Depuis plusieurs mois, une question brûlante agite le monde des cryptomonnaies : le gouvernement américain est-il sur le point de commettre une erreur monumentale en se séparant de son trésor de bitcoins saisis ? Alors que Washington vient de transférer pour près de 2 milliards de dollars de BTC vers les échanges, probablement en vue d’une vente massive, des voix s’élèvent pour dénoncer ce qui pourrait être un faux pas stratégique majeur.
Le gouvernement américain prêt à liquider son trésor bitcoin
Les autorités américaines ont déplacé ces derniers jours l’équivalent de 1,8 milliard de dollars en bitcoins, issus notamment de la saisie de la plateforme illégale Silk Road, vers le géant des échanges crypto Coinbase. Un mouvement qui laisse peu de doutes sur les intentions de Washington : vendre ces actifs numériques, probablement dans un futur proche.
Cette opération s’inscrit dans une série de transferts similaires opérés depuis l’été dernier. Au total, le gouvernement américain aurait déjà vendu pour plus de 2,8 milliards de dollars de bitcoins en 2023. Et il semble bien décidé à poursuivre cette liquidation massive, alors même que des experts tirent la sonnette d’alarme.
Jason Lowery : « Une énorme erreur stratégique »
Parmi les détracteurs de cette politique se trouve Jason Lowery, ingénieur au sein de la Space Force américaine et fervent défenseur de Bitcoin. Selon lui, il n’existe « aucun prix où il serait logique pour les États-Unis de vendre des bitcoins » sous leur contrôle. Une position radicale, mais argumentée.
Car pour Lowery, Bitcoin représente bien plus qu’un simple actif financier. C’est une technologie aux implications géopolitiques majeures, notamment en tant que réserve de valeur décentralisée et résistante à la censure. En d’autres termes, les États-Unis détiendraient avec ces BTC un véritable trésor de guerre numérique, qu’il serait absurde de brader.
Brian Armstrong de Coinbase partage ces inquiétudes
Le PDG de Coinbase, Brian Armstrong, est sur la même ligne. Lui aussi a exprimé son désaccord avec la stratégie du gouvernement, déclarant que les États-Unis « ne devraient jamais vendre leurs bitcoins ». Un avis d’expert qui pèse dans le débat, tant Coinbase est un acteur majeur de l’écosystème crypto.
Au-delà des considérations financières, des enjeux de souveraineté
- Bitcoin, actif stratégique pour la puissance américaine
- Vente massive, signal de faiblesse envers les adversaires
- Risque de renforcer des puissances rivales (Chine, Russie)
Ce qui est en jeu ici dépasse donc largement les considérations purement financières. Pour les États-Unis, conserver ces bitcoins pourrait être un moyen de renforcer leur leadership dans le domaine des technologies de rupture. À l’inverse, s’en séparer serait un signal de faiblesse envoyé à leurs adversaires géopolitiques, qui eux misent de plus en plus sur les cryptomonnaies.
Car pendant que Washington semble prêt à se débarrasser de ses BTC, d’autres puissances comme la Chine ou la Russie accélèrent leurs efforts pour intégrer les actifs numériques dans leurs réserves et leurs circuits financiers. Une dynamique qui pourrait à terme menacer la suprématie du dollar et la souveraineté économique américaine.
Le spectre d’une « grave erreur stratégique »
Face à ces enjeux colossaux, la décision du gouvernement américain apparaît pour le moins hasardeuse. Vendre massivement ses bitcoins au moment où cette technologie prend une importance géopolitique croissante ressemble fort à une « grave erreur stratégique », comme le soulignent de nombreux observateurs.
D’autant que ces ventes interviennent dans un contexte politique tendu, à l’approche de l’élection présidentielle de 2024. Certains y voient même une manœuvre délibérée pour affaiblir les capacités financières du prochain gouvernement, en particulier si Donald Trump, fervent supporteur des cryptomonnaies, venait à l’emporter.
Quoi qu’il en soit, cette affaire souligne une fois de plus les divergences de perception autour de Bitcoin. Alors que certains n’y voient toujours qu’un actif spéculatif, d’autres, de plus en plus nombreux, le considèrent comme un outil géopolitique de premier plan. Et c’est peut-être sur ce point crucial que le gouvernement américain est en train de se tromper lourdement.