Imaginez un royaume perdu dans l’Himalaya, célèbre pour mesurer le Bonheur National Brut plutôt que le PIB, qui décide soudain de devenir une puissance crypto. C’est exactement ce qui se passe en ce moment au Bhoutan. Le 27 novembre 2025, le pays a franchi un cap décisif en déposant 320 ETH en staking sur la plateforme institutionnelle Figment. Un mouvement discret, presque secret, mais qui pourrait bien redessiner la carte mondiale des États crypto-friendly.
Le Bhoutan passe à la vitesse supérieure avec Ethereum
Jusqu’à présent, quand on parlait crypto et Bhoutan, on pensait immédiatement au minage de Bitcoin. Le royaume exploite depuis des années son énergie hydroélectrique abondante et quasi-gratuite pour faire tourner des fermes de mineurs. Résultat : plus de 6 150 BTC accumulés, soit environ 560 millions de dollars à l’heure où j’écris ces lignes. Une stratégie brillante, écologique et rentable.
Mais voilà, le jeu évolue. Le minage en Proof of Work, même vert, reste énergivore et de moins en moins rentable face à la difficulté croissante du réseau Bitcoin. Le Bhoutan l’a compris. En plaçant exactement 320 ETH (10 validateurs complets à 32 ETH chacun) sur Figment, le pays fait un virage stratégique à 180 degrés vers le Proof of Stake.
« Passer du minage intensif au staking institutionnel, c’est comme troquer une usine bruyante contre une rente silencieuse et durable. »
Un analyste on-chain ayant requis l’anonymat
Pourquoi Figment et pas un simple wallet ?
Le choix n’est pas anodin. Figment est l’un des leaders mondiaux du staking institutionnel. Sécurité renforcée, conformité réglementaire, reporting détaillé : tout ce qu’il faut quand on gère des fonds publics. Pour un État souverain, staker chez soi ou sur un protocole décentralisé classique serait trop risqué. Figment apporte la tranquillité d’esprit d’une banque suisse… mais pour des validateurs Ethereum.
Ce que représente concrètement ces 320 ETH :
- 10 validateurs Ethereum activés (32 ETH chacun)
- Valeur approximative : 970 000 $ au cours actuel
- Rendement annuel estimé : entre 3,5 % et 5 % en ETH
- Participation active à la sécurité du réseau Ethereum
- Diversification immédiate du trésor national
Gelephu Mindfulness City : la ville du futur financée par le staking
Derrière cette opération technique se cache un projet fou : Gelephu Mindfulness City. Le roi Jigme Khesar Namgyel Wangchuck veut transformer une zone frontalière de 1 000 km² en hub économique spécial, à mi-chemin entre Singapour et Dubaï, mais version bouddhiste et zéro carbone.
Et devinez quoi ? Les actifs numériques font partie des réserves stratégiques officielles du projet, aux côtés du Bitcoin, de l’Ethereum et même du BNB. Le staking devient donc une source de revenus récurrents, indépendante du tourisme (durement touché par le Covid) et des exportations traditionnelles.
En clair : chaque récompense de staking touchée par le Bhoutan financera directement des routes, des data centers verts, des universités et des centres de méditation high-tech. C’est probablement la première fois dans l’histoire qu’un État utilise des rendements de blockchain pour construire une ville entière.
Le Bhoutan vs le Salvador : deux philosophies, une même ambition
On compare souvent le Bhoutan au Salvador, premier pays à avoir fait du Bitcoin une monnaie légale. Mais les approches sont radicalement différentes :
- Le Salvador a acheté du BTC avec l’argent public (et parfois emprunté)
- Le Bhoutan a produit ses bitcoins grâce à son énergie verte
- Le Salvador mise tout sur l’adoption citoyenne
- Le Bhoutan mise sur l’accumulation souveraine et discrète
- Le Salvador communique à grand bruit
- Le Bhoutan avance en silence (jusqu’à ce que Arkham Intelligence le repère)
Résultat ? Le Bhoutan possède aujourd’hui plus de Bitcoin par habitant que n’importe quel autre pays au monde. Et avec ce premier staking Ethereum, il diversifie sans faire de vagues.
Quelles conséquences pour le marché Ethereum ?
320 ETH, ce n’est pas énorme à l’échelle du réseau (plus de 34 millions d’ETH sont déjà stakés). Mais le symbole est puissant. Quand un État souverain, connu pour sa prudence légendaire, décide de devenir validateur, cela envoie un message clair : Ethereum est désormais un actif de réserve crédible.
Et ce n’est probablement que le début. Druk Holding & Investments, la société d’État qui gère ces opérations, dispose encore d’une trésorerie colossale en dollars et en BTC. Rien n’empêche le royaume d’augmenter progressivement sa position, surtout si les rendements du staking restent attractifs.
L’avenir : un modèle bhoutanais exportable ?
D’autres petits pays riches en énergie renouvelable observent la manœuvre de très près. Le Népal, le Costa Rica, le Paraguay ou encore l’Islande pourraient être tentés de reproduire la recette : minage vert de Bitcoin + staking institutