L’entrée en vigueur du règlement sur les marchés de crypto-actifs (MiCA) en Europe marque un tournant pour l’industrie. Et déjà, un acteur majeur s’illustre en étant le premier à se mettre en totale conformité. Circle, l’émetteur des stablecoins USDC et EURC, vient en effet d’annoncer avoir obtenu une licence d’établissement de monnaie électronique via le régulateur français. Une avancée significative qui ouvre la voie à une adoption plus large des crypto-monnaies dans un cadre réglementé.
Circle montre l’exemple en embrassant MiCA
Basée aux États-Unis, la société Circle n’a pas attendu pour se mettre en règle avec la nouvelle réglementation européenne sur les crypto-actifs. Dès l’entrée en application de MiCA, elle a ainsi pu annoncer fièrement avoir décroché le précieux sésame : un agrément d’établissement de monnaie électronique (EMI) accordé par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le gendarme français des banques et assurances.
Cela fait de Circle la toute première entreprise crypto à atteindre une conformité totale avec le cadre réglementaire ambitieux et exigeant qu’est MiCA. Un signal fort envoyé au marché, qui montre la voie à suivre pour bâtir les fondations durables d’une industrie des actifs numériques en Europe.
L’USDC et l’EURC accessibles aux pros européens
Concrètement, cette mise en conformité permet à Circle de proposer son service Circle Mint aux clients professionnels dans toute l’Europe. Ceux-ci pourront ainsi émettre, utiliser et racheter instantanément les stablecoins USDC et EURC, adossés respectivement au dollar et à l’euro. Circle Mint s’appuie sur des capacités bancaires locales pour un accès fluide à la monnaie.
Pour Jeremy Allaire, co-fondateur et PDG de Circle, cette étape marque l’aboutissement d’une démarche entamée dès la création de l’entreprise. « Depuis notre fondation, Circle a cherché à construire une infrastructure durable, conforme et bien réglementée pour les stablecoins », souligne-t-il. L’adhésion à MiCA représente « une étape importante dans l’intégration de la monnaie numérique à l’échelle et à l’acceptation grand public ».
D’autres acteurs suivent le mouvement
Si Circle fait figure de pionnier, d’autres émetteurs de stablecoins européens sont sur les starting-blocks. C’est le cas de la Société Générale avec son EURCV (EUR CoinVertible). Lancé en avril 2023 sur la blockchain Ethereum, il était jusqu’à présent réservé aux clients institutionnels de la banque. Mais le groupe français vient de faire évoluer son offre pour donner à l’EURCV toutes les caractéristiques d’un « stablecoin ouvert ».
Comme Circle, SG Forge (la filiale crypto de la Société Générale) a décroché l’agrément PSAN en France et restructuré son stablecoin en monnaie électronique. De quoi lui permettre de se positionner rapidement en conformité avec MiCA.
L’Europe s’impose, mais la route est longue
Si ces avancées sont encourageantes pour l’Europe, il faut néanmoins les remettre en perspective. Aujourd’hui, l’USDC de Circle ne pèse “que” 32 milliards de dollars en capitalisation, contre 112 milliards pour son rival USDT de Tether, qui domine toujours largement le marché des stablecoins.
De plus, malgré l’entrée en vigueur de MiCA, les stablecoins conformes ne représentent encore qu’une part infime des transactions mondiales en crypto-monnaies, de l’ordre de 1%. Le chemin vers une adoption massive et une primauté des acteurs européens réglementés est donc encore long et semé d’embûches.
Néanmoins, l’initiative de Circle et les premiers pas d’autres émetteurs montrent que l’Europe a une carte à jouer pour peser dans ce secteur stratégique. Avec un cadre réglementaire solide et des acteurs de poids jouant le jeu de la conformité, elle pourrait à terme s’imposer comme une place de choix pour le développement des crypto-actifs. Un enjeu crucial pour ne pas laisser ce pan prometteur de la finance décentralisée aux mains des géants américains ou asiatiques.
En résumé :
- Circle est le premier acteur crypto majeur à être pleinement conforme à MiCA
- Il a obtenu une licence d’établissement de monnaie électronique en France
- Son service Circle Mint est désormais accessible aux pros européens
- D’autres, comme la Société Générale avec l’EURCV, suivent le mouvement
- Mais les stablecoins européens réglementés restent minoritaires sur le marché mondial