effacement. Résultat : on peut multiplier par 5 à 10 la quantité de données publiées sans augmenter la charge réseau.

Combiné à EIP-7623 qui augmente le coût calldata tout en réduisant le coût des blobs, cela rend les rollups encore moins chers et plus rapides. Certains analystes estiment que le coût moyen d’une transaction L2 pourrait tomber sous les 0,001 $ d’ici mi-2026.

Les risques : centralisation ou simple peur irrationnelle ?

Évidemment, tout n’est pas rose. Chaque augmentation de capacité relance le débat sur la décentralisation. Un bloc plus gros signifie plus de bande passante, plus de CPU, plus de stockage. Les petits stakers risquent de jeter l’éponge si les exigences matérielles explosent.

Mais les chiffres actuels rassurent. Même à 60 millions de gas, un nœud Ethereum bien configuré tourne sans problème sur une machine à 100 €/mois en cloud. Les optimisations clients (notamment Erigon et Reth) ont réduit la consommation de 40 % en un an.

« Nous avons testé jusqu’à 120 millions de gas en testnet sans casse majeure. La limite réelle n’est plus technique, elle est politique. »

Zhixiong Pan, chercheur indépendant

Vitalik Buterin veut un scaling « ciblé » dès 2026

Le cofondateur d’Ethereum l’a répété lors du dernier Devconnect : fini les augmentations brutales et uniformes. À partir de 2026, il souhaite des blocs « hétérogènes » où chaque type de transaction (transfert simple, swap complexe, blob) a son propre tarif et sa propre limite.

L’idée : laisser la L1 gérer la sécurité et le règlement final, tandis que les L2 absorbent 99 % de l’activité. On parle déjà de The Surge revisité avec des méga-blobs de 16 Mo ou plus, rendus possibles par les Verkle Trees et le Stateless Client.

Ce que ça change pour vous, utilisateur final

À court terme ? Probablement pas grand-chose. Les frais restent déterminés par l’offre et la demande. Mais lors des prochains bull runs ou des lancements de memecoins fous, vous devriez voir moins souvent les 200 gwei et plus souvent les 5-10 gwei même en heure de pointe.

À moyen terme ? Des applications impossibles aujourd’hui deviendront viables : jeux entièrement on-chain, réseaux sociaux décentralisés à grande échelle, prédiction markets en temps réel avec des milliers d’utilisateurs simultanés.

En résumé, Ethereum ne fait pas que survivre à la concurrence des blockchains ultra-rapides. Il prépare tranquillement une infrastructure capable d’absorber des centaines de milliers de transactions par seconde tout en conservant ce qui fait sa force : une sécurité sans compromis et une décentralisation robuste. Le passage à 60 millions de gas n’est qu’une étape. La vraie explosion arrive avec Fusaka et tout ce qui suivra.

Le réseau qui était moqué pour ses frais exorbitants il y a encore deux ans est en train de devenir le backbone incontesté du Web3. Et cette fois, personne ne semble l’avoir vraiment vu venir.