Le grand cirque politique français continue de battre son plein en cette fin d’annĂ©e 2024. Dernier acte en date : le forcing du Premier ministre Michel Barnier pour faire adopter le projet de loi de finances 2025 en ayant recours Ă l’article 49.3 de la Constitution. Une manĹ“uvre qui a immĂ©diatement suscitĂ© la riposte de Marine Le Pen, prĂ©sidente du groupe Rassemblement national Ă l’AssemblĂ©e, qui a annoncĂ© le dĂ©pĂ´t d’une motion de censure contre le gouvernement.
Un budget 2025 sous haute tension
Le feuilleton du budget 2025 a dĂ©jĂ connu plusieurs rebondissements. RĂ©cemment, le SĂ©nat avait rĂ©introduit la hausse de la flat tax Ă 33% sur les plus-values mobilières, tout en Ă©largissant l’assiette de l’impĂ´t sur la fortune immobilière (IFI) aux cryptomonnaies, rebaptisĂ© pour l’occasion « impĂ´t sur la fortune improductive ».
Mais c’est Ă l’AssemblĂ©e nationale que les tensions ont atteint leur paroxysme ce lundi 2 dĂ©cembre. Face Ă l’impossibilitĂ© de rĂ©unir une majoritĂ© pour faire adopter son projet de budget, le Premier ministre Michel Barnier a dĂ©gainĂ© l’arme constitutionnelle du 49.3, permettant l’adoption sans vote mais au prix d’un engagement de responsabilitĂ© de son gouvernement.
Marine Le Pen contre-attaque avec une motion de censure
La rĂ©action de la cheffe de file des dĂ©putĂ©s RN ne s’est pas fait attendre. Dans un communiquĂ© cinglant, Marine Le Pen a annoncĂ© le dĂ©pĂ´t imminent d’une motion de censure contre le gouvernement Barnier, dĂ©nonçant « un vĂ©ritable passage en force » et un « dĂ©ni de dĂ©mocratie ».
Les principales critiques de Marine Le Pen :
- Utilisation abusive du 49.3 pour faire adopter un budget contesté
- Absence de débat démocratique et passage en force
- Rejet des propositions alternatives de l’opposition
L’ensemble des groupes d’opposition, de LFI au RN en passant par LR, pourraient se joindre Ă la motion de censure. MĂŞme si les chances de renverser le gouvernement apparaissent minces, ce coup d’Ă©clat politique illustre la crispation croissante du dĂ©bat autour des questions budgĂ©taires et fiscales.
Un débat houleux sur la taxation des cryptomonnaies
En toile de fond de cette passe d’armes se trouve notamment la question Ă©pineuse de la taxation des cryptoactifs. L’intĂ©gration des cryptomonnaies dans le pĂ©rimètre de l’IFI suscite une vive opposition des professionnels du secteur et de certains parlementaires, qui y voient un frein potentiel Ă l’innovation.
Le gouvernement défend pour sa part la nécessité de faire contribuer ce secteur en plein essor, afin de financer ses priorités budgétaires et de réduire les déficits. Mais dans les rangs mêmes de la majorité, des voix discordantes se font entendre pour réclamer un traitement fiscal plus mesuré des cryptoactifs.
Vers une nouvelle crise politique ?
Le bras de fer engagĂ© autour du budget 2025 pourrait dĂ©gĂ©nĂ©rer en nouvelle crise politique d’ampleur. Si le gouvernement devrait logiquement Ă©chapper de justesse Ă la censure, sa lĂ©gitimitĂ© et sa capacitĂ© Ă rĂ©former risquent de ressortir durablement affaiblies de cet Ă©pisode.
Les prochaines étapes clés :
- Débat sur la motion de censure (au plus tard le 4 décembre)
- Vote de la motion de censure (dans les 48h suivant son dépôt)
- Promulgation de la loi de finances 2025 en cas de rejet de la motion
- Remaniement gouvernemental ou dissolution en cas d’adoption de la motion
Ă€ moins de deux ans de la prochaine Ă©lection prĂ©sidentielle, l’exĂ©cutif joue gros dans cette sĂ©quence budgĂ©taire Ă haut risque. Le spectre d’une dissolution plane toujours en cas de blocage persistant, mĂŞme si l’ÉlysĂ©e s’efforce pour l’heure d’Ă©carter ce scĂ©nario.
Une chose est sĂ»re : le dĂ©bat houleux sur le budget 2025 et la taxation des cryptomonnaies risque de laisser des traces dans une opinion publique de plus en plus dubitative face aux tensions politiques Ă rĂ©pĂ©tition. La majoritĂ© et l’opposition vont devoir dĂ©montrer leur capacitĂ© Ă dĂ©passer les clivages pour rĂ©pondre aux attentes des Français en matière de pouvoir d’achat, d’emploi et de transition Ă©cologique.