Imaginez que vous soyez sur le point de vendre tous vos bitcoins parce que « le cycle de quatre ans est terminé ». Vous avez vu le prix stagner, vous avez entendu les influenceurs répéter que la fête était finie, et vous êtes prêt à appuyer sur le bouton « sell ». Et si je vous disais que vous êtes précisément en train de devenir la « dumb money » dont rêvent les institutions ?
C’est exactement le message choc que délivre Ran Neuner, le célèbre animateur de Crypto Banter, dans une vidéo qui fait déjà trembler la communauté crypto. Selon lui, le fameux cycle de quatre ans lié au halving n’est qu’une illusion confortable… et dangereuse. Le vrai maître du jeu ? La liquidité mondiale. Et pour l’instant, elle n’a même pas encore dit son dernier mot.
Le mythe du cycle de 4 ans : trois petits points qui ont fait une légende
Pendant des années, la communauté crypto a vécu au rythme d’une horloge sacré : tous les quatre ans, un halving, une explosion du prix, puis un bear market de 80 %. Trois cycles, trois fois la même chanson. Ça semblait trop beau pour être une coïncidence.
Sauf que trois points, statistiquement, ça ne fait pas une tendance. C’est ce que rappelle brutalement Ran Neuner. Trois cycles, c’est trop peu pour établir une loi immuable. C’est comme prédire le temps qu’il fera dans dix ans parce qu’il a plu trois samedis de suite.
« Le halving a joué un rôle, bien sûr… mais un rôle mineur. Le vrai moteur, c’est quelque chose de beaucoup, beaucoup plus gros. »
Ran Neuner
Quand la liquidité mondiale a pris le volant
Revenons en arrière. Premier halving : novembre 2012. Bitcoin passe de 10 $ à 1 250 $ en un an. Magie du halving ? Pas vraiment. À cette époque, la Fed injecte 85 milliards de dollars par mois via son programme QE. Plus d’un trillion ajouté au bilan en quelques mois. Coïncidence ?
Deuxième halving : juillet 2016. Le bull-run de 2017 explose. Mais pendant ce temps ? La BCE lance un programme d’achat massif d’obligations, la Banque du Japon achète des ETF comme jamais, et la Chine déclenche le plus gros credit impulse de son histoire. Le halving ? Il était là… mais il n’était pas seul à table.
Troisième halving : mai 2020. La pandémie frappe, les banques centrales ouvrent les vannes comme jamais. Plus de 5 000 milliards de dollars injectés par la Fed seule. Bitcoin passe de 4 000 $ à 69 000 $. Le halving ? Un détail dans le rétroviseur.
À chaque fois, le même schéma :
- Explosion de la liquidité mondiale → Bitcoin s’envole
- Retrait progressif de liquidité → Bitcoin corrige violemment
- Le halving ? Il tombe juste au bon (ou mauvais) moment… par pur hasard
2024-2025 : le grand découplage
Cette fois-ci, l’horloge du halving et celle de la liquidité ne sont plus synchronisées. Depuis deux ans, la Fed est en mode quantitative tightening : elle retire des centaines de milliards chaque mois. Le PMI mondial (indice des directeurs d’achat) stagne sous les 50. Résultat ? Bitcoin peine à dépasser son ancien ATH malgré le halving d’avril 2024.
Pour la première fois, le « cycle de quatre ans » ne fonctionne pas comme prévu. Et c’est précisément ce qui prouve que ce n’était jamais le vrai moteur.
Le PMI : l’indicateur que personne ne regarde (mais que tout le monde devrait)
Ran Neuner ne se contente pas de parler liquidité dans le vide. Il s’appuie sur un indicateur concret : le Global Manufacturing PMI.
- PMI sous 50 → économie en contraction → liquidité se resserre → Bitcoin souffre
- PMI qui repasse au-dessus de 50 → reprise → liquidité revient → Bitcoin trouve un plancher
- PMI > 55 → boom économique → QE ou assouplissement → début des vrais bull-runs
- PMI proche de 60 → euphorie → c’est là qu’arrivent les « alt seasons » explosives
En ce moment ? Le PMI mondial est toujours sous la barre des 50 et montre seulement des signes timides de reprise. Traduction : la pompe à liquidité n’a pas encore été rallumée.
Pourquoi vendre maintenant serait la pire décision possible
La Fed a déjà commencé à pivoter. Les baisses de taux sont annoncées. Le quantitative tightening touche à sa fin. Quand le PMI remontera durablement au-dessus de 50, puis 55, la machine à liquidité repartira de plus belle.
Et qui sera prêt ? Pas le retail qui vend aujourd’hui en panique en pensant que « le cycle est fini ». Ce sera BlackRock, Fidelity, MicroStrategy et tous ceux qui regardent les vrais indicateurs macro.
« Vous croyez vraiment que Larry Fink a un rainbow chart scotché au mur ? Non. Lui, il regarde le bilan de la Fed et le PMI. »
Ran Neuner
Ils achèteront vos bitcoins à prix cassés. Et quand la liquidité reviendra en force, ils empocheront des multiples pendant que vous regarderez depuis la touche.
Ce que cela change pour votre stratégie d’investissement
Oubliez le calendrier maya du halving. Voici les vrais indicateurs à surveiller dorénavant :
- Le bilan de la Fed (disponible chaque jeudi)
- Le Global PMI (publié le premier jour ouvré de chaque mois)
- Les annonces de politique monétaire des grandes banques centrales
- Le credit impulse chinois (souvent sous-estimé)
Dès que vous verrez le PMI casser durablement les 50 à la hausse et la Fed arrêter de réduire son bilan, vous saurez que le vrai cycle haussier commence. Et il durera tant que la liquidité restera abondante – peu importe où nous en sommes dans le « cycle de quatre ans ».
Conclusion : ce cycle n’est pas terminé… il n’a même pas commencé
Le halving nous a donné une belle histoire à raconter pendant dix ans. Mais les histoires, ça ne fait pas le prix. Ce qui fait le prix, c’est l’argent frais qui entre dans le système financier mondial.
Aujourd’hui, cet argent frais est encore aux abonnés absents. Demain, quand il reviendra – et il reviendra –, ceux qui auront vendu par peur du « cycle de quatre ans » regretteront amèrement d’avoir cru à un mythe.
Comme le dit Ran Neuner : « Ce cycle n’est pas terminé. En réalité, il n’a même pas encore vraiment commencé. »
Alors la prochaine fois que quelqu’un vous dira qu’il faut vendre parce que « c’est ce qui s’est passé les fois précédentes », rappelez-lui gentiment que les coïncidences ne font pas des causalités. Et que le vrai chef d’orchestre s’appelle liquidité.
Le ride ne fait que commencer.
