Le scandale Terra (LUNA) qui a secoué le monde des cryptomonnaies en 2022 connaît un nouveau rebondissement. Après des mois de bras de fer judiciaire entre les États-Unis et la Corée du Sud, Do Kwon, le fondateur controversé du projet, a finalement été extradé vers le sol américain le 31 décembre 2024 pour répondre de graves accusations de fraude et manipulation de marché.
Présenté devant le juge du district sud de New York le 2 janvier, celui qui est tenu pour responsable de l’effondrement des cryptomonnaies LUNA et UST a créé la surprise en plaidant non coupable de l’ensemble des neuf chefs d’inculpation retenus contre lui. Une attitude décontractée et souriante qui tranche avec la gravité des faits reprochés et les lourdes peines encourues, pouvant aller jusqu’à 130 ans de prison selon certains observateurs.
Un bras de fer judiciaire de plusieurs mois
L’extradition de Do Kwon vers les États-Unis est l’épilogue de longs mois de procédures complexes entre Washington et Séoul pour obtenir le transfert du suspect numéro un dans l’affaire Terra. Arrêté en mars dernier au Monténégro alors qu’il tentait de prendre un vol pour Dubaï avec de faux papiers, l’entrepreneur sud-coréen de 32 ans s’est retrouvé au cœur d’une bataille juridique entre les deux pays, chacun souhaitant le juger en priorité.
C’est finalement sous la pression américaine que les autorités monténégrines ont tranché, remettant Do Kwon au FBI le 31 décembre. Une source proche du dossier a confié :
Un procès sous haute tension
Maintenant qu’il est entre les mains de la justice américaine, Do Kwon va devoir répondre de neuf chefs d’accusation aussi divers que la fraude, la manipulation de marché, le complot de blanchiment et le mensonge aux investisseurs et aux régulateurs.
Des charges passibles de plusieurs dizaines d’années de prison qui n’ont pas semblé altérer la décontraction et l’optimisme du prévenu lors de sa première comparution le 2 janvier devant le juge Robert Lehrburger. Au contraire, Do Kwon s’est montré souriant et sûr de lui, allant même jusqu’à décliner la possibilité d’une libération sous caution.
Les chefs d’accusation retenus contre Do Kwon :
- Complot en vue de commettre une fraude
- Fraude sur les produits de base
- Fraude par informatique et fraude sur les valeurs mobilières
- Manipulation de marché
- Complot de blanchiment d’argent
Une défense risquée
En plaidant non coupable, Do Kwon a d’emblée placé son procès sous le signe de la confrontation. Une stratégie étonnante et risquée au vu de la gravité des charges et des peines encourues. Surtout que les procureurs américains n’ont pas mâché leurs mots lors de l’audience, qualifiant l’accusé de « maître ès mensonge et manipulation ».
Le représentant du ministère public a enfoncé le clou en déclarant :
De son côté, la défense est restée très discrète sur ses arguments. Certains analystes estiment que Do Kwon pourrait plaider la bonne foi et rejeter la faute sur des erreurs techniques plutôt que des actes intentionnels. Mais convaincre le jury populaire s’annonce compliqué au vu de l’ampleur du désastre Terra/LUNA.
Un procès très attendu et suivi
Prochaine étape cruciale, l’audience préliminaire fixée au 8 janvier où la défense et l’accusation croiseront le fer sur les éléments du dossier et les conditions du procès. Un rendez-vous très attendu par la communauté crypto qui espère des révélations sur les dessous de l’affaire.
Car au-delà du sort de Do Kwon, ce procès est aussi celui du secteur des cryptomonnaies et de ses dérives. Beaucoup espèrent qu’il fera émerger de bonnes pratiques et servira d’électrochoc salvateur. L’enjeu est de taille pour restaurer la confiance et assainir un écosystème fragilisé par les scandales à répétition.
Une chose est sûre, toute la planète crypto aura les yeux rivés sur le tribunal de New York ces prochains mois. Le « procès du siècle » pour les cryptomonnaies qui pourrait être riche en surprises et rebondissements. Affaire à suivre…