Et si Bitcoin était vraiment indétrônable ? Le 11 mars 2025, un débat enflammé a secoué la sphère crypto à Washington, D.C., lors d’un événement organisé par le Bitcoin Policy Institute. D’un côté, Michael Saylor, fervent défenseur de Bitcoin, a vanté son rôle stratégique pour les États-Unis. De l’autre, Jason Calacanis, entrepreneur et investisseur, a critiqué cette vision, suggérant qu’un “meilleur Bitcoin” pourrait émerger. C’est là que Pierre Rochard, vice-président de la recherche chez Riot Platforms, est intervenu avec une analyse percutante qui a coupé court aux spéculations.
Bitcoin : Une Forteresse Inébranlable ?
Le ton était donné dès le départ. Rochard n’a pas mâché ses mots : pour lui, l’idée d’un Bitcoin amélioré relève presque de l’utopie. Mais sur quoi repose cette assurance ? Plongeons dans ses arguments, qui mêlent technologie, histoire et philosophie.
La décentralisation, pilier intouchable
Imaginez un réseau où personne ne détient les clés du pouvoir. C’est l’essence même de Bitcoin, selon Rochard. Il insiste : la **décentralisation** n’est pas un simple slogan, mais une réalité ancrée dans son design. Les nœuds, dispersés aux quatre coins du globe, garantissent que nul ne peut manipuler le système, pas même un géant comme Saylor avec ses montagnes de BTC.
Contrairement à ce que Calacanis reproche – une centralisation excessive due aux gros détenteurs –, Rochard rappelle que posséder beaucoup de bitcoins ne confère aucun privilège. Les règles du consensus, immuables, s’appliquent à tous. Un milliardaire ou un simple utilisateur : même combat face au protocole.
La décentralisation de Bitcoin repose sur ses nœuds, pas sur la répartition des bitcoins. Aucun individu ne peut en exploiter les fondations.
Pierre Rochard
Une résilience à toute épreuve
Bitcoin a traversé des tempêtes qui auraient coulé bien des projets. Rochard énumère : krachs boursiers, effondrements d’exchanges majeurs, disputes internes sur le protocole. Pourtant, le réseau tient bon. Pourquoi ? Parce que sa valeur ne dépend pas d’un seul homme ou d’une campagne de promotion, mais d’une mécanique bien huilée.
Les crises surmontées par Bitcoin :
- Chute de Mt. Gox en 2014 : un cataclysme financier, mais le réseau est resté intact.
- Hard forks comme Bitcoin Cash : des divisions, mais pas de destruction.
- Volatilité extrême : des corrections de 80 %, suivies de rebonds spectaculaires.
Cette solidité, Rochard la compare à une forteresse numérique. Les assauts extérieurs ou les critiques, comme celles de Calacanis, glissent sur elle sans laisser de traces.
Un “meilleur Bitcoin” : mission impossible ?
Créer une alternative supérieure à Bitcoin, est-ce vraiment envisageable ? Rochard ne dit pas que c’est strictement impossible, mais il souligne les obstacles titanesques. Bitcoin bénéficie d’un **avantage historique** unique : il a été le premier à instaurer une rareté numérique crédible. Aucun altcoin n’a réussi à reproduire cet exploit sans compromis.
Les concurrents, comme Ethereum ou Solana, brillent par leur rapidité ou leurs fonctionnalités. Mais Rochard pointe leurs failles : centralisation latente, faiblesses à long terme, manque de liquidité face à Bitcoin. Quant aux tentatives de copier son infrastructure, elles se sont toutes effondrées.
Pour illustrer, prenons un exemple concret : les forks de Bitcoin, comme Bitcoin Cash ou Bitcoin SV. Malgré des promesses d’amélioration, ils végètent dans l’ombre de leur aîné. Pourquoi ? Parce que la **sécurité** et la **confiance** de Bitcoin, bâties sur 15 ans d’histoire, sont inégalées.
Saylor : un bouc émissaire facile ?
Revenons à la critique initiale de Calacanis. Pour lui, Michael Saylor, avec son accumulation agressive de BTC, nuit à l’écosystème. Rochard balaie cette idée d’un revers de main. Saylor, aussi influent soit-il, n’est qu’un acteur parmi d’autres. Ses bitcoins ne lui donnent aucun contrôle sur le réseau.
En réalité, Rochard voit dans ces attaques une mécompréhension. Bitcoin n’est pas une marque à polir ou un produit à vendre. C’est un protocole autonome, indifférent aux hyperboles ou aux stratégies d’investissement d’un seul homme.
L’achat massif de bitcoins par un individu ne change rien aux règles du jeu. Le protocole reste souverain.
Pierre Rochard
Cette vision tranche avec celle de Calacanis, qui semble percevoir Bitcoin comme une entreprise vulnérable aux excès de ses porte-parole. Rochard, lui, y voit une entité quasi organique, capable de s’auto-réguler.
Bitcoin vs or : une leçon de transparence
Lors de son discours à Washington, Rochard a aussi abordé un parallèle fascinant : Bitcoin face à l’or. Prenons Fort Knox, le mythique coffre-fort américain. Personne ne sait vraiment ce qu’il contient aujourd’hui. Le dernier “audit”, il y a 50 ans, n’était qu’une inspection visuelle sommaire.
Bitcoin, en revanche, offre une transparence radicale. N’importe qui, avec un simple ordinateur, peut vérifier sa pureté et son offre totale. Pas besoin d’experts ou de sonogrammes coûteux, comme pour l’or. Cette accessibilité renforce son statut de “meilleur or numérique”, selon Rochard.
Bitcoin vs or : les différences clés
- Vérification : Bitcoin est auditable par tous ; l’or nécessite des experts.
- Transport : Bitcoin voyage en un clic ; l’or demande des coffres et des camions blindés.
- Rareté : L’offre de Bitcoin est fixe ; celle de l’or peut augmenter avec de nouvelles découvertes.
L’avenir de Bitcoin : domination ou stagnation ?
Alors, Bitcoin est-il condamné à régner éternellement ? Rochard ne va pas jusque-là, mais il insiste sur son avance colossale. D’ici 2035, 99 % de son offre sera en circulation, et les nations comme les États-Unis, selon Saylor, devront se positionner. Rochard partage cette urgence stratégique.
Cependant, il reste lucide. Les altcoins continueront d’innover, et certains pourraient séduire des niches. Mais détrôner Bitcoin ? Cela demanderait un miracle technologique et social que Rochard juge improbable.
En somme, cet échange entre Calacanis et Rochard révèle deux visions opposées : l’une craint une fragilité due aux hommes, l’autre célèbre une robustesse due au code. Et vous, qu’en pensez-vous ? Bitcoin est-il vraiment indétrônable ?