Alors que les crypto-monnaies ne cessent de gagner en popularité, un débat majeur agite le monde de la finance décentralisée : les stablecoins privés seront-ils supplantés par les monnaies numériques de banque centrale (MNBC) ou assisterons-nous à une cohabitation entre ces deux formes d’actifs numériques ? C’est la question brûlante qui a animé un panel d’experts lors de la conférence Money20/20, réunissant des acteurs clés tels qu’Alisa DiCaprio de R3, Siân Jones de XReg Consulting et Ran Goldi de Fireblocks. L’occasion de faire le point sur l’état actuel et l’avenir de ces innovations monétaires.
Des stablecoins en plein essor
Ran Goldi, représentant Fireblocks, a mis en lumière l’adoption croissante des stablecoins comme l’USDC et l’USDT. Selon lui, « 30 millions de personnes dans le monde utilisent des stablecoins », avec des transactions mensuelles atteignant les 3 300 milliards de dollars. Il a souligné les principaux cas d’usage, notamment les paiements transfrontaliers et les versements aux particuliers, montrant ainsi comment les stablecoins permettent de contourner les systèmes traditionnels.
Les stablecoins ont connu une croissance fulgurante récemment, avec environ 3 300 milliards de dollars échangés chaque mois, selon Visa. Les principaux cas d’utilisation sont les paiements transfrontaliers, les versements et l’acceptation par les commerçants.
Ran Goldi, Fireblocks
Une adoption des MNBC encore timide
De son côté, Alisa DiCaprio a nuancé cet enthousiasme en évoquant la situation des MNBC. Si l’intérêt est significatif, l’adoption reste faible pour le moment.
« L’adoption des MNBC est inférieure à 0,2% de la monnaie en circulation dans chaque économie où elles sont en vigueur », a-t-elle précisé, citant les préoccupations en matière de confidentialité et les complexités de mise en œuvre comme principaux freins.
Alisa DiCaprio a souligné que « la plupart des MNBC sont encore au stade de la recherche » et qu’« aucune économie avancée ne s’y est réellement lancée ».
La vision prudente mais optimiste des régulateurs
Siân Jones a abordé la perspective des régulateurs, décrivant leur optimisme prudent. Ceux-ci sont intéressés par les avantages potentiels des MNBC, comme l’amélioration de l’efficacité des paiements et l’inclusion financière. Mais ils sont aussi conscients des défis inhérents et se concentrent avant tout sur l’atténuation des risques.
Siân Jones a insisté sur l’importance d’atténuer les risques et sur l’improbabilité qu’une seule forme de monnaie numérique s’impose de manière dominante.
L’impact des dynamiques géopolitiques
Les intervenants ont aussi abordé les dynamiques géopolitiques, Ran Goldi notant l’impact de la réglementation européenne qui oblige les émetteurs de stablecoins à se conformer aux standards européens.
Cela conduit à une nouvelle vague de concurrence entre stablecoins, ce que j’appelle la deuxième guerre des stablecoins.
Ran Goldi, Fireblocks
En conclusion, les panélistes ont convenu que malgré les avantages et obstacles distincts liés aux stablecoins et MNBC, les progrès constants apportent des changements considérables aux systèmes financiers traditionnels.
Voici les principaux enseignements à retenir :
- Les stablecoins connaissent une adoption rapide avec 30 millions d’utilisateurs et 3 300 milliards de dollars de transactions mensuelles.
- Les MNBC suscitent l’intérêt mais leur déploiement reste limité, en dessous de 0,2% de la monnaie en circulation.
- Les régulateurs sont prudents mais optimistes sur le potentiel des MNBC pour les paiements et l’inclusion financière.
- La réglementation européenne sur les stablecoins intensifie la concurrence dans ce secteur.
Une chose est sûre : la course entre stablecoins privés et monnaies numériques des banques centrales est lancée. Reste à savoir qui en sortira vainqueur ou si une cohabitation harmonieuse est possible. Une question passionnante à suivre de près pour comprendre l’avenir de la monnaie à l’ère numérique.