La semaine dernière, une rumeur a enflammé les réseaux sociaux, en particulier sur X (anciennement Twitter) : la candidate à la présidentielle Kamala Harris aurait soutenu le projet controversé de l’administration Biden de taxer les gains en capital non réalisés. Retour sur une polémique révélatrice des inquiétudes des investisseurs, notamment en cryptomonnaies.
Harris a-t-elle vraiment approuvé une taxe de 25% sur les plus-values latentes ?
Tout est parti d’une interprétation erronée du programme économique de la candidate démocrate, ainsi que de déclarations de son équipe indiquant qu’elle augmenterait le taux d’imposition des sociétés, une mesure déjà proposée par Joe Biden. Beaucoup en ont conclu à tort qu’elle avait officiellement endossé l’intégralité du projet fiscal de l’administration actuelle pour 2025.
Celui-ci, détaillé dans un document de 256 pages publié en mars, mentionne effectivement un nouvel impôt minimum de 25% sur le revenu total, gains en capital non réalisés inclus, pour les contribuables ayant une fortune de plus de 100 millions de dollars. Mais l’équipe de Harris n’a en réalité ni approuvé ni même évoqué cette mesure spécifique, comme l’a souligné sur X l’investisseur et analyste réputé Adam Cochran.
Qui serait concerné par cette taxe sur les plus-values latentes ?
Indépendamment de la position de Kamala Harris, le projet de l’administration Biden ne concernerait qu’une infime partie des Américains les plus riches. Selon un rapport sur la richesse publié en mars 2024, seuls 9 850 individus aux États-Unis, soit 0,0028% de la population, possèdent une fortune de 100 millions de dollars ou plus.
En bref, la polémique qui a agité X cette semaine portait en réalité sur :
- Une proposition fiscale de l’administration actuelle, et non de Kamala Harris
- Un impôt qui ne toucherait que 0,0028% des Américains les plus fortunés
- Un projet encore hypothétique et non une mesure effective
Quelles conséquences pour le marché des cryptomonnaies ?
Si une telle taxe était mise en place, elle pourrait certes affecter quelques grands investisseurs en cryptos. Mais pour l’immense majorité des détenteurs et des traders, ce projet fiscal, s’il se concrétisait, n’aurait aucun impact direct. Cela n’a pas empêché de vives réactions sur les réseaux sociaux.
De nombreux commentateurs jugent l’idée même de taxer des plus-values latentes absurde et contre-productive. C’est le cas d’Aaron Levie, CEO de Box, pour qui “les gains non réalisés ne sont qu’un champ dans une base de données, inutiles tant qu’ils ne sont pas convertis en quelque chose de valeur”.
Quel impact sur la campagne présidentielle ?
Bien que Kamala Harris n’ait pas personnellement soutenu ce projet, la polémique semble avoir terni son image auprès d’une partie des électeurs. Selon la plateforme de paris Polymarket, si la candidate démocrate était donnée favorite il y a peu, elle est maintenant devancée par Donald Trump, crédité d’une probabilité de victoire de 53% contre 46% pour Harris.
Au final, cet épisode illustre surtout la sensibilité des investisseurs crypto à toute évolution réglementaire, ainsi que l’influence, pour le meilleur ou pour le pire, des réseaux sociaux sur le débat public en période électorale. La moindre rumeur sur X peut déclencher un emballement médiatique et peser sur une campagne. Mais gare aux conclusions hâtives : comme souvent en matière de fiscalité, le diable se cache dans les détails.