Le 1er juillet 2025, le Sénat américain a adopté un projet de loi budgétaire massif porté par le président Donald Trump. Ce texte, qualifié de « grand et magnifique » par ses défenseurs, promet des bouleversements économiques majeurs. Mais un détail a surpris : aucune mention des cryptomonnaies, malgré les attentes d’une industrie en pleine effervescence. Pourquoi ce silence ? Et quelles en sont les implications pour le futur du Bitcoin et des actifs numériques aux États-Unis ?
Un Budget Historique, mais Silencieux sur les Cryptos
Le projet de loi, adopté par un vote serré de 51 contre 50 avec l’intervention décisive du vice-président JD Vance, représente une victoire politique pour l’administration Trump. Ce texte ambitieux, qui s’étend sur plus de 1 000 pages, prévoit des réductions fiscales massives de 4,5 trillions de dollars, des coupes dans les programmes sociaux comme Medicaid, et un renforcement des dépenses militaires et de contrôle des frontières. Pourtant, malgré les promesses passées de Trump de soutenir l’industrie crypto, aucun article du projet ne mentionne les termes « Bitcoin », « Ethereum », « blockchain » ou même « actifs numériques ».
Les principaux points du budget 2025 :
- Réduction fiscale de 4,5 trillions de dollars, principalement pour les hauts revenus.
- Coupes dans les programmes sociaux, notamment Medicaid et SNAP.
- Augmentation des dépenses pour la défense et la sécurité des frontières.
- Aucune disposition concernant les cryptomonnaies ou la blockchain.
Les attentes déçues de l’industrie crypto
L’absence de provisions liées aux cryptomonnaies dans ce budget a surpris les acteurs du secteur. Ces derniers, galvanisés par les déclarations pro-crypto de Trump lors de sa campagne, espéraient des mesures concrètes. En 2024, l’industrie a investi plus de 190 millions de dollars dans les campagnes électorales, soutenant des candidats des deux partis. Ce lobbying massif visait à obtenir des réformes fiscales favorables, notamment pour les mineurs et les stakers de cryptomonnaies.
Il est temps de mettre fin à ce traitement fiscal injuste et de faire de l’Amérique la superpuissance mondiale du Bitcoin et des cryptomonnaies.
Sénatrice Cynthia Lummis, 30 juin 2025
La sénatrice Cynthia Lummis, fervente défenseure des actifs numériques, a tenté d’introduire des amendements pour alléger la fiscalité des mineurs et des stakers. Ces derniers se plaignent d’une imposition jugée excessive : les profits issus du minage ou du staking sont taxés comme un revenu dès leur réception, puis à nouveau comme des gains en capital lors de la vente. Malgré ces efforts, ses propositions n’ont pas été retenues dans la version finale du texte.
Pourquoi les cryptomonnaies ont-elles été ignorées ?
Plusieurs facteurs expliquent cette omission. D’abord, les négociations autour du budget ont été marquées par des tensions au sein du parti républicain. Trois sénateurs républicains, dont Susan Collins et Rand Paul, ont voté contre le projet, rendant chaque vote crucial. Les priorités fiscales et sociales ont dominé les débats, reléguant les questions liées aux cryptomonnaies au second plan. Ensuite, la complexité du cadre réglementaire entourant les actifs numériques a peut-être dissuadé les législateurs d’inclure des dispositions spécifiques dans un texte déjà controversé.
Les raisons probables du silence sur les cryptos :
- Priorité donnée aux réductions fiscales et aux coupes budgétaires.
- Tensions internes au parti républicain, limitant les amendements.
- Complexité réglementaire des cryptomonnaies, repoussant les débats.
Un revers pour l’industrie crypto ?
Ce silence législatif pourrait être perçu comme un revers pour l’industrie des cryptomonnaies, qui espérait des avancées significatives. Les mineurs et les stakers, en particulier, restent confrontés à un système fiscal jugé pénalisant. Par exemple, un mineur recevant un bloc de Bitcoin doit payer un impôt sur sa valeur marchande au moment de la réception, même s’il ne le vend pas immédiatement. Cette situation oblige souvent les acteurs à liquider leurs actifs pour couvrir les taxes, ce qui freine l’investissement à long terme.
De plus, la proposition de Lummis pour une règle de minimis, qui exempterait les petites transactions crypto de l’obligation de déclaration fiscale, n’a pas non plus été retenue. Ces transactions, souvent utilisées pour des frais de gaz ou des micro-paiements, représentent un fardeau administratif pour les utilisateurs sans générer de revenus fiscaux significatifs pour l’État.
Le contexte politique et économique
Le budget 2025 s’inscrit dans un contexte économique tendu. Selon le Congressional Budget Office, ce projet ajoutera 3,3 trillions de dollars à la dette nationale sur la prochaine décennie. Les réductions fiscales, qui profitent majoritairement aux foyers les plus aisés, sont financées en partie par des coupes dans les programmes sociaux, suscitant l’opposition des démocrates et de certains républicains modérés. Ce climat de polarisation a peut-être contribué à écarter des sujets comme les cryptomonnaies, jugés moins urgents par les législateurs.
Ce projet de loi privilégie les milliardaires au détriment des plus vulnérables. Les cryptomonnaies n’étaient clairement pas une priorité.
Sénatrice Elizabeth Warren, 30 juin 2025
Les critiques, comme la sénatrice Elizabeth Warren, ont dénoncé un texte qui favorise les intérêts des grandes entreprises et des plus riches, tout en réduisant les aides pour les plus démunis. Dans ce contexte, les cryptomonnaies, bien que soutenues par une partie de l’électorat républicain, n’ont pas trouvé leur place dans les priorités du Sénat.
Les implications pour l’avenir des cryptos
L’absence de mesures spécifiques dans ce budget ne signifie pas un abandon total du soutien aux cryptomonnaies. En juin 2025, le Sénat avait adopté le GENIUS Act, une loi bipartite visant à réguler les stablecoins, marquant une étape importante pour l’industrie. Ce texte, voté par 68 contre 30, a établi un cadre réglementaire pour les cryptomonnaies indexées sur le dollar, renforçant la confiance des consommateurs et des investisseurs.
Ce que le GENIUS Act a apporté :
- Régulation des stablecoins pour protéger les consommateurs.
- Interdiction pour les membres du Congrès d’émettre des stablecoins.
- Première étape vers une légitimité accrue de l’industrie crypto.
Cependant, ce texte n’a pas abordé les questions fiscales soulevées par Lummis, ni les conflits d’intérêts liés aux investissements crypto de Trump, notamment via son entreprise World Liberty Financial. Cette dernière, qui a émis un stablecoin nommé USD1, a rapporté à Trump plus de 57 millions de dollars en 2024, selon des déclarations financières publiques. Ce lien personnel avec l’industrie crypto soulève des questions éthiques, surtout en l’absence de régulations strictes dans le budget 2025.
Que peut attendre l’industrie crypto ?
Pour l’avenir, l’industrie crypto reste optimiste, mais vigilante. Le soutien bipartisan au GENIUS Act montre que des avancées sont possibles, même dans un climat politique divisé. Les acteurs du secteur pourraient se tourner vers des projets de loi spécifiques, plutôt que d’espérer des réformes intégrées à des budgets globaux. Par ailleurs, l’influence croissante des cryptomonnaies, illustrée par leur rôle dans le financement des campagnes électorales, pourrait pousser les législateurs à agir dans les mois à venir.
En attendant, les mineurs et les stakers devront continuer à naviguer dans un cadre fiscal complexe. Les petites transactions, bien que marginales en termes de revenus fiscaux, restent un casse-tête administratif. Une réforme comme la règle de minimis pourrait alléger ce fardeau, mais elle nécessitera un lobbying soutenu et un consensus politique plus large.
Conclusion : un rendez-vous manqué ?
Le budget 2025 de Trump, bien qu’historique par son ampleur, représente un rendez-vous manqué pour l’industrie des cryptomonnaies. Alors que le secteur espérait des réformes fiscales et un soutien clair, il doit se contenter d’un silence législatif. Cependant, l’adoption récente du GENIUS Act et l’influence croissante de l’industrie laissent présager des avancées futures. Reste à savoir si les cryptomonnaies trouveront leur place dans l’agenda politique américain, ou si elles devront attendre une nouvelle opportunité pour briller.