L’Europe est-elle en train de perdre la bataille économique du 21ème siècle ? C’est ce que semble penser Jorge Dezcallar de Mazarredo, ancien directeur des services de renseignement espagnols. Dans une interview choc accordée à la BBC, cet observateur avisé des relations internationales prédit qu’« en 2050, aucune économie européenne ne figurera parmi les dix premières du monde ». Une déclaration qui sonne comme un coup de tonnerre dans un ciel déjà assombri par de nombreux nuages.
L’Europe face à ses démons économiques
Il faut dire que les signaux d’alarme se multiplient pour le Vieux Continent. Entre une croissance anémique, un chômage persistant, un endettement record et des défis démographiques majeurs, l’Europe semble s’enfoncer dans une spirale négative. Même des bastions traditionnels comme l’Allemagne ou la France peinent à maintenir leur rang dans la compétition mondiale.
Face à cette sinistrose ambiante, certains placent leurs espoirs dans des relais de croissance innovants, à l’image des cryptomonnaies et de la blockchain. Mais là encore, l’Europe semble à la traîne, incapable de définir une stratégie claire et ambitieuse pour tirer profit de ces technologies de rupture.
Un modèle social en question
Pour Jorge Dezcallar, le mal est plus profond. C’est le modèle social européen lui-même qui serait en cause, jugé trop coûteux et pas assez compétitif dans un monde globalisé. Avec 6% de la population mondiale mais 50% des dépenses sociales, l’Europe vivrait au-dessus de ses moyens.
Un constat sévère qui appelle des réformes structurelles profondes. Mais les résistances sont fortes, comme l’ont montré les mouvements sociaux récents en France ou en Espagne. L’Europe semble prisonnière de ses acquis, incapable de se réinventer pour affronter les défis du futur.
Bitcoin, le chaînon manquant ?
Dans ce contexte morose, Bitcoin apparaît comme un ovni économique. Avec sa promesse de décentralisation et de souveraineté monétaire, la cryptomonnaie phare bouscule les schémas établis. De plus en plus d’acteurs, des particuliers aux entreprises en passant par les États, voient en elle un outil de diversification et de résilience face aux turbulences.
Le potentiel de Bitcoin en quelques chiffres clés :
- Une capitalisation de plus de 1000 milliards de dollars
- Des millions d’utilisateurs dans le monde
- Une adoption croissante par les entreprises et les investisseurs institutionnels
- Des expérimentations étatiques, du Salvador à la Chine
Pourtant, l’Europe peine à saisir cette opportunité. Malgré quelques avancées timides, comme la réglementation MiCA, le Vieux Continent reste à la traîne dans la course mondiale aux cryptoactifs. Une frilosité qui pourrait lui coûter cher à l’avenir, alors que des puissances comme les États-Unis ou la Chine accélèrent sur le sujet.
L’euro numérique, un pari risqué
Plutôt que d’embrasser l’innovation décentralisée incarnée par Bitcoin, l’Europe semble miser sur un projet d’euro numérique piloté par la BCE. Une initiative qui soulève de nombreuses questions, tant sur le plan technique que politique. Beaucoup y voient une tentative de maintenir le statu quo et de préserver le pouvoir des banques centrales, au détriment des citoyens et de l’économie réelle.
Une mise en garde que les décideurs européens seraient bien avisés d’écouter. Car le temps presse. Comme le souligne Jorge Dezcallar, « la guerre en Ukraine n’est que la partie émergée de l’iceberg, le symptôme d’un basculement géopolitique profond ». Dans ce monde en mutation, où les cartes sont rebattues, l’Europe doit impérativement retrouver le chemin de l’audace et de l’innovation si elle veut peser demain.
Restaurer la souveraineté européenne à l’ère numérique
Cela passe par une réappropriation des enjeux technologiques et monétaires. L’Europe ne peut plus se permettre de déléguer son destin numérique à des acteurs extérieurs, qu’il s’agisse de géants américains ou chinois. Elle doit bâtir sa propre souveraineté, en s’appuyant sur ses atouts et ses valeurs.
Bitcoin et les crypto-actifs offrent une opportunité historique de réaliser cette ambition. En s’emparant de ces innovations de rupture, en les encadrant intelligemment, l’Europe peut reprendre la main sur son avenir économique et financier. Elle peut poser les bases d’un nouveau contrat social, plus juste, plus transparent, plus résilient.
Mais pour cela, il faudra vaincre les résistances et les conservatismes. Il faudra faire preuve de pédagogie et de volontarisme politique. Il faudra convaincre les citoyens, les entreprises, les élus, que l’immobilisme n’est pas une option. Que le statu quo mène à l’impasse.
Écrire une nouvelle page de l’aventure européenne
L’Europe a tous les atouts pour réussir sa mue numérique. Elle dispose d’un réservoir unique de talents, d’idées, d’énergies créatives. Elle peut s’appuyer sur un socle de valeurs humanistes et démocratiques qui font sa force et sa singularité dans le concert des nations.
Mais pour libérer ce potentiel, elle doit retrouver le goût du risque et de la conquête. Elle doit se réinventer sans se renier. Faire le pari de l’intelligence collective et de l’émancipation technologique. Écrire un nouveau logiciel mental, économique et social à la hauteur des enjeux du 21ème siècle.
La prédiction pessimiste de Jorge Dezcallar n’est pas une fatalité. C’est un avertissement salutaire, une invitation à réagir pendant qu’il est encore temps. L’Europe a rendez-vous avec l’Histoire. À elle de saisir sa chance et de reprendre son destin en main. En embrassant la disruption Bitcoin, elle peut ouvrir un nouveau chapitre de son aventure séculaire.
Le futur n’est pas écrit. Il reste à inventer, à façonner, par la volonté et l’audace collectives. Aux Européens de choisir leur camp. Celui du déclin et de la résignation ? Ou celui de l’innovation et du renouveau démocratique ? L’heure des choix a sonné. Et Bitcoin pourrait bien être la clé d’un destin retrouvé sur la scène mondiale.