Quand les chiffres parlent, les tensions éclatent. En août 2025, une révision choc des données sur l’emploi aux États-Unis a secoué la sphère politique et économique, mettant en lumière une querelle inattendue entre le président Donald Trump et le Bureau of Labor Statistics (BLS). Alors que le BLS annonçait que l’économie américaine avait créé près d’un million d’emplois de moins que prévu sur l’année écoulée, Trump a pointé du doigt une manipulation sous l’administration Biden. Mais que cache cette guerre des chiffres, et pourquoi le marché des cryptomonnaies, Bitcoin en tête, surveille-t-il cela de près ?
Une Révision qui Fait Trembler Washington
Le Bureau of Labor Statistics, institution respectée pour ses rapports sur l’emploi, a publié en août 2025 une révision majeure de ses données. Les chiffres, initialement optimistes, ont été corrigés à la baisse, révélant que l’économie américaine avait créé près d’un million d’emplois de moins que prévu sur une période d’un an se terminant en mars 2025. Cette annonce a immédiatement attiré l’attention, non seulement pour son ampleur, mais aussi pour son timing, coïncidant avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier 2025.
Les chiffres de l’emploi ont été truqués pour avantager Biden et nuire aux républicains.
Donald Trump, Truth Social, août 2025
Donald Trump, fidèle à son style direct, n’a pas mâché ses mots. Sur son réseau Truth Social, il a accusé le BLS, et plus précisément sa cheffe d’alors, Erika McEntarfer, d’avoir manipulé les données pour des raisons politiques. Selon lui, ces chiffres auraient été gonflés sous l’administration Biden pour donner une image plus flatteuse de l’économie avant l’élection présidentielle. Résultat ? McEntarfer a été limogée début août, une décision qui a choqué économistes et observateurs.
Le BLS : Une Institution sous Pression
Le BLS, organisme indépendant rattaché au département du Travail, est chargé de collecter et d’analyser les données sur l’emploi, la productivité et les prix aux États-Unis. Ses rapports mensuels, basés sur des enquêtes auprès des ménages et des entreprises, font référence dans le monde entier. Pourtant, les révisions de données ne sont pas rares. Chaque année, le BLS ajuste ses chiffres pour refléter des informations plus précises, notamment en raison de réponses tardives des entreprises ou de changements dans les modèles économiques.
Pourquoi les révisions du BLS sont-elles courantes ?
- Les enquêtes initiales reposent sur un échantillon d’entreprises, parfois incomplet.
- Les réponses tardives des employeurs modifient les estimations initiales.
- Les ajustements tiennent compte des créations et fermetures d’entreprises.
Cette fois, cependant, l’ampleur de la correction – près d’un million d’emplois en moins – a suscité des soupçons. Heather Long, économiste en chef chez Navy Federal Credit Union, attribue cette différence à des difficultés persistantes dans la comptabilisation des entreprises post-Covid. Mais pour Trump et ses alliés, cette révision massive est la preuve d’une manipulation orchestrée sous Biden, visant à masquer la faiblesse réelle du marché du travail.
Trump et la Méfiance envers les Institutions
Le limogeage d’Erika McEntarfer, nommée par Biden en 2023 et confirmée par un Sénat bipartisan, a marqué un tournant. Trump a justifié cette décision en accusant la cheffe du BLS d’avoir sciemment biaisé les chiffres pour nuire à son image. Pourtant, les experts s’accordent à dire qu’aucune preuve tangible ne soutient ces allégations. William Beach, ancien responsable du BLS sous Trump, a défendu McEntarfer, expliquant que les données sont verrouillées informatiquement avant leur publication, rendant toute manipulation improbable.
Les révisions ne sont pas un bug, c’est une fonctionnalité du système.
Erica Groshen, ex-commissaire du BLS
Ce n’est pas la première fois que Trump s’en prend aux institutions indépendantes. Lors de son premier mandat, il avait tenté de nommer des figures controversées à des postes clés, comme Stephen Moore à la Réserve fédérale, une candidature finalement abandonnée face aux critiques. Aujourd’hui, son choix de remplacer McEntarfer par E.J. Antoni, un économiste conservateur de la Heritage Foundation, suscite des inquiétudes quant à l’indépendance future du BLS.
Un Impact sur la Réserve Fédérale et les Cryptos
Cette polémique ne se limite pas à un bras de fer politique. Les chiffres révisés du BLS arrivent à un moment crucial, alors que la Réserve fédérale (Fed) s’apprête à se réunir le 17 septembre 2025 pour discuter de sa politique monétaire. Les données décevantes sur l’emploi, combinées à une hausse du chômage à 4,3 % en août, pourraient pousser la Fed à assouplir ses taux directeurs, une décision attendue par les marchés financiers.
