Et si le Royaume-Uni, jadis pionnier de la finance mondiale, ratait le train des cryptomonnaies ? C’est l’alerte lancée par George Osborne, ancien chancelier britannique et actuel conseiller de Coinbase. Dans un monde où les actifs numériques redessinent les contours de l’économie, le pays semble hésiter, freiné par une prudence excessive. Alors que les États-Unis, Singapour et Hong Kong accélèrent, le Royaume-Uni peut-il encore se hisser parmi les leaders de cette révolution financière ?

Une course mondiale où le Royaume-Uni perd du terrain

Le monde des cryptomonnaies évolue à une vitesse fulgurante. Les stablecoins, ces actifs numériques arrimés à des monnaies traditionnelles, et les blockchains publiques bouleversent les paradigmes financiers. Pourtant, le Royaume-Uni, autrefois fer de lance de l’innovation financière, semble à la traîne. George Osborne, dans une récente interview relayée par le Financial Times, n’a pas mâché ses mots : le pays risque de manquer le coche s’il ne s’adapte pas rapidement.

Nous sommes devenus le centre financier mondial parce que nous n’avions pas peur du changement. Sur les cryptos et les stablecoins, la dure vérité est que nous sommes complètement à la traîne.

George Osborne, ancien chancelier britannique

Selon Osborne, rejeter la faute sur des régulateurs trop prudents est une excuse facile. Les États-Unis, par exemple, ont déjà mis en place des cadres réglementaires favorisant l’essor des stablecoins. Singapour et Hong Kong ne sont pas en reste, avec des initiatives gouvernementales visant à intégrer les cryptomonnaies dans leurs écosystèmes financiers. Pendant ce temps, le Royaume-Uni tergiverse, sans cadre légal clair ni stratégie audacieuse.

Pourquoi le Royaume-Uni hésite-t-il ?

La prudence britannique s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la Bank of England adopte une posture réservée face aux stablecoins. Andrew Bailey, gouverneur de la banque, a exprimé des doutes quant à leur fiabilité, soulignant qu’ils n’offrent pas les mêmes garanties que les dépôts bancaires traditionnels. De plus, il craint que ces actifs numériques ne viennent concurrencer les monnaies fiat.

Les stablecoins pourraient avoir un rôle à jouer, mais je ne les vois pas remplacer l’argent des banques commerciales.

Andrew Bailey, gouverneur de la Bank of England

Ensuite, l’absence d’un cadre réglementaire unifié freine les progrès. Contrairement à l’Union européenne, qui a adopté le règlement MiCA pour encadrer les cryptomonnaies, le Royaume-Uni n’a toujours pas finalisé de législation spécifique. Une consultation sur la régulation des crypto-actifs a bien été lancée en février 2023, mais en août 2025, aucun projet de loi concret n’a vu le jour. Cette lenteur contraste avec la rapidité des avancées ailleurs.

Les obstacles majeurs à l’adoption des cryptos au Royaume-Uni :

  • Absence de cadre réglementaire clair, contrairement à l’UE avec MiCA.
  • Prudence excessive des régulateurs face aux stablecoins.
  • Retard dans l’autorisation des produits financiers crypto, comme les ETF Bitcoin.
  • Projet de loi visant à interdire l’achat de cryptos avec des fonds empruntés.

Les autres pays montrent la voie

À l’inverse, les États-Unis et plusieurs pays asiatiques ont pris des mesures décisives. Aux États-Unis, les ETF Bitcoin au comptant sont disponibles pour les investisseurs depuis janvier 2024, stimulant l’adoption massive des cryptomonnaies. Hong Kong et Singapour ont mis en place des régulations favorables aux stablecoins, attirant les entreprises technologiques et financières. Abu Dhabi, quant à lui, se positionne comme un hub crypto grâce à des incitations fiscales et réglementaires.

Le Royaume-Uni, en comparaison, n’a autorisé les ETF crypto qu’à partir de mi-2025, avec une mise en œuvre prévue pour octobre 2025. Ce retard pourrait coûter cher, car les investisseurs se tournent vers des juridictions plus accueillantes.

Une interdiction controversée

Un autre point de friction est la proposition des régulateurs britanniques d’interdire aux investisseurs particuliers d’utiliser des cartes de crédit ou des fonds empruntés pour acheter des cryptomonnaies. Annoncée en mai 2025, cette mesure vise à protéger les consommateurs des risques financiers. Cependant, les critiques estiment qu’elle pourrait pousser les investisseurs vers des prêteurs non régulés, augmentant ainsi les risques.

Certains au Royaume-Uni considèrent encore les cryptos comme un produit de jeu, une vision totalement dépassée.

Brian Armstrong, PDG de Coinbase

Le PDG de Coinbase, Brian Armstrong, a vivement critiqué cette approche, soulignant que le Royaume-Uni sous-estime le potentiel des cryptomonnaies pour moderniser le système financier. Cette vision conservatrice s’est également manifestée dans l’interdiction d’une publicité de Coinbase par les réseaux télévisés britanniques, renforçant l’idée d’une résistance culturelle aux actifs numériques.

Les promesses d’un virage stratégique

Face à ces critiques, le gouvernement britannique n’est pas totalement inactif. Rachel Reeves, actuelle chancelière par intérim, a déclaré vouloir faire du Royaume-Uni le meilleur endroit au monde pour innover. Le Trésor britannique travaille sur des règles robustes pour renforcer la confiance des investisseurs et soutenir la croissance du secteur des fintechs.

Les initiatives prometteuses du Royaume-Uni :

  • Consultation en cours pour lever l’interdiction des dérivés crypto pour les particuliers.
  • Partenariat technologique avec les États-Unis dans le cadre d’un accord commercial.
  • Engagement à établir des règles claires pour les cryptomonnaies.

Ces efforts pourraient porter leurs fruits, mais le temps presse. Le Royaume-Uni doit agir rapidement pour ne pas se laisser distancer dans cette course mondiale à l’innovation financière.

Quel avenir pour le Royaume-Uni dans les cryptos ?

Le Royaume-Uni se trouve à un carrefour. Adopter une régulation claire et audacieuse pourrait non seulement rattraper le retard, mais aussi positionner le pays comme un leader dans l’économie numérique. À l’inverse, persister dans une approche trop prudente risque de marginaliser le pays face à des concurrents plus agiles.

Les cryptomonnaies ne sont pas qu’une mode passagère : elles représentent une opportunité de réinventer la finance. Comme le souligne Osborne, le Royaume-Uni a su par le passé saisir les opportunités de transformation. Reste à savoir s’il saura, cette fois encore, relever le défi.

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