Imaginez un monde où un simple transfert de cryptomonnaie peut acheminer de l’aide aux enfants les plus isolés, en quelques secondes, sans intermédiaires. C’est exactement ce que l’UNICEF a entrepris en 2019 avec une initiative qui a surpris le monde de l’humanitaire : le lancement du CryptoFund. Cette démarche audacieuse, née d’une collaboration avec la Fondation Ethereum, a marqué un tournant dans la manière dont les organisations internationales envisagent la technologie blockchain. Mais comment une institution aussi traditionnelle que l’UNICEF a-t-elle embrassé une innovation aussi disruptive ? Plongeons dans cette histoire fascinante.
Les Origines d’une Idée Révolutionnaire
En 2018, alors que le monde des cryptomonnaies était encore perçu comme un Far West numérique, Christopher Fabian, responsable de l’unité d’innovation de l’UNICEF, a vu au-delà des spéculations financières. Ayant un passé dans les startups technologiques, Fabian a toujours cru que la technologie pouvait résoudre des problèmes concrets. Lors d’une conférence à Osaka, il croise Aya Miyaguchi, présidente de la Fondation Ethereum. Leur rencontre n’est pas un hasard : elle est le point de départ d’une collaboration qui allait redéfinir les dons humanitaires.
La cryptomonnaie, c’est comme une moto : un véhicule rapide pour transporter des fonds là où ils sont nécessaires, sans attendre.
Christopher Fabian, Fondateur de Giga
Fabian a dû convaincre une organisation aussi imposante que l’UNICEF, souvent comparée à un arbre massif, difficile à faire bouger. La blockchain, avec sa transparence et sa décentralisation, représentait un défi conceptuel pour une institution habituée aux processus centralisés. Pourtant, il a su utiliser des métaphores simples pour démystifier la technologie. En comparant la crypto à un outil pratique, comme une moto livrant des vaccins dans des zones reculées, il a rendu l’idée accessible aux décideurs.
Une Collaboration Stratégique avec Ethereum
La rencontre entre Fabian et Miyaguchi à Osaka n’était pas seulement fortuite : elle était stratégique. Miyaguchi, à la tête de la Fondation Ethereum, cherchait des cas d’usage concrets pour démontrer que la blockchain pouvait aller au-delà des spéculations financières. L’UNICEF, avec sa mission mondiale et son réseau, offrait une opportunité unique. Ensemble, ils ont imaginé un fonds capable de recevoir, gérer et distribuer des cryptomonnaies sans les convertir immédiatement en monnaie fiat.
Les étapes clés de la collaboration UNICEF-Ethereum :
- 2018 : Premières discussions entre Fabian et Miyaguchi à Osaka.
- 2019 : Lancement officiel du CryptoFund par l’UNICEF.
- 2020 : Financement de huit startups technologiques avec 125 ETH.
- 2023 : Expansion vers des projets comme Giga pour connecter les populations isolées.
Le choix d’Ethereum n’était pas anodin. Sa blockchain, connue pour ses smart contracts, permettait de programmer des transactions transparentes et automatisées, idéales pour un fonds humanitaire. Miyaguchi a vu en l’UNICEF un partenaire capable de donner une légitimité mondiale à cette technologie. De son côté, Fabian a insisté sur l’importance de travailler avec une équipe alignée sur la vision de l’UNICEF, et non pas seulement sur le prestige du nom.
Le CryptoFund : Une Première Mondiale
En octobre 2019, l’UNICEF a officiellement lancé le CryptoFund, une initiative inédite pour une agence des Nations Unies. Ce fonds permettait de recevoir des dons en cryptomonnaies, principalement en Bitcoin et Ethereum, de les conserver dans leur forme numérique, et de les redistribuer directement à des projets innovants. Contrairement aux pratiques traditionnelles, où les dons en crypto étaient immédiatement convertis en monnaie fiat, l’UNICEF a choisi de garder ces actifs numériques, préservant leur valeur potentielle.
Travailler avec l’UNICEF était stratégique, mais il fallait la bonne équipe pour naviguer dans cette organisation complexe.
Aya Miyaguchi, Présidente de la Fondation Ethereum
Le fonds a débuté modestement, avec un premier investissement de 125 ETH pour soutenir huit startups technologiques dans des pays en développement. Ces entreprises, axées sur des solutions comme l’accès à l’éducation ou la santé numérique, ont bénéficié de la rapidité et de la transparence des transactions blockchain. Ce modèle a non seulement réduit les frais d’intermédiation, mais aussi garanti que chaque centime atteigne sa destination.
