Le mois de juin 2024 aura été riche en rebondissements dans le monde des cryptomonnaies. Aux États-Unis, l’ancien et potentiel futur président Donald Trump a multiplié les gestes de soutien à l’industrie, levant des fonds en bitcoins et déclarant vouloir être “le président de la crypto”. Une stratégie qui tranche avec celle des démocrates et semble porter ses fruits, l’écosystème crypto américain lui apportant un soutien massif en retour. Pendant ce temps en Europe, la mise en place du règlement MiCA visant à encadrer les cryptoactifs sème le trouble chez les émetteurs de stablecoins, obligés de s’adapter dans l’urgence.
Trump drague les électeurs crypto
Depuis plusieurs semaines, Donald Trump multiplie les appels du pied à la communauté crypto. Le candidat républicain, pas encore officiellement désigné par son camp, a ainsi commencé à accepter les dons en bitcoins via le Lightning Network pour financer sa campagne. Mais c’est surtout lors d’une récente collecte de fonds qu’il a marqué les esprits en se présentant comme “le président de la crypto”, promettant un soutien sans faille à l’industrie en cas d’élection.
Une déclaration dans la droite ligne de ses récentes actions pro-crypto, lui qui avait déjà rencontré peu avant les principaux acteurs du minage de bitcoins outre-Atlantique, promettant de défendre leurs intérêts. Des signaux forts envoyés à un secteur qui ne s’y est pas trompé, plusieurs comités d’action politique (PAC) comme Stand for Crypto ou Fairshake apportant déjà leur soutien financier et logistique à la campagne Trump.
Des soutiens individuels sont également très remarqués, à l’image de ceux des frères Winklevoss, fondateurs de la plateforme d’échange Gemini, ou encore de Jesse Powell, le patron de Kraken. Une vague pro-Trump issue de la communauté crypto qui met en grande difficulté le camp démocrate. Ce dernier peine en effet à exister sur ces sujets, devant constamment se justifier du bilan jugé anti-crypto de Gary Gensler, le très critiqué patron de la SEC nommé par Joe Biden.
Trump surfe sur les critiques anti-Gensler
Depuis son arrivée à la tête du gendarme boursier américain en 2021, Gary Gensler a multiplié les actions et déclarations hostiles à l’industrie des cryptomonnaies. Procès contre les principales plateformes d’échanges comme Binance ou Coinbase, requalification de nombreux tokens en valeurs mobilières, demandes de pouvoirs étendus pour mieux réguler le secteur… Autant d’initiatives qui ont créé un véritable divorce entre la SEC et le monde crypto.
Un ressentiment dont joue habilement Donald Trump, promettant à l’inverse une régulation souple et favorable au développement du secteur. Une stratégie payante, la quasi-totalité des acteurs et investisseurs crypto soutenant désormais sa candidature. Le dernier débat télévisé entre lui et le président sortant Joe Biden, largement dominé par les échanges sur la politique crypto des États-Unis, aura achevé de convaincre les indécis.
Les positions de Donald Trump sur les cryptomonnaies :
- Ouvrir son compte de campagne aux dons en bitcoins
- Assouplir la régulation et encourager l’innovation
- Soutenir les mineurs et les plateformes d’échange US
- Évincer Gary Gensler de la présidence de la SEC
MiCA sème le trouble chez les stablecoins
Mais si les États-Unis semblent s’orienter vers une approche crypto-friendly, la situation est plus confuse de l’autre côté de l’Atlantique. L’entrée en vigueur du règlement européen MiCA (Markets in Crypto-Assets), visant à harmoniser la régulation des actifs numériques dans l’UE, crée en effet de nombreuses incertitudes, notamment sur le sort des stablecoins.
Les réserves des stablecoins en question
Rapidement pointé du doigt par les régulateurs européens, le flou qui entoure parfois la constitution des réserves des stablecoins adossés au dollar ou à l’euro (les fameux USDT et USDC) est directement visé par MiCA. Le texte impose notamment que ces réserves soient toujours suffisantes pour couvrir la valeur de la totalité des jetons émis, et qu’elles soient investies à 80% minimum dans des actifs sûrs et liquides.
Des exigences qui sèment le trouble chez certaines entreprises du secteur, à l’image de Tether. L’émetteur du plus populaire des stablecoins, l’USDT, a rapidement fait part de ses inquiétudes et critiques sur les effets de bord de MiCA, craignant des mouvements de panique des utilisateurs. Son grand rival Circle, à l’origine de l’USDC, a de son côté pris les devants en s’engageant très tôt dans la mise en conformité de ses produits.
Au-delà des stablecoins, d’autres dispositions de MiCA font débat chez les acteurs européens, comme les limitations en termes de transactions quotidiennes sans vérification d’identité. Critiques mais contraints de s’adapter sous peine de devoir cesser leurs activités, les exchanges et émetteurs de jetons redoublent d’efforts et de créativité pour continuer à opérer sur le Vieux Continent.
La parade asiatique
Une situation qui profite à des juridictions moins regardantes à l’international, notamment en Asie du Sud-Est. On a ainsi vu ces dernières semaines plusieurs exchanges et protocoles DeFi annoncer leur intention d’y déplacer leur siège social.
C’est le cas de Crypto.com qui vient d’obtenir l’agrément des autorités financières de Singapour, ou de Uniswap qui a annoncé étudier un déménagement à Hong Kong. Deux destinations perçues comme plus crypto-friendly que l’Europe post-MiCA, et qui entendent bien profiter de cette manne providentielle d’entreprises high-tech en quête de cieux plus cléments…