Si la condamnation ou non de Gary Wang et Nishad Singh n’aura pas d’incidence directe sur le dossier sensible du remboursement des utilisateurs floués par la faillite de FTX, leur niveau de coopération avec la justice pourrait cependant faciliter la tâche des liquidateurs pour retracer les flux financiers et récupérer les fonds détournés.
À ce jour, le cabinet Sullivan & Cromwell chargé de la liquidation a pu mettre la main sur 7 milliards de dollars d’actifs. Une goutte d’eau comparée aux quelque 9 milliards de dollars de dettes de FTX envers ses clients. Le chemin est encore long et le concours des ex-lieutenants de SBF sera précieux.
Les projecteurs seront braqués sur le tribunal fédéral de New York cet automne, dans l’attente du verdict final pour ces protagonistes de l’affaire. Un épilogue judiciaire qui ne manquera pas de faire couler beaucoup d’encre, à défaut de solder définitivement les comptes du plus grand cataclysme de l’histoire des cryptomonnaies.
Alors que toute l’attention est portée sur la question cruciale du remboursement des clients lésés par la faillite de FTX, un autre volet du scandale crypto le plus retentissant reste encore à écrire : le sort judiciaire des anciens lieutenants de Sam Bankman-Fried, Gary Wang et Nishad Singh. Les deux hommes, qui ont activement collaboré avec la justice en témoignant contre leur ex-patron, espèrent une clémence du tribunal. Mais leur implication dans les malversations au sein de l’empire FTX pourrait leur coûter cher malgré tout. Éclairage sur ce nouvel épisode à venir d’une affaire hors norme.
Gary Wang et Nishad Singh, repentis mais pas innocents
S’ils ont choisi de retourner leur veste pour aider la justice à faire la lumière sur les agissements frauduleux de Sam Bankman-Fried, Gary Wang, cofondateur de FTX, et Nishad Singh, ancien directeur de l’ingénierie, n’en restent pas moins impliqués jusqu’au cou dans les multiples délits et crimes reprochés à SBF. Blanchiment d’argent, fraude, conspiration, violation des lois sur le financement des campagnes électorales… Les deux compères risquent gros, avec des peines pouvant aller jusqu’à plusieurs décennies de prison.
Leur statut de “repentis” pourrait cependant leur valoir une réduction de peine de la part du juge, comme l’explique l’avocat spécialisé Braden Perry :
« Les deux accusés recevront probablement une forte réduction de leur peine sur la base d’une probable motion 5k1.1 du gouvernement. […] Cela signale généralement une assistance et une coopération substantielles avec les autorités. »
Braden Perry, avocat spécialisé
Reste à savoir dans quelle mesure cet “allégement” se traduira dans les faits. Réponse attendue le 30 octobre pour Nishad Singh et le 20 novembre pour Gary Wang, dates de leurs audiences respectives devant le tribunal fédéral de New York.
Des témoignages accablants contre SBF
Pour s’attirer les bonnes grâces de la justice, Gary Wang et Nishad Singh n’ont pas lésiné sur les moyens, livrant des témoignages particulièrement accablants sur les agissements de Sam Bankman-Fried et son train de vie dispendieux aux Bahamas.
Ainsi, d’après Nishad Singh, le penthouse “ostentatoire” partagé avec son patron aurait coûté une fortune, car “Sam adore les belles vues”. L’ex-directeur a aussi rapporté une conversation glaçante avec SBF peu avant la chute de FTX, où il l’aurait interrogé, inquiet, sur les 13 milliards de dollars empruntés par la filiale Alameda, que celle-ci ne serait jamais en mesure de rembourser :
« J’étais horrifié et je me suis senti trahi »
Nishad Singh, ex-directeur de l’ingénierie chez FTX
De son côté, Gary Wang a confirmé l’existence des malversations financières, espérant ainsi troquer des années derrière les barreaux contre sa collaboration avec les enquêteurs.
Quel impact sur le remboursement des clients ?
Si la condamnation ou non de Gary Wang et Nishad Singh n’aura pas d’incidence directe sur le dossier sensible du remboursement des utilisateurs floués par la faillite de FTX, leur niveau de coopération avec la justice pourrait cependant faciliter la tâche des liquidateurs pour retracer les flux financiers et récupérer les fonds détournés.
À ce jour, le cabinet Sullivan & Cromwell chargé de la liquidation a pu mettre la main sur 7 milliards de dollars d’actifs. Une goutte d’eau comparée aux quelque 9 milliards de dollars de dettes de FTX envers ses clients. Le chemin est encore long et le concours des ex-lieutenants de SBF sera précieux.
Les projecteurs seront braqués sur le tribunal fédéral de New York cet automne, dans l’attente du verdict final pour ces protagonistes de l’affaire. Un épilogue judiciaire qui ne manquera pas de faire couler beaucoup d’encre, à défaut de solder définitivement les comptes du plus grand cataclysme de l’histoire des cryptomonnaies.