Surmonter les Réticences Institutionnelles
Adopter la blockchain n’a pas été une promenade de santé. En 2018, les cryptomonnaies étaient encore associées à des scandales et à une volatilité extrême. Fabian a dû faire face à des résistances internes, notamment de la part des équipes juridiques de l’UNICEF. Les smart contracts, par exemple, ont semé la confusion : le terme “contrat” laissait craindre des obligations légales, alors qu’il s’agissait simplement de programmes informatiques automatisés.
Les défis rencontrés par l’UNICEF :
- Expliquer la blockchain à des non-techniciens.
- Surmonter les préjugés sur la volatilité des cryptomonnaies.
- Adapter les processus internes à une technologie décentralisée.
- Convaincre les donateurs traditionnels de l’efficacité du modèle.
Pour surmonter ces obstacles, Fabian a adopté une approche organique, comparant la blockchain à un champignon qui s’intègre subtilement à l’écosystème existant. Cette stratégie a permis de gagner la confiance des décideurs, en montrant que la crypto pouvait s’aligner sur les valeurs de transparence et d’efficacité de l’UNICEF.
Giga : L’Héritage du CryptoFund
Le succès initial du CryptoFund a ouvert la voie à des projets encore plus ambitieux, comme Giga, une initiative cofondée par Fabian pour connecter les écoles et les communautés isolées à Internet. En utilisant les fonds du CryptoFund, Giga a pu financer des infrastructures technologiques dans des régions où les systèmes bancaires traditionnels sont inexistants ou peu fiables. Ce projet illustre parfaitement comment la blockchain peut transformer des idées en réalités concrètes.
La blockchain n’est pas une mode, c’est un outil pour construire un avenir plus équitable.
Christopher Fabian
Giga ne se contente pas de fournir un accès à Internet : il utilise la blockchain pour assurer la traçabilité des fonds et garantir que chaque don est utilisé efficacement. Par exemple, les transactions en Ethereum permettent de suivre en temps réel comment les fonds sont alloués, renforçant la confiance des donateurs. Ce modèle a inspiré d’autres organisations à explorer la blockchain pour leurs propres initiatives.
Pourquoi la Crypto Compte pour l’Humanitaire
La transparence est au cœur de l’attrait de la blockchain pour l’humanitaire. Contrairement aux systèmes financiers traditionnels, où les frais et les délais peuvent réduire l’impact des dons, la blockchain offre une alternative rapide et traçable. Pour l’UNICEF, cela signifie que les fonds peuvent atteindre les bénéficiaires en quelques minutes, même dans les zones les plus reculées.
Avantages de la blockchain pour l’humanitaire :
- Transparence : Chaque transaction est enregistrée publiquement.
- Rapidité : Les transferts sont quasi instantanés.
- Réduction des coûts : Moins d’intermédiaires signifie plus de fonds pour les bénéficiaires.
- Accessibilité : Les populations non bancarisées peuvent être atteintes.
Cette approche a également permis à l’UNICEF de toucher un nouveau public de donateurs, notamment les jeunes générations familières avec les cryptomonnaies. En 2025, alors que le Bitcoin atteint des sommets à 108 858 $ et l’Ethereum s’échange à 2 673 $, l’initiative de l’UNICEF reste un modèle pour d’autres organisations internationales.
Les Défis à Venir
Malgré ses succès, le CryptoFund fait face à des défis persistants. La volatilité des cryptomonnaies reste une préoccupation majeure. Par exemple, une chute soudaine du cours de l’Ethereum pourrait affecter la valeur des dons. De plus, les régulations internationales sur les cryptomonnaies, encore floues dans de nombreux pays, pourraient compliquer les opérations du fonds.
Enfin, l’adoption de la blockchain par d’autres organisations humanitaires reste lente. Les gouvernements, souvent réticents à embrasser les technologies décentralisées, imposent des barrières réglementaires. Pourtant, l’exemple de l’UNICEF montre que ces obstacles ne sont pas insurmontables.
Un Modèle pour l’Avenir
L’initiative de l’UNICEF prouve que la blockchain peut être bien plus qu’un outil spéculatif. En combinant la vision de pionniers comme Fabian et Miyaguchi, l’organisation a transformé une technologie naissante en un levier pour l’impact social. Le CryptoFund, avec son approche transparente et innovante, ouvre la voie à une nouvelle ère de l’humanitaire.
La blockchain est un pont entre la technologie et l’humanité, un moyen de rendre le monde plus juste.
Aya Miyaguchi
Alors que le monde continue d’explorer les possibilités de la blockchain, l’histoire du CryptoFund reste une source d’inspiration. Elle montre qu’avec de l’audace et une vision claire, même les institutions les plus traditionnelles peuvent devenir des pionnières. L’UNICEF a ouvert la voie ; à d’autres maintenant de suivre.