Imaginez un monde où votre Bitcoin ou votre bon du Trésor tokenisé sert exactement au même titre qu’un paquet d’actions pour garantir un contrat future de plusieurs millions de dollars. Ce monde n’est plus une utopie de geeks : il vient de recevoir le tampon officiel de la CFTC, le régulateur américain des produits dérivés. Le 8 décembre 2025, l’agence a annoncé un programme pilote qui change la donne.
La CFTC ouvre enfin la porte aux actifs tokenisés comme collatéral
Ce n’est pas une simple note de bas de page réglementaire. C’est potentiellement l’un des tournants les plus importants de l’histoire de la finance décentralisée aux États-Unis. Pour la première fois, des futures commission merchants enregistrés pourront accepter du Bitcoin, de l’Ethereum, de l’USDC et surtout des real-world assets tokenisés (bons du Trésor, fonds monétaires, obligations…) comme marge de garantie, sous supervision directe de la CFTC.
Caroline Pham, présidente par intérim, n’y va pas par quatre chemins : ce programme pilote est conçu pour « ramener l’activité crypto onshore » après des années de domination des plateformes offshore souvent opaques. Traduction : Washington veut reprendre la main, mais sans étouffer l’innovation.
« Nous construisons un cadre contrôlé qui permet l’innovation tout en conservant les protections qui ont fait la force de nos marchés depuis des décennies. »
Caroline Pham, présidente par intérim de la CFTC
Qu’est-ce qui change concrètement dès aujourd’hui ?
Le programme repose sur plusieurs piliers solides :
- Acceptation officielle de BTC, ETH, USDC et RWA tokenisés comme collatéral
- Obligation de reporting hebdomadaire ultra-détaillé sur les avoirs clients
- Mise à jour des guidelines : les règles sont désormais « technology-neutral »
- Retrait de l’ancienne advisory 20-34 qui freinait les acteurs depuis 2020
- Supervision directe et en temps réel par la CFTC
En clair : fini les zones grises. Un bon du Trésor tokenisé sur une blockchain (par BlackRock BUIDL, Ondo Finance ou Franklin Templeton) peut désormais être considéré exactement comme son équivalent papier… mais avec les avantages de la blockchain : transfert instantané, transparence totale, règlement 24/7.
Pourquoi ce timing n’a rien d’un hasard
Le calendrier est presque trop parfait. L’annonce tombe trois jours avant une audition très attendue au Sénat où les grands banquiers américains (JPMorgan, Goldman Sachs, Citi…) doivent discuter crypto avec les parlementaires. La tokenisation des collatéraux sera évidemment au cœur des débats.
Ajoutez à cela la clôture, quelques jours plus tôt, de l’enquête de la SEC sur Ondo Finance – l’un des leaders de la tokenisation de Treasuries – et vous obtenez le tableau d’un régulateur américain qui passe clairement à la vitesse supérieure.
Les signaux qui ne trompent pas :
- Retrait de l’advisory 20-34 (obsolète grâce au GENIUS Act)
- Clôture de l’enquête SEC sur Ondo Finance
- Audition Sénat sur la législation crypto le 11 décembre
- Lancement du pilote CFTC le 8 décembre
Ce que les leaders du secteur en disent
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Et elles sont unanimement positives.
« Les actifs tokenisés permettent un règlement plus rapide et plus sûr. C’est une étape majeure. »
Paul Grewal, Chief Legal Officer de Coinbase
« Les États-Unis rattrapent enfin leur retard réglementaire. Nos concurrents asiatiques et européens avaient des années d’avance. »
Kris Marszalek, CEO de Crypto.com
Chez Ripple, on insiste sur l’efficacité capitalistique : un même actif pourra désormais être utilisé simultanément comme collatéral sur plusieurs marchés, grâce à la programmabilité des tokens.
Les vrais gagnants de cette révolution
Derrière les discours, certains acteurs vont bénéficier directement et massivement de ce pilote.
- Les émetteurs de RWA tokenisés : BlackRock (BUIDL), Ondo Finance, Franklin Templeton, Securitize… leurs produits deviennent soudain éligibles aux marchés dérivés les plus liquides du monde.
- Les plateformes de stablecoins institutionnels : Circle (USDC), Paxos, Gemini voient leur cas d’usage exploser.
- Les grands brokers dérivés : CME, Interactive Brokers, TD Ameritrade pourront proposer du collatéral crypto à leurs clients institutionnels.
- Les hedge funds crypto : plus besoin de passer par des entités offshore pour trader avec effet de levier.
Et demain ? Vers une finance entièrement tokenisée
Ce pilote n’est que la phase 1. La CFTC l’a conçu comme un laboratoire grandeur nature pour tester la résilience opérationnelle, la gestion des collatéraux et l’impact sur les marchés.
Mais tout le monde a déjà compris que l’objectif final est bien plus ambitieux : créer une infrastructure où les collatéraux tokenisés et le règlement 24/7 coexistent avec les marchés traditionnels. Imaginez pouvoir utiliser votre wallet DeFi comme compte marge chez un broker régulé. C’est exactement la direction prise.
Et quand on sait que le marché des dérivés américains représente plus de 1 000 milliards de dollars de notionnel… l’impact potentiel donne le vertige.
Ce qu’il faut retenir
Le 8 décembre 2025 entrera probablement dans les livres d’histoire de la finance comme le jour où les États-Unis ont officiellement intégré la blockchain dans leur infrastructure de marché la plus critique.
En une phrase : La tokenisation n’est plus une expérience de niche. Elle devient, sous les yeux du régulateur le plus puissant du monde, le nouveau standard des collatéraux financiers.
Et vous, pensez-vous que ce pilote restera limité… ou qu’il va déclencher une vague massive d’adoption institutionnelle ? Les prochains mois vont être passionnants à suivre.