Pour le marché des cryptomonnaies, cette situation est une aubaine potentielle. Une baisse des taux d’intérêt rend les actifs risqués, comme Bitcoin et autres cryptos, plus attractifs. Les investisseurs, anticipant un afflux de liquidités, pourraient se tourner vers ces actifs pour diversifier leurs portefeuilles. Déjà, Bitcoin montre des signes de reprise, avec des analystes prédisant un rebond si la Fed agit comme prévu.
Comment la politique monétaire influence-t-elle les cryptos ?
- Taux bas : Favorisent les investissements dans des actifs risqués comme Bitcoin.
- Inflation : Pousse les investisseurs vers des actifs perçus comme des réserves de valeur.
- Liquidité : Une politique monétaire souple injecte des capitaux dans les marchés.
Les Cryptomonnaies dans le Viseur
Le lien entre les chiffres de l’emploi et les cryptomonnaies peut sembler indirect, mais il est crucial. Les politiques économiques de Trump, notamment ses droits de douane massifs, ont contribué à un ralentissement économique, comme en témoigne la création de seulement 22 000 emplois en août 2025, loin des 75 000 attendus. Ce ralentissement, combiné à une inflation persistante, renforce l’attrait des cryptomonnaies comme alternative aux monnaies fiduciaires.
De plus, Trump a récemment affiché un intérêt marqué pour les cryptos. Des projets comme la création d’une réserve stratégique de Bitcoin aux États-Unis, soutenus par des figures républicaines, montrent que l’administration actuelle voit dans les cryptomonnaies un levier économique. Cette polémique sur les chiffres de l’emploi pourrait donc, paradoxalement, renforcer la position des cryptos dans le débat public.
Une Crise de Confiance Institutionnelle
Le limogeage d’Erika McEntarfer et les accusations de Trump ont ravivé les craintes d’une politisation des institutions statistiques. Constance Citro, statisticienne renommée, a averti que de telles actions pourraient éroder la confiance du public dans les données officielles. “Même avec le meilleur dirigeant, les chiffres risquent de perdre leur crédibilité”, a-t-elle déclaré. Cette méfiance pourrait avoir des répercussions sur les marchés, y compris celui des cryptomonnaies, où la transparence est essentielle.
Quand un président limoge un statisticien pour des chiffres qu’il n’aime pas, c’est toute la crédibilité du système qui s’effrite.
Constance Citro, statisticienne
Les économistes s’inquiètent également des coupes budgétaires affectant le BLS. Avec moins de personnel, l’agence peine à collecter des données précises, ce qui pourrait expliquer en partie les révisions massives. Par exemple, le BLS a récemment cessé de calculer certains indices de prix dans plusieurs villes, faute de ressources. Cette situation fragilise la fiabilité des statistiques, un enjeu crucial pour les investisseurs en cryptomonnaies qui s’appuient sur ces données pour anticiper les tendances.
Et Maintenant ?
Alors que la Fed se prépare à sa réunion de septembre, tous les yeux sont tournés vers les prochaines décisions monétaires. Une baisse des taux pourrait stimuler les marchés, y compris celui des cryptomonnaies, mais la méfiance envers les institutions comme le BLS risque de compliquer les prévisions. Pour les investisseurs en Bitcoin et autres actifs numériques, cette période d’incertitude est à la fois un défi et une opportunité.
Perspectives pour les cryptomonnaies
- Assouplissement monétaire : Une baisse des taux pourrait doper Bitcoin.
- Méfiance institutionnelle : Renforce l’attrait des actifs décentralisés.
- Volatilité : Les incertitudes économiques favorisent les spéculations.
En attendant, la nomination d’E.J. Antoni à la tête du BLS, si elle est confirmée par le Sénat, pourrait marquer un tournant. Ses liens avec la Heritage Foundation, un think tank conservateur, laissent présager une approche alignée sur les priorités de Trump. Reste à savoir si cela restaurera la confiance ou alimentera davantage la controverse.
Pour les acteurs du marché crypto, cette saga souligne une vérité fondamentale : dans un monde où les institutions vacillent, les actifs décentralisés comme Bitcoin gagnent en pertinence. Alors que la guerre des chiffres continue, les cryptomonnaies pourraient bien tirer leur épingle du jeu.
