Le projet Worldcoin, rebaptisé World (WLD), ne cesse de faire parler de lui, et pas toujours en bien. Derrière son ambition de donner à chaque être humain une identité numérique unique basée sur un scan de l’iris, les autorités de différents pays s’inquiètent de ses pratiques en matière de collecte et de gestion des données personnelles. Après l’Espagne en juin dernier, c’est au tour de l’Allemagne de placer Worldcoin sous le feu des projecteurs.
L’autorité bavaroise de protection des données (BayLDA) mène l’enquête
Fin avril 2023, l’Office bavarois de contrôle de la protection des données (BayLDA) a ouvert une enquête sur les activités de Worldcoin en Allemagne, s’interrogeant sur la conformité du projet avec le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Huit mois plus tard, les conclusions sont tombées, et elles ne sont guère réjouissantes pour la World Foundation.
Dans un communiqué officiel publié le 19 décembre 2024, le BayLDA annonce son intention de prendre des mesures coercitives à l’encontre de World, pointant du doigt de « fortes inquiétudes concernant la gestion des données personnelles collectées ».
Les principales critiques émises par l’autorité bavaroise :
- Non-conformité de la World Foundation avec le RGPD
- Absence de procédure adéquate de suppression des données
- Manque de preuve d’un consentement explicite pour la collecte de données biométriques
Une mise en conformité exigée sous 30 jours
Pour se mettre en règle, Worldcoin n’a pas le choix : le BayLDA lui a imposé un délai d’un mois pour mettre en place une procédure de suppression des données conforme aux standards du RGPD. Un sacré défi quand on connaît la complexité du règlement européen et les enjeux liés aux données biométriques.
Par ailleurs, l’obligation de fournir des preuves de consentement explicite pour certaines étapes de la collecte de données biométriques risque de compliquer sérieusement la tâche des équipes de World. C’est pourtant une condition sine qua non pour opérer en toute légalité sur le territoire européen.
Worldcoin, un projet sous haute surveillance
Les déboires allemands de Worldcoin ne sont que les derniers d’une longue série. Depuis son lancement en 2019 par Sam Altman, le projet ne cesse de susciter la méfiance des régulateurs, notamment en raison de ses fameux scans d’iris réalisés via un appareil sphérique baptisé « Orb ».
- Les opérations de Worldcoin sont suspendues en Espagne depuis juin 2024 pour des raisons similaires
- En juillet 2024, le projet a dû faire face à des accusations de délits d’initiés
- De nombreux pays s’interrogent sur les risques liés à la collecte massive de données biométriques
Dans ce contexte, il est clair que Worldcoin n’a pas fini de faire couler de l’encre. Le projet devra redoubler d’efforts pour rassurer les autorités et prouver sa bonne foi en matière de protection des données personnelles. Un défi de taille, mais une étape indispensable pour espérer s’imposer durablement dans le paysage des cryptomonnaies.
Une chose est sûre : entre son modèle controversé et la pression réglementaire croissante, Worldcoin a encore du pain sur la planche. Reste à savoir si le projet saura trouver le juste équilibre entre innovation technologique et respect de la vie privée. L’avenir nous le dira, mais une chose est certaine : les autorités, en Allemagne comme ailleurs, ne le lâcheront pas de sitôt.