Imaginez un instant : vous créez une application respectant les lois, et pourtant, vous vous retrouvez menotté, accusé d’un crime que vous n’avez pas commis. C’est l’histoire troublante des fondateurs de Samourai Wallet, un outil de confidentialité crypto qui se retrouve au cœur d’une tempête judiciaire aux États-Unis. Une lettre explosive, rendue publique le 5 mai 2025, révèle que le Département de la Justice américain (DOJ) aurait sciemment ignoré des preuves prouvant l’innocence des créateurs de cette plateforme. Comment une telle injustice a-t-elle pu se produire, et quelles en sont les implications pour l’avenir des cryptomonnaies ? Plongeons dans cette affaire captivante.
Une Affaire qui Ébranle la Crypto
Le scandale entourant Samourai Wallet n’est pas seulement une histoire de justice malmenée ; il reflète une lutte plus large entre la liberté individuelle et la régulation étatique dans l’univers des cryptomonnaies. Cette plateforme, conçue pour protéger la vie privée des utilisateurs, a été ciblée par des accusations graves, malgré des preuves claires de sa conformité légale. Voici les faits, décortiqués étape par étape.
Les Nouvelles Révélations du 5 Mai 2025
Le 5 mai 2025, une équipe d’avocats défendant Samourai Wallet a publié une lettre adressée à la cour fédérale de Manhattan. Ce document choc affirme que, dès 2023, des hauts responsables du Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) avaient informé le DOJ que Samourai Wallet ne répondait pas à la définition d’une money service business (MSB). En clair, la plateforme n’avait pas besoin de licence FinCEN pour opérer légalement.
FinCEN a clairement indiqué que Samourai Wallet n’était pas un transmetteur d’argent en raison de sa conception non-custodiale.
Zack Shapiro, 5 mai 2025
Pourtant, six mois après cette notification, les procureurs ont accusé les co-fondateurs, Keonne Rodriguez et William Lonergan Hill, d’avoir opéré un service de transmission d’argent sans licence. Pire encore, ils auraient dissimulé cette information cruciale pendant près d’un an, jusqu’à ce qu’une demande spécifique du 1er avril 2025 force sa révélation. Ce silence soulève des questions brûlantes : pourquoi le DOJ a-t-il poursuivi une affaire sans fondement légal ?
Pourquoi Samourai Wallet N’est Pas un MSB ?
Pour comprendre cette affaire, il faut saisir ce qui distingue Samourai Wallet des autres plateformes. Ce mixer crypto est non-custodial, c’est-à-dire qu’il ne détient jamais les fonds des utilisateurs. Il agit comme un outil logiciel permettant de masquer les données des transactions, garantissant ainsi la confidentialité. Cette caractéristique est au cœur de l’argumentaire juridique.
Les raisons pour lesquelles Samourai Wallet n’est pas un MSB :
- Absence de custody : Samourai ne contrôle jamais les fonds des utilisateurs.
- Logiciel open-source : La plateforme est un outil, pas une entité financière.
- Pas de profit direct : Les fondateurs ne tirent pas de bénéfices des transactions.
Le FinCEN, principal régulateur dans ce domaine, a établi que la custody est un critère déterminant pour qualifier une plateforme de MSB. Puisque Samourai Wallet n’a jamais détenu d’actifs, elle échappe à cette classification. Les avocats ont même cité des déclarations antérieures de Rodriguez, affirmant qu’il était convaincu de la légalité de son service, précisément en raison de cette non-custodialité.
Le Contexte : Une Arrestation Controversée
Revenons en avril 2024. Keonne Rodriguez et William Hill sont arrêtés et accusés d’avoir géré un service de transmission d’argent non licencié, avec un volume de transactions de 2 milliards de dollars. Les autorités allèguent également que Samourai Wallet aurait blanchi 100 millions de dollars de fonds illicites, liés à des marchés comme Hydra et Silk Road. Ces accusations, portées par le FBI et l’IRS, dépeignent les fondateurs comme des criminels ayant sciemment ignoré les régulations.
Si opérer un mixer non-custodial était illégal aux États-Unis, nous aurions changé de juridiction.
Keonne Rodriguez, avant son arrestation
Ces déclarations contrastent fortement avec les propos des autorités. Rodriguez avait publiquement affirmé que Samourai Wallet respectait les lois américaines. Pourtant, les deux hommes risquent aujourd’hui jusqu’à 25 ans de prison. Cette disproportion entre les faits et les sanctions demandées alimente la controverse.
