Dans un contexte de mutation réglementaire internationale du secteur des cryptomonnaies, la Chine tente de naviguer entre interdiction et expérimentation. La publication du rapport annuel sur la stabilité financière de la Banque centrale de Chine (PBOC) est l’occasion de faire un point sur la position complexe et parfois ambiguë du pays vis-à-vis des actifs numériques.
Un paysage réglementaire en pleine évolution
Au niveau mondial, les régulateurs cherchent à établir un cadre légal pour encadrer le développement fulgurant des cryptomonnaies. En Europe, le projet Markets in Crypto Assets (MiCA) doit entrer en vigueur en 2025. Face à ces évolutions, la Chine ne peut rester indifférente.
Dans son rapport, la PBOC dresse un état des lieux de la réglementation crypto à l’international. Elle identifie 51 juridictions ayant adopté des mesures visant soit à interdire, soit à encadrer l’utilisation ou la détention de cryptomonnaies. Si les liens entre crypto et stabilité financière semblent encore limités, la banque centrale souligne les risques potentiels liés au développement des usages grand public.
Une position chinoise ambiguë
Officiellement, la Chine affiche une position ferme vis-à-vis des cryptomonnaies, avec l’interdiction de certaines pratiques sur son territoire. Pourtant, en coulisses, le pays semble expérimenter discrètement à Hong Kong, laissant entrevoir une approche plus nuancée.
En octobre dernier, les autorités hongkongaises ont dévoilé une série de mesures favorables à Bitcoin et Ethereum. L’ambition est claire : faire de ce hub un centre névralgique des cryptos, notamment dans le domaine prometteur de la tokenisation des actifs du monde réel (RWA).
Cryptomonnaies vs MNBC : un équilibre délicat
Cette position en demi-teinte de la Chine sur les cryptomonnaies s’explique en partie par le déploiement de sa propre monnaie numérique de banque centrale (MNBC), le e-CNY. Déjà largement fonctionnel, ce dernier pourrait rapidement devenir un concurrent direct des cryptomonnaies.
Ainsi, tout en soulignant son engagement actif pour déterminer un cadre réglementaire crypto international, la PBOC doit aussi protéger le développement de son e-CNY. Un équilibre délicat à trouver dans un écosystème en constante évolution.
Vers une réglementation crypto mondiale ?
Au final, le rapport de la PBOC illustre toute la complexité de réguler un secteur aussi dynamique et décentralisé que celui des cryptomonnaies. Si une harmonisation mondiale des règles semble nécessaire pour accompagner l’essor de cette industrie, la tâche s’annonce ardue tant les enjeux diffèrent d’un pays à l’autre.
Entre volonté de contrôle et opportunités d’innovation, la Chine, comme beaucoup d’autres puissances, cherche encore le bon positionnement. Une chose est sûre : dans ce grand jeu d’échecs réglementaire, chaque mouvement compte et sera scruté de près par l’ensemble de l’écosystème crypto.
En résumé :
- La PBOC a publié son rapport annuel sur la stabilité financière, abordant les défis de la réglementation crypto
- Au niveau mondial, les régulateurs cherchent à encadrer le secteur, avec des projets comme MiCA en Europe
- La position de la Chine reste ambiguë, entre interdiction sur son territoire et expérimentation discrète à Hong Kong
- Le déploiement de l’e-CNY, la MNBC chinoise, complexifie l’équation réglementaire pour le pays
- Trouver un équilibre entre contrôle et innovation est un enjeu majeur pour la Chine et les autres puissances