Un vent de panique souffle sur le monde des cryptomonnaies. Alors que le secteur peine encore à se relever de l’hiver crypto, une nouvelle menace se profile à l’horizon pour les détenteurs de coins. Aux quatre coins du globe, les cas d’enlèvements et d’agressions violentes visant spécifiquement les propriétaires de crypto se multiplient, jetant une lumière crue sur les dangers auxquels ils s’exposent. Attirés par l’appât du gain facile, des criminels sans scrupules n’hésitent plus à employer les grands moyens pour soutirer des rançons en cryptomonnaies à leurs victimes. Plongée au cœur d’un phénomène aussi inquiétant qu’révélateur des dérives d’un écosystème en pleine mutation.
Hong-Kong, épicentre d’une vague d’enlèvements
C’est une affaire sordide qui a récemment secoué Hong-Kong et mis en lumière l’ampleur du problème. Un mercredi après-midi, comme tant d’autres, une mère fait quelques courses avec son fils de 3 ans dans un centre commercial de la ville. Mais la journée va prendre un tournant cauchemardesque. Profitant d’un moment d’inattention, deux femmes kidnappent l’enfant, le placent dans une poussette puis l’emmènent dans un parc où elles le transfèrent dans une valise avant de le conduire à leur domicile.
Fort heureusement, grâce à une enquête éclair, la police mettra la main sur les ravisseuses dans la nuit et l’enfant sera rendu sain et sauf à sa mère. Mais un détail de l’affaire n’a pas manqué d’alerter les autorités. Dans une lettre adressée à la mère, les kidnappeuses exigeaient le versement d’une rançon de 5 millions de dollars de Hong-Kong, soit environ 660 000 dollars, en USDT, le célèbre stablecoin adossé au dollar américain.
Malheureusement, les exemples de ce type se multiplient à Hong-Kong. Quelques semaines plus tôt, un jeune homme de 19 ans avait été attiré dans une chambre d’hôtel avant d’être molesté à coups de battes de baseball par des malfrats réclamant 25 000 dollars qu’il aurait soi-disant gagnés via des investissements en crypto. L’affaire, survenue en mars, est toujours en cours d’instruction mais témoigne d’un phénomène grandissant.
Un fléau qui s’étend au reste du monde
Et la tendance ne se limite pas à l’Asie. Fin mai, c’est une américaine de 55 ans, connue pour ses investissements fructueux en cryptomonnaies, qui a été kidnappée en pleine rue par des hommes armés. Après avoir neutralisé son mari à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique, les ravisseurs sont repartis avec leur otage, ne la libérant que quelques heures plus tard contre le paiement d’une rançon de 250 000 dollars en USDT.
Aux Philippines aussi, les autorités tirent la sonnette d’alarme après que plusieurs affaires similaires aient été signalées ces derniers mois, dont une qui s’est terminée de façon tragique avec la découverte des corps de deux hommes enlevés contre une rançon de 2 millions d’USDT.
D’autres cas d’enlèvements de détenteurs de crypto :
- Octobre 2021, Afrique du Sud : un trader crypto enlevé et torturé pendant 3 semaines
- Janvier 2023, Turquie : un businessman crypto kidnappé contre 3 millions de dollars en BTC
- Février 2023, Russie : le PDG d’un exchange local enlevé contre une rançon de 1 million d’ETH
- Mars 2023, Brésil : un influenceur crypto attaqué à son domicile par un gang armé
Le phénomène n’épargne pas non plus l’Europe. La semaine passée, en marge de l’EthCC, la grande conférence Ethereum organisée à Paris, plusieurs participants ont rapporté avoir été agressés, visiblement en raison de leur proximité avec l’écosystème crypto. Des attaques probablement facilitées par l’imprudence de certains à s’afficher sur les réseaux sociaux aux côtés de personnalités connues du milieu ou en exhibant des signes extérieurs de richesse.
Cryptos traçables : les criminels font fausse route
Si ces criminels se tournent vers les cryptomonnaies, c’est qu’ils pensent à tort pouvoir échapper plus facilement aux autorités qu’avec de l’argent liquide. Mais comme le rappelle Kwan King-pan, le chef de la police de Hong-Kong, les transactions en crypto sont parfaitement traçables. Misant sur la transparence de la blockchain, les forces de l’ordre sont aujourd’hui en mesure de remonter facilement jusqu’aux auteurs de ces méfaits.
En attendant, la prudence reste de mise pour les détenteurs de cryptomonnaies. La règle d’or : rester discret sur ses avoirs et éviter d’en faire étalage en ligne ou dans la vie réelle. Un principe de précaution essentiel pour se prémunir de ces actes crapuleux qui ternissent l’image d’un écosystème en quête de respectabilité. Car si les cryptos changent la donne en matière de transfert de valeur, elles ne doivent en aucun cas devenir un nouveau terrain de jeu pour les malfaiteurs de tout poil.