L’année 2024 avait tous les ingrédients pour être celle de la consécration des layers-2 (L2) sur Ethereum. Avec l’envol des rollups et une TVL cumulée dépassant les 60 milliards de dollars, le moment semblait idéal pour lancer les jetons natifs tant attendus. Pourtant, si les airdrops de Starknet, ZKsync, Scroll et autres L2 ont bien eu lieu, ils n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes, laissant parfois un goût amer aux communautés.
Une pluie de jetons sur les L2 d’Ethereum
L’année a commencé en fanfare avec l’airdrop XXL de Starknet qui a distribué pas moins de 700 millions de jetons STRK. Mais rapidement, des voix se sont élevées pour critiquer le processus de sélection des adresses éligibles ainsi que des récompenses jugées insuffisantes. Une situation qui a divisé la communauté de ce rollup zkEVM prometteur.
La suite de l’année a vu se succéder les airdrops, de Mode Network à Blast en passant par l’attendu ZKsync Era. Mais à chaque fois, le succès n’était pas forcément au rendez-vous. Entre frustration des utilisateurs et chute vertigineuse du cours des jetons après leur lancement, le bilan est mitigé.
La malédiction des airdrops farming
Car le vrai problème qui est apparu en 2024, c’est que les airdrops ne suffisent plus à fidéliser une base d’utilisateurs. Trop de “farmers” ne viennent que pour récupérer les jetons gratuits avant de passer à la prochaine opportunité, sans réelle volonté de s’investir dans les projets sur le long terme.
Les chiffres de ZKsync Era sont éloquents. Quelques semaines après son méga airdrop de 3,6 milliards de jetons à près de 700 000 adresses, sa TVL et ses volumes se sont effondrés, les utilisateurs ayant déjà déserté la blockchain.
Communication approximative et frustrations
Au-delà du farming, c’est parfois la gestion même des airdrops qui a posé problème. Entre critères de sélection opaques, promesses non tenues et communication approximative, de nombreux projets se sont aliénés une partie de leur communauté.
Des utilisateurs se sont sentis floués, ayant l’impression que les projets profitaient de l’engouement autour des airdrops sans réelle volonté de récompenser équitablement les early adopters. Un sentiment renforcé par les allocations généreuses réservées aux investisseurs en parallèle des airdrops publics.
Chute des cours et pression vendeuse
Enfin, dernier point noir de cette année airdrop : les cours des jetons de L2 ont globalement chuté après leur lancement. Malgré quelques sursauts portés par un marché haussier, aucun n’a réussi à retrouver durablement son prix initial.
Les raisons de ces contre-performances :
- Pression vendeuse des investisseurs early au déblocage de leurs jetons
- Manque d’utilité réelle des jetons natifs à court terme
- Spéculation et absence de volonté de s’investir dans la gouvernance des projets
Face à ces déconvenues, certains projets ont tenté de rectifier le tir, à l’image de Starknet qui a revu son calendrier de déblocage des jetons des investisseurs. Mais le mal était fait et la confiance durablement ébranlée.
Tirer les leçons pour réinventer la distribution de jetons
Au final, 2024 aura été l’année de tous les extrêmes pour les airdrops de L2. Entre l’euphorie des sommes distribuées et la déception des résultats. Mais cette expérience doit permettre à l’écosystème de tirer des leçons pour l’avenir.
Il est clair que le modèle de l’airdrop massif sans réel engagement des utilisateurs a montré ses limites. Pour créer une vraie dynamique communautaire, les projets devront réinventer leurs mécaniques de distribution et de fidélisation.
Une piste intéressante est celle initiée par Hyperliquid, avec des jetons 100% en main de la communauté. Un moyen de redonner du pouvoir aux utilisateurs, au-delà des investisseurs et des chasseurs d’airdrops. Réduire (sans forcément supprimer) les allocations early, prolonger les périodes de déblocage, mieux valoriser l’engagement… Les leviers sont nombreux pour rendre les futurs airdrops vertueux et durables.
En définitive, malgré ses ratés, 2024 aura eu le mérite de secouer le cocotier et de pousser l’écosystème à se réinventer. Car dans un secteur aussi dynamique et innovant que la crypto, c’est en apprenant de ses échecs que l’on prépare les succès de demain. Vivement 2025 !