En l’espace d’une année, l’application Telegram est devenue un acteur incontournable de l’écosystème des cryptomonnaies. Porté par son partenariat avec le réseau The Open Network (TON), la messagerie a vu fleurir un nouveau genre de jeux mobiles : le « tap-to-earn ». Au cœur de cette révolution ludique et lucrative, un petit rongeur nommé Hamster Kombat a su tirer son épingle du jeu. Retour sur un succès fulgurant non dénué de zones d’ombre.
Telegram, nouveau terrain de jeu des cryptos
Après l’échec cuisant de sa cryptomonnaie maison, le GRAM, en 2020, beaucoup prédisaient un avenir sombre à Telegram dans le Web 3.0. C’était sans compter sur la ténacité de son fondateur, Pavel Durov, bien décidé à prendre sa revanche. Fin 2023, un rapprochement stratégique avec la blockchain TON change la donne :
- Intégration native du wallet TON dans l’application Telegram
- Possibilité d’échanger des jetons et NFTs directement via la messagerie
- Lancement d’un écosystème de dApps propulsées par TON
Cette alliance ouvre un nouveau champ des possibles pour les créateurs d’applications décentralisées. Les jeux mobiles « play-to-earn », déjà populaires sur d’autres blockchains comme Ethereum ou Solana, y voient une opportunité en or. Mais un nouveau genre émerge et bouscule les codes : le « tap-to-earn ».
Notcoin, pionnier du « tap-to-earn »
Avant l’arrivée fracassante d’Hamster Kombat, un autre jeu mobile ouvre la voie du « tap-to-earn » sur Telegram début 2024 : Notcoin. Le concept est simple mais redoutablement efficace et addictif. Le joueur incarne un personnage qu’il doit faire progresser en tapotant frénétiquement son écran. Chaque interaction rapporte une petite quantité de jetons NOT.
Malgré des graphismes minimalistes et une jouabilité réduite à sa plus simple expression, Notcoin séduit rapidement des millions d’utilisateurs. Le jeu met en lumière le potentiel d’un modèle économique mariant jeu casual et gains crypto. Une recette que Hamster Kombat va pousser à son paroxysme.
Hamster Kombat, star controversée de l’été
Lancé en juin 2024, Hamster Kombat reprend les mécaniques de Notcoin en les enrobant d’une direction artistique léchée et d’un scénario déjanté. Le joueur y incarne un hamster trader dont le but est de créer l’exchange de cryptos le plus performant au monde. Pour y parvenir, une seule solution : taper encore et encore !
Surfant sur la vague des memecoins et des NFTs, Hamster Kombat promet un airdrop massif de son jeton HMSTR aux joueurs les plus actifs et propose une collection de rongeurs tokenisés aux pouvoirs boostés. La mayonnaise prend immédiatement avec un pic à 200 millions de joueurs enregistrés début juillet.
Mais ce succès hors-norme attire rapidement les critiques. D’abord pour son modèle économique qualifié de pyramidal par certains experts. Ensuite pour son impact social jugé néfaste, notamment en Iran où le jeu est érigé en ennemi de la nation par le gouvernement. Enfin, pour la chute vertigineuse de son jeton malgré un lancement en fanfare sur le Launchpool de Binance.
Les chiffres clés de la « Hamstermania »
- 200 millions de joueurs actifs au pic
- 30% de l’offre totale de HMSTR airdropée aux joueurs
- -90% : la chute du jeton HMSTR depuis son plus haut
- 12h/jour : temps de jeu moyen des utilisateurs iraniens
L’avenir incertain du « tap-to-earn »
Malgré ses déboires, Hamster Kombat a ouvert la voie à de nombreux clones qui tentent de reprendre sa formule. Mais beaucoup d’observateurs s’interrogent sur la pérennité de ce modèle de jeu :
- Les récompenses offertes sont-elles soutenables sur le long terme ?
- Comment maintenir l’engagement des joueurs au-delà de l’effet de nouveauté ?
- Le « tap-to-earn » saura-t-il se réinventer et proposer de vraies innovations ?
Autant de questions qui animeront sans doute l’écosystème crypto de Telegram en 2025. Une seule certitude, le petit rongeur aura laissé son empreinte dans l’histoire naissante du gaming Web 3.