Alors que l’élection présidentielle approche au Venezuela, des observateurs s’inquiètent que le président Nicolas Maduro n’utilise les cryptomonnaies pour contourner les sanctions économiques réimposées par les États-Unis. Ces soupçons font suite au refus du dirigeant vénézuélien d’honorer un accord pour des élections libres et équitables.
Maduro sous pression des sanctions américaines
Le désaccord sur le processus électoral a conduit Washington à rétablir fin mai les sanctions sur l’or et le pétrole visant certains membres du gouvernement vénézuélien. Selon un porte-parole du département d’État, Matthew Miller, Maduro et ses représentants n’ont pas pleinement respecté les engagements pris dans le cadre de l’accord sur la feuille de route électorale.
En conséquence, la “licence générale 44”, qui autorisait les transactions liées au secteur pétrolier et gazier avec le Venezuela, a expiré et n’a pas été renouvelée. Les entreprises ont eu 45 jours pour cesser leurs opérations dans ce secteur clé de l’économie vénézuélienne.
Le spectre d’une nouvelle cryptomonnaie d’État
Déjà en 2018, le Venezuela avait tenté de contourner les sanctions américaines en créant sa propre cryptomonnaie, le Petro. Bien que ce projet ait échoué suite à un scandale de corruption, des analystes craignent que le président Maduro ne soit tenté de réitérer l’expérience.
Dilemme pour Maduro à l’approche du scrutin:
- Accepter une éventuelle défaite et négocier une transition pacifique du pouvoir
- Manipuler ou annuler les résultats en cas de victoire de l’opposition
Transactions suspectes liées à l’organisme de régulation SUNACRIP
La société d’analyse blockchain Chainalysis a étudié les mouvements de fonds de la SUNACRIP (Superintendencia de Criptoactivos y Actividades Conexas de Venezuela), l’organe de surveillance des cryptos mis en place par Caracas en 2018. Les données montrent que cet organisme a fréquemment transféré des montants substantiels de jetons entre plusieurs comptes sur différentes plateformes de cryptomonnaies.
Selon Chainalysis, ces transactions étaient liées à des adresses potentiellement contrôlées par la SUNACRIP ou des individus proches. Le montant total traité dépasserait 70 millions de dollars en divers stablecoins. Andrew Fierman, responsable de la sécurité nationale chez Chainalysis, a déclaré à Bloomberg que “certains régimes soumis à des sanctions essaient de les contourner avec la crypto”.
En 2022 déjà, des membres du Congrès américain s’étaient inquiétés de l’utilisation potentielle des cryptomonnaies par des entités sanctionnées pour transférer des fonds hors de Russie. Des projets de loi avaient été déposés pour tenter d’empêcher ce type de contournement des sanctions.
Le Venezuela tenté de suivre l’exemple russe ?
Au Venezuela, les critiques politiques redoutent donc que le président Maduro ne soit tenté d’imiter la stratégie russe en utilisant les cryptoactifs pour échapper à la pression économique. La tentation pourrait être grande, surtout si les sondages venaient à prédire une défaite électorale du dirigeant socialiste.
En résumé :
- Les États-Unis ont réimposé des sanctions sur le pétrole vénézuélien
- Maduro soupçonné de vouloir les contourner via les cryptomonnaies
- 70 millions de dollars de transactions suspectes liées à l’organe de régulation SUNACRIP
- Craintes que Caracas ne suive l’exemple russe pour échapper aux pressions économiques
Alors que l’élection présidentielle vénézuélienne approche, tous les regards sont tournés vers Nicolas Maduro. Le président sortant parviendra-t-il à se maintenir au pouvoir malgré les sanctions internationales ? La tentation d’utiliser les cryptomonnaies comme outil de contournement semble grande. Mais cette stratégie risquerait d’attiser encore davantage les tensions avec Washington et la communauté internationale.