L’interopérabilité entre les différentes blockchains est un sujet brûlant dans l’univers des cryptomonnaies et du web3. Malgré les nombreux efforts déployés ces dernières années, avec l’émergence de protocoles, plateformes et solutions dédiées, force est de constater que cet objectif crucial n’est pas encore pleinement atteint. Quels sont les obstacles qui persistent et quelles pistes s’avèrent les plus prometteuses pour y remédier ? Décryptage.
Les enjeux d’une véritable interopérabilité
Si l’on ne peut nier les progrès fulgurants réalisés par la blockchain ces dernières années, que ce soit en finance décentralisée (DeFi), dans les réseaux d’infrastructures physiques décentralisés ou encore avec la tokenisation d’actifs réels, un constat s’impose. Comment envisager une adoption massive si les actifs ne peuvent pas être transférés de façon fluide entre les principales blockchains comme Ethereum (ETH) et Solana (SOL) ?
Car c’est bien là que le bât blesse. Qu’il s’agisse des ponts inter-chaînes comme Wormhole, des solutions de niveau 2 telles qu’Arbitrum, des blockchains axées sur l’interopérabilité à l’instar de Polkadot (DOT) ou encore des protocoles d’interopérabilité comme Chainlink (LINK), chacune de ces solutions ne résout qu’un aspect du problème.
Les limites des solutions actuelles
Les failles de sécurité liées aux ponts inter-chaînes et aux sidechains ont été maintes fois démontrées. S’appuyant sur des smart contracts complexes et des dépositaires centralisés pour détenir les fonds lors des transferts, ils créent un point unique de défaillance que les hackers peuvent et ont déjà exploité. Le hack de Ronin Bridge en 2022, où quelque 625 millions de dollars en cryptomonnaies ont été dérobés via une clé privée piratée, illustre bien les risques encourus.
Des blockchains comme Polkadot ou Cosmos ont certes mis en œuvre des mécanismes innovants et sophistiqués pour tenter de résoudre le casse-tête de l’interopérabilité. Mais l’interopérabilité de Polkadot se limite à son écosystème et n’est pas évolutive. Quant à Cosmos, s’il offre un peu plus de flexibilité, il souffre de faiblesses en termes de sécurité et n’a pas rempli sa mission de devenir “l’Internet des blockchains”.
Le problème majeur de cette interopérabilité limitée est qu’elle fragmente l’espace en écosystèmes disparates, transformant de fait le secteur en un nombre croissant d’îlots de liquidité isolés. Les parachains de Polkadot peuvent certes communiquer entre elles, mais pouvoir transférer des actifs et des données entre des réseaux de blockchain comme Ethereum ou Binance serait infiniment plus bénéfique pour l’ensemble de l’espace web3.
Les bénéfices d’une interopérabilité aboutie
Résoudre cette question permettrait des transferts d’actifs transparents en les rendant plus rapides, moins coûteux et plus sûrs, améliorant même l’utilité des stablecoins, altcoins et tokens sur plusieurs chaînes. En outre, l’interopérabilité renforcerait considérablement le rôle des protocoles DeFi en permettant la création de pools de liquidité unifiés, ce qui créerait des marchés plus profonds et plus stables et réduirait le slippage dans les trades importants.
Briser ces barrières de liquidité ne se résume pas à une circulation plus fluide des fonds et à une valorisation accrue des tokens. Cela peut également se traduire par une dépendance réduite aux exchanges centralisés, qui servent essentiellement de ponts risqués, une scalabilité améliorée, une expérience utilisateur plus conviviale et un plus grand potentiel d’innovation dans l’ensemble du web3.
Des pistes prometteuses à l’horizon
Si l’interopérabilité semble de moins en moins une priorité alors que d’autres développements et tendances du web3 font les gros titres, la R&D en coulisses n’en demeure pas moins intense. Divers projets développent leurs propres solutions, mais aucun cadre ne s’est encore imposé comme norme universelle.
Kima, par exemple, représente l’un des protocoles d’interopérabilité les plus prometteurs, développant actuellement une solution pour unifier l’ensemble de l’écosystème blockchain. En tant que protocole de transfert d’argent et de paiement peer-to-peer agnostique aux actifs, Kima a mis au point une solution décentralisée flexible pour déplacer des actifs entre blockchains sans recourir à des smart contracts. S’appuyant sur sa couche de règlement décentralisée, son rail de paiement universel et son “liquidity cloud”, Kima a fait l’objet de trois années intenses de R&D en vue du lancement prochain de son mainnet et de son token.
Kima a obtenu le soutien pré-lancement de toutes les principales blockchains et développe des partenariats avec un large éventail d’acteurs du web3 et de la TradFi, car son protocole est également conçu pour relier les actifs numériques aux systèmes fiduciaires comme les comptes bancaires et les cartes de crédit. En facilitant les transferts fluides entre monnaies fiduciaires et cryptomonnaies, Kima se positionne comme un élément d’infrastructure crucial à l’intersection de la DeFi et de la finance traditionnelle.
Une interopérabilité à portée de main ?
Favoriser une véritable interopérabilité de la blockchain est certes un défi, mais des progrès sont en cours. Cela nécessite une large collaboration entre les réseaux concurrents et un engagement en faveur d’une norme universelle. La standardisation des protocoles de communication, la garantie du plus haut degré de sécurité et la maximisation de la décentralisation constituent un bon point de départ. La poursuite des investissements dans la recherche, associée à une communauté florissante de développeurs dévoués, permet d’être suffisamment optimiste quant à la possibilité d’une interopérabilité véritable.
En résumé :
- L’interopérabilité entre blockchains reste un défi malgré de nombreux efforts
- Les solutions actuelles (ponts, sidechains, blockchains dédiées…) présentent des limites
- Une interopérabilité aboutie apporterait de nombreux bénéfices (transferts fluides, pools de liquidité unifiés…)
- Des protocoles prometteurs comme Kima ouvrent de nouvelles perspectives
Une chose est sûre : l’avenir de la blockchain et du web3 se jouera en grande partie sur sa capacité à réaliser cet objectif d’une interopérabilité universelle et transparente. Le premier protocole ou réseau qui y parviendra disposera d’un avantage décisif et révolutionnera le secteur en profondeur. Les prochains mois s’annoncent déterminants sur ce plan et il conviendra de suivre avec attention les avancées des différents acteurs positionnés sur ce créneau. L’interopérabilité, prochaine frontière du web3 ?