Derrière le fléau des arnaques qui gangrènent l’univers des cryptomonnaies se cache parfois une réalité bien plus sombre qu’il n’y paraît. C’est ce que révèle Andrea Camacho Mattos, Product Manager chez Elliptic, lors d’une intervention choc à l’EthCC 2024 de Bruxelles. Selon l’expert, un grand nombre de scammers crypto seraient en réalité les premières victimes d’organisations criminelles sans pitié.
100 000 personnes kidnappées pour arnaquer en crypto
Les chiffres avancés par Andrea Camacho Mattos ont de quoi donner froid dans le dos. Rien qu’au Cambodge, on estime que 100 000 individus auraient été enlevés et contraints de se livrer à des activités frauduleuses liées aux cryptoactifs. Un phénomène qui toucherait des familles entières, menacées de tortures et d’exécutions si elles refusent d’obtempérer.
L’objectif des ravisseurs est clair : générer un maximum de profits en dupant le plus grand nombre de victimes possible via les cryptos. Une situation face à laquelle les autorités locales sont bien souvent impuissantes, quand elles ne sont pas elles-mêmes corrompues par ces organisations disposant de moyens colossaux.
Des bâtiments dédiés aux arnaques crypto
Lors de sa présentation, Andrea Camacho Mattos a projeté des clichés inquiétants, montrant des bâtiments entiers dévolus à ces activités illicites. Des lieux sordides qui se multiplient sous les yeux des populations en Asie du Sud-Est, sans que personne ne puisse s’y opposer. Comme le souligne l’expert :
Quand vous possédez des sommes équivalentes à une grande part du PIB du pays, il est facile d’acheter le silence de n’importe qui.
Le cartel et le Fentanyl, l’autre visage des crypto-crimes
Mais les révélations glaçantes d’Andrea Camacho Mattos ne s’arrêtent pas là. Il établit aussi un lien étroit entre la crise du Fentanyl qui ravage l’Amérique et l’utilisation des cryptomonnaies. Selon lui, les cartels mexicains emploient massivement les cyberdevises pour blanchir l’argent de ce trafic meurtrier, responsable de plus de 80 000 morts par overdose aux États-Unis en 2022.
Le schéma est bien rôdé :
- Les précurseurs chimiques sont achetés en Chine et acheminés au Mexique
- Le Fentanyl y est produit puis expédié partout dans le monde
- Les paiements internationaux transitent en cryptos, avec la complicité des cartels
Un phénomène d’une ampleur considérable, puisque d’après les estimations d’Elliptic, 71,4% des dealers accepteraient des paiements en cryptomonnaies. Sur les 67 milliards de dollars que représente ce marché illicite, 32 millions auraient ainsi été encaissés en cyberdevises par les trafiquants rien qu’en 2022.
La blockchain, un outil à double tranchant
Face à ce constat alarmant, Andrea Camacho Mattos tient toutefois à souligner que la technologie blockchain représente aussi un précieux allié pour traquer les criminels. Grâce à la transparence des registres, il est en effet possible de suivre la trace des flux financiers suspects, ouvrant la voie à de potentielles arrestations.
Mais en attendant, ce sont bien les vies brisées des “petites mains” du crime crypto qui doivent nous interpeller. Des individus souvent enrôlés de force dans un engrenage infernal, et qui méritent eux aussi qu’on leur tende la main. Un message fort qu’a voulu faire passer Andrea Camacho Mattos, pour que derrière chaque arnaque, on n’oublie pas le visage humain de ceux qui n’ont pas eu d’autre choix que d’y prendre part.