Un Mémorandum qui Change la Donne
Un élément clé de cette affaire est le mémorandum de Todd Blanche, sous-procureur général, publié le 7 avril 2025. Intitulé Ending Regulation by Prosecution, ce document ordonne au DOJ de cesser d’utiliser des poursuites judiciaires pour imposer des cadres réglementaires aux actifs numériques. Plus précisément, il interdit de poursuivre les services de mixage pour absence de licence FinCEN.
Points clés du mémorandum Blanche :
- Fin des poursuites contre les mixers sans licence FinCEN.
- Encouragement à une régulation hors du cadre pénal.
- Critique des pratiques de régulation par la persécution judiciaire.
Ce mémorandum pourrait être une bouée de sauvetage pour Samourai Wallet. Cependant, malgré ces directives, le DOJ n’a pas encore abandonné les charges. Le 6 mai 2025, le juge Berman a ordonné aux procureurs de répondre à la lettre des avocats avant midi le vendredi suivant, laissant planer l’incertitude sur l’issue de l’affaire.
Une Guerre plus Large Contre la Crypto
L’affaire Samourai Wallet ne se limite pas à un simple malentendu juridique. Elle s’inscrit dans un contexte de répression plus large contre les cryptomonnaies sous l’administration précédente. Cette période a été marquée par une politique controversée surnommée Operation Choke Point 2.0, visant à couper les services bancaires aux entreprises crypto, souvent sans justification claire.
Dans les cas Samourai et Tornado Cash, le DOJ a adopté des positions AML contraires aux directives de FinCEN. Ce n’est pas une façon de garantir une justice équitable.
Paul Grewal, CTO de Coinbase, 5 mai 2025
Des figures influentes comme la sénatrice Cynthia Lummis et le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, ont critiqué cette pratique de debanking. L’affaire Samourai Wallet, tout comme celle de Tornado Cash, illustre cette tension entre régulateurs et innovateurs. Les deux plateformes, toutes deux non-custodiales, ont été ciblées pour des raisons similaires, malgré des directives claires de FinCEN.
Comparaison avec Tornado Cash
Le cas de Tornado Cash présente des parallèles frappants. Cette autre plateforme de mixage crypto a également été poursuivie pour des accusations similaires, malgré son statut non-custodial. Comme Samourai Wallet, Tornado Cash lutte pour faire reconnaître sa légalité, s’appuyant sur les mêmes arguments de non-custodialité et de conformité aux directives FinCEN.
Similitudes entre Samourai Wallet et Tornado Cash :
- Les deux sont des mixers non-custodiaux.
- Les deux ont été accusés de blanchiment sans preuves solides.
- Les deux s’appuient sur les directives FinCEN pour leur défense.
Avec l’arrivée d’une administration plus favorable à la crypto sous la présidence de Donald Trump, il y a un espoir que ces affaires soient résolues en faveur des accusés. Cependant, le chemin reste semé d’embûches, et la bataille pour la confidentialité dans l’espace crypto est loin d’être terminée.
Les Implications pour l’Avenir
Le scandale Samourai Wallet soulève des questions fondamentales sur la manière dont les régulateurs abordent les cryptomonnaies. Si des preuves exculpatoires peuvent être supprimées pendant un an, comment les innovateurs peuvent-ils avoir confiance en un système judiciaire équitable ? Cette affaire pourrait redéfinir les règles du jeu pour les mixers crypto et la confidentialité numérique.
Impacts potentiels de l’affaire :
- Renforcement des protections pour les plateformes non-custodiales.
- Clarification des réglementations sur les mixers crypto.
- Possible révision des pratiques de poursuite du DOJ.
Alors que le juge attend la réponse des procureurs, les yeux du monde crypto sont tournés vers Manhattan. Une décision favorable pourrait non seulement innocenter Rodriguez et Hill, mais aussi poser un précédent pour la protection de la vie privée dans l’écosystème des cryptomonnaies.
Conclusion : Une Bataille pour la Liberté
L’affaire Samourai Wallet est bien plus qu’un simple litige juridique. Elle incarne le combat pour la liberté individuelle et l’innovation face à une régulation parfois arbitraire. Avec des preuves supprimées, des accusations contestables et un mémorandum qui pourrait tout changer, cette histoire est loin d’être terminée. Une chose est sûre : son dénouement aura des répercussions durables sur l’avenir des cryptomonnaies.
Les portefeuilles non-custodiaux ne sont pas des transmetteurs d’argent. Les CoinJoins ne sont pas du blanchiment. Abandonnez les charges.
Econoalchemist, 6 mai 2025
Que réserve l’avenir pour Samourai Wallet ? La réponse des procureurs, attendue sous peu, pourrait marquer un tournant. En attendant, cette affaire nous rappelle une vérité essentielle : dans l’univers des cryptomonnaies, la lutte pour la confidentialité et la justice est un combat de tous les instants.