Imaginez un monde où votre monnaie est entièrement numérique, émise directement par votre banque centrale nationale. C’est la promesse des Monnaies Numériques de Banque Centrale (MNBC), une révolution financière qui prend de l’ampleur à travers le globe. Pas moins de 134 pays et unions monétaires explorent actuellement cette option, avec déjà trois pionniers ayant franchi le pas : la Jamaïque, les Bahamas et le Nigeria.
Un Potentiel Transformateur pour l’Inclusion Financière
Les motivations derrière cette transition numérique sont multiples et parfois divergentes. Mais un objectif majeur se dégage : renforcer l’inclusion financière. En proposant une option de paiement numérique accessible aux personnes non bancarisées, les MNBC ouvrent la voie à une démocratisation des services financiers. Finis les intermédiaires bancaires pour les transactions, place aux transferts directs de fonds, comme les aides sociales par exemple.
L’Éthiopie, deuxième nation la plus peuplée d’Afrique et cinquième économie du continent, a récemment fait la une en approuvant un cadre de politique monétaire incluant un projet de MNBC. Une décision qui pourrait doper l’inclusion financière et l’efficacité économique dans ce pays en reconstruction après un conflit civil. La Banque Nationale d’Éthiopie y voit une opportunité de libéraliser l’économie et d’attirer les investissements étrangers.
Vers une Économie plus Transparente et Innovante
Au-delà de l’inclusion, les MNBC promettent aussi de renforcer la transparence économique. Grâce à l’immuabilité de la blockchain, elles pourraient aider à lutter contre le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et autres crimes financiers. De plus, elles favoriseraient l’essor du secteur fintech en poussant l’innovation financière.
Des Défis de Taille à Relever
Mais attention, l’adoption des MNBC n’est pas sans risques. Qu’elles soient destinées aux particuliers, aux entreprises ou les deux, elles peuvent permettre aux gouvernements d’exercer un contrôle accru sur les systèmes financiers. Du point de vue des crypto-monnaies, si les MNBC devenaient la norme, elles pourraient perturber l’espace florissant de la finance décentralisée (DeFi).
Le cas du Nigeria devrait servir d’avertissement. La banque centrale contrôle tous les nœuds et bloque l’accès aux données de la blockchain, suscitant des inquiétudes quant à un contrôle centralisé autoritaire.
Pour les pays envisageant d’émettre des MNBC, l’interopérabilité est clé. Elles doivent être compatibles avec tous les systèmes financiers numériques, y compris les blockchains publiques. Cela passe par une collaboration avec les banques, les fintechs et les fournisseurs de technologie blockchain pour assurer une intégration harmonieuse avec les systèmes traditionnels, la DeFi et les autres rails de paiement numérique.
Le protocole d’interopérabilité Kima, qui relie crypto et monnaies fiduciaires, illustre le type d’infrastructure technologique nécessaire pour que les MNBC facilitent de réelles avancées économiques :
- Kima a participé avec succès à un projet pilote de la Banque d’Israël évaluant la faisabilité d’une MNBC.
- Sa couche de règlement décentralisée a géré une transaction liant MNBC, actif tokenisé, portefeuille numérique et compte bancaire.
- C’est ce type de processus que les gouvernements doivent viser pour toute initiative de MNBC.
Bâtir des Ponts pour un Avenir Financier Inclusif
En fin de compte, les MNBC recèlent un potentiel transformateur pour démocratiser l’accès aux services financiers et moderniser les systèmes de paiement. Mais leur succès dépendra de la capacité des gouvernements à les implémenter de manière ouverte et interopérable, en évitant les écueils d’un contrôle centralisé excessif.
S’ils veulent réellement préparer leurs économies pour l’avenir, les États doivent utiliser les MNBC pour jeter des ponts entre les anciens et les nouveaux systèmes financiers, de manière sécurisée et accessible. C’est à ce prix que la promesse d’une révolution financière inclusive pourra se concrétiser.
