Face à l’essor fulgurant des cryptomonnaies ces dernières années, l’ONU s’interroge : et si cette technologie pouvait être mise au service du développement humain ? C’est la question que se pose le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), qui souhaite explorer le potentiel des actifs numériques pour améliorer les conditions de vie des populations, en particulier celles n’ayant pas accès aux services bancaires traditionnels.
Un appel à étudier l’impact des cryptos sur le développement
Dans un billet de blog publié sur le site officiel du PNUD, Kanni Wignaraja, Sous-Secrétaire générale de l’ONU et Directrice régionale pour l’Asie et le Pacifique, souligne l’importance de se pencher sur la façon dont les cryptomonnaies, les monnaies numériques de banque centrale (CBDC) et les stablecoins pourraient avoir un impact positif sur le développement humain. Elle rappelle l’énorme valeur économique que représentent des actifs comme le Bitcoin (BTC) et l’Ethereum (ETH), qui totalisaient 3 900 milliards de dollars de capitalisation en décembre.
Imaginez ce que cela donnerait si ne serait-ce qu’une fraction de cette valeur était orientée vers l’éducation, la santé, le renforcement des compétences et l’emploi.
Kanni Wignaraja, Sous-Secrétaire générale de l’ONU
Des bénéfices à exploiter, des risques à maîtriser
Bien qu’elle soit consciente des risques liés à la volatilité du marché des cryptomonnaies et à leur utilisation potentielle à des fins criminelles, Mme Wignaraja estime que les avantages offerts par cette technologie méritent d’être étudiés. Parmi eux, la possibilité d’effectuer des transferts transfrontaliers instantanés et d’aider les communautés non bancarisées à sécuriser leurs moyens de subsistance en période de crise économique.
Les cryptomonnaies pourraient contribuer positivement au développement humain, à condition de mettre en place :
- Un cadre réglementaire non conventionnel, garantissant la stabilité financière
- Des garde-fous stricts pour tester les fonds en crypto et évaluer leur impact
- Une utilisation responsable des stablecoins pour renforcer la résilience financière
Les CBDC et la blockchain au cœur des réflexions
La responsable onusienne souligne également le développement des CBDC dans plusieurs pays asiatiques clés comme la Chine, l’Inde ou le Japon. Selon elle, ces monnaies numériques pourraient améliorer la responsabilité et réduire la corruption. Par ailleurs, le PNUD travaille déjà à l’extension de la technologie blockchain et décentralisée pour suivre les fonds et lutter contre les malversations.
En novembre 2024, l’organisation a d’ailleurs lancé une “blockchain academy” en partenariat avec l’Algorand Foundation, afin de former 24 000 membres du personnel de l’ONU dans le monde aux compétences nécessaires pour comprendre cette technologie.
Vers une approche novatrice et mesurée
Si le PNUD se montre ouvert à l’utilisation des cryptomonnaies au service du développement, il insiste sur la nécessité d’une approche prudente et encadrée. L’objectif est de tirer parti du potentiel de ces actifs numériques pour le bien commun, sans pour autant mettre en péril la stabilité financière ou favoriser les activités illicites. Un défi ambitieux, qui nécessitera certainement de repenser les cadres réglementaires traditionnels.
L’appel du PNUD à explorer cette voie témoigne en tout cas d’une prise de conscience croissante, au plus haut niveau, de l’impact potentiel des cryptomonnaies sur nos sociétés. Reste à trouver le bon équilibre entre innovation et maîtrise des risques, pour faire de cette technologie un véritable levier de développement humain à l’échelle planétaire.