La banque centrale de Nouvelle-Zélande, la Reserve Bank of New Zealand (RBNZ), vient de publier les résultats de sa consultation publique sur une potentielle monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Les retours de la population révèlent un enthousiasme plutôt mitigé pour ce projet, soulevant de nombreuses préoccupations, notamment en matière de sécurité et de confidentialité des données.
Un intérêt limité pour la “monnaie numérique”
La consultation publique, qui s’est déroulée du 17 avril au 26 juillet 2024, a recueilli pas moins de 500 soumissions écrites et 18 000 réponses à un sondage. Mais les résultats sont sans appel : plus de 70% des répondants estiment qu’une MNBC, que la banque appelle “monnaie numérique”, n’est pas importante.
Pire encore, seuls 16% des participants sont d’accord avec les arguments avancés par la RBNZ pour introduire une telle monnaie, à savoir garantir l’accès à la monnaie de banque centrale sous forme numérique et promouvoir l’innovation et la concurrence dans l’économie numérique néo-zélandaise.
Des inquiétudes sur la sécurité et la confidentialité
Les principales préoccupations soulevées par les participants concernent la sécurité, la confidentialité et la pertinence même d’un tel système. 90% des répondants craignent un potentiel contrôle accru du gouvernement, associant l’idée d’une MNBC à une traçabilité renforcée et une réduction de la vie privée.
Les principales inquiétudes exprimées :
- Risque d’utilisation intrusive, même si ce n’est pas l’intention initiale
- Possibilité d’évolution vers un outil de surveillance des comportements financiers
- Remise en question de la nécessité d’un accès direct à la monnaie de banque centrale
Peu d’intérêt pour les fonctionnalités proposées
En outre, 65% des personnes interrogées se sont dites non intéressées par les fonctionnalités proposées pour la MNBC, comme les paiements automatisés ou le suivi des soldes en temps réel. Un signal fort que les caractéristiques mises en avant ne répondent peut-être pas aux attentes et besoins réels de la population.
Les crypto-monnaies et stablecoins, une alternative viable ?
Fait intéressant, de nombreux répondants se sont montrés peu préoccupés par l’impact potentiel des crypto-monnaies comme Bitcoin et Ethereum sur l’utilisation et la popularité du dollar néo-zélandais. Beaucoup considèrent même que les crypto-monnaies offrent divers avantages, comme une offre fixe et l’absence de contrôle centralisé.
Certains voient aussi les stablecoins comme une alternative viable, remettant en question la nécessité d’un accès direct à la monnaie de banque centrale. Une perspective fermement rejetée par le gouverneur de la RBNZ, Adrian Orr, qui considère les stablecoins comme intrinsèquement instables et inadaptés pour remplacer les devises traditionnelles.
Prochaines étapes : focus sur la confidentialité et l’autonomie
Face à ces préoccupations, la Reserve Bank a déclaré vouloir orienter son programme de recherche sur la protection de la vie privée et de l’autonomie des utilisateurs. Un défi de taille qui nécessitera d’explorer un large éventail de solutions, qu’elles soient législatives, culturelles ou technologiques.
La route vers une potentielle monnaie numérique de banque centrale en Nouvelle-Zélande s’annonce donc encore longue et semée d’embûches. La RBNZ devra redoubler d’efforts pour convaincre une population pour l’instant sceptique, en proposant des réponses concrètes à leurs préoccupations légitimes. L’avenir nous dira si ce projet ambitieux parviendra à voir le jour et à s’imposer dans le paysage financier néo-zélandais.