Imaginez que demain matin, en vous réveillant, votre portefeuille Ethereum vous permette de payer un café sur Base ou Arbitrum pour quelques centimes et en moins de deux secondes. Ce n’est plus de la science-fiction : c’est exactement ce que la mise à jour Fusaka, qui sera activée dans les prochaines heures, promet de rendre encore plus concret.
Depuis le passage de Dencun en mars 2024 et de Pectra en mai 2025, le rythme des upgrades s’est accéléré. Et pourtant, le prix de l’ETH, lui, semble bouder la fête. Coincé autour des 3000-3300 $ depuis plusieurs semaines, il donne l’impression d’attendre un déclencheur. Fusaka est-elle cette étincelle tant attendue ?
Fusaka : la mise à jour qui change (vraiment) la donne pour les Layer 2
Pour comprendre pourquoi cette upgrade fait autant parler, il faut revenir à la grande vision d’Ethereum post-Merge : devenir une couche de règlement ultra-sécurisée tandis que l’activité réelle migre massivement vers les rollups (Optimism, Arbitrum, Base, zkSync, Scroll…).
Le problème ? Même avec les blobs introduits par Dencun, la capacité restait limitée. Résultat : dès que l’activité explosait sur les L2, les frais de publication des données sur la chaîne principale remontaient et l’expérience utilisateur se dégradait.
Fusaka apporte la réponse technique la plus élégante jamais proposée : PeerDAS (EIP-7594).
PeerDAS : comment passer de 3 à potentiellement 24 blobs par bloc sans tout casser
Jusque-là, chaque nœud devait télécharger et vérifier l’intégralité des données publiées par les rollups. Avec PeerDAS, les nœuds n’échantillonnent plus que de petites portions aléatoires. Statistiquement, la sécurité reste identique (99,99 % de détection des fraudes), mais la bande passante nécessaire chute drastiquement.
Concrètement, cela ouvre la porte à une augmentation massive du nombre de blobs par bloc : on parle d’un facteur 8 dans un premier temps, voire davantage à l’avenir sans hard fork supplémentaire.
Ce que ça change pour l’utilisateur final :
- Frais sur Base, Arbitrum ou Optimism qui pourraient tomber sous les 0,01 $ même en période de congestion
- Débit théorique des L2 combinés dépassant les 100 000 TPS (contre environ 15 000 TPS aujourd’hui)
- Place pour des centaines de nouveaux rollups sans saturation
- Expérience quasi-identique à une blockchain layer 1 ultra-rapide… mais avec la sécurité d’Ethereum
Les autres améliorations discrètes mais cruciales de Fusaka
PeerDAS vole la vedette, mais la mise à jour contient d’autres EIP tout aussi stratégiques :
- EIP-7691 : augmentation de la limite de gas de 45 à 60 millions (déjà actif sur certains testnets)
- EIP-7623 : optimisation du coût des calldata (utile pour les bridges et les inscriptions)
- EIP-2537 : précompiles BLS plus efficaces (bénéfique pour les ZK-rollups)
- Diverses corrections de bugs et améliorations de la VM Eva
« Fusaka n’est pas la mise à jour la plus sexy sur le papier, mais elle pourrait être celle qui débloque enfin l’adoption de masse des applications Ethereum. »
Vitalik Buterin – Devcon 2025
Le calendrier précis : ce qui se passe dans les prochaines heures
À l’heure où j’écris ces lignes (3 décembre 2025 – 11 h 30 UTC), le bloc d’activation est prévu autour du slot 11 843 000, soit dans la nuit du 3 au 4 décembre pour l’Europe.
Tous les clients majeurs (Geth, Nethermind, Besu, Erigon) ont publié leurs versions compatibles Fusaka depuis plusieurs jours. Les opérateurs de nœuds ont eu largement le temps de se préparer. Le risque de chain split est quasi-nul.
Impact immédiat sur les métriques on-chain : ce qu’il faut surveiller
Dès les premières 24-48 heures post-activation, voici les indicateurs qui ne trompent jamais :
- Nombre moyen de blobs par bloc (doit grimper rapidement vers 6-8)
- Prix moyen du blob (doit chuter sous les 0,1 gwei très vite)
- Volume quotidien de transactions sur les 5 principaux L2
- TVL migré depuis la L1 vers les L2 (signe de confiance)
- Nombre de nouvelles adresses actives sur Base et Arbitrum
Si ces courbes partent en fusée dès la première semaine, le narratif « Ethereum devient enfin utilisable » reprendra le dessus.
Pourquoi 7000 $ reste (pour l’instant) un rêve un peu trop ambitieux
Techniquement, tout est aligné pour une adoption massive. Mais le prix, lui, dépend d’autres facteurs.
Depuis le pic à 4891 $ en mars 2024, Ethereum a perdu plus de 40 % face à Bitcoin. Le ratio ETH/BTC flirte avec ses plus bas historiques autour de 0,035. Et pourtant, les fondamentaux n’ont jamais été aussi solides.
Les freins actuels au décollage du prix :
- Sorties massives des ETF spot ETH aux États-Unis (plus de 2,5 milliards $ nets depuis juillet)
- Concurrence féroce des chaînes ultra-rapides (Solana, Sui, Aptos) sur le narratif « rapidité »
- Manque de killer app grand public depuis l’euphorie NFT 2021 et DeFi summer 2020
- Liquidité globale crypto encore convalescente après 2022
Pour viser sérieusement les 7000 $, il faudra d’abord casser la résistance lourde entre 3800 et 4100 $, zone où se concentrent tous les vendeurs coincés depuis le dernier ATH.
Le scénario réaliste en trois phases d’ici fin 2025
Phase 1 (décembre 2025 – février 2026) : digestion de Fusaka et retour vers 3800-4200 $. Les frais L2 s’effondrent, l’activité remonte, mais le marché reste prudent.
Phase 2 (mars – juin 2026) : si une killer app (socialFi décentralisé, IA on-chain, restaking massif) émerge sur Base ou un nouveau L2, ETH peut casser les 5000 $ et viser les 5800-6200 $.
Phase 3 (second semestre 2026) : avec l’arrivée programmée de Verkle Trees et des stateless clients, Ethereum atteint enfin le graal du million de TPS théoriques. À ce moment-là, 7000 $ deviendra un support, pas une résistance.
« Les upgrades comme Fusaka sont des bombes à retardement positives. On ne voit pas l’explosion tout de suite, mais quand elle arrive, plus rien ne l’arrête. »
Anthony Sassano – The Daily Gwei
Ce que les whales et les institutions sont en train de faire
Les données on-chain sont sans appel : les portefeuilles contenant plus de 10 000 ETH n’ont jamais autant accumulé depuis 2016. BitMine Immersion, par exemple, a acheté pour plus de 400 millions $ d’ETH ces dernières semaines malgré les pertes latentes.
Tom Lee (Fundstrat) maintient sa cible à 9000 $ pour fin 2025. Standard Chartered parle même de 10 000-12 000 $ une fois que les ETF commenceront à voir des inflows massifs (ce qui arrivera forcément quand les frais seront imperceptibles).
Conclusion : Fusaka n’est pas la fin, c’est le début du vrai Ethereum
Non, nous n’irons probablement pas à 7000 $ dès la semaine prochaine. Mais quelque chose de beaucoup plus important est en train de se produire : Ethereum est en train de devenir enfin la plateforme qu’on nous promettait depuis 2017.
Des frais ridiculement bas. Une vitesse folle. Une sécurité inégalée. Et surtout : de la place pour des centaines de millions de nouveaux utilisateurs sans compromettre la décentralisation.
Si vous cherchez encore la prochaine grande vague crypto, elle ne se passera pas sur une nouvelle L1 ultra-rapide. Elle se passera sur Ethereum, une fois que Fusaka aura révélé tout son potentiel.
Le compte à rebours est lancé.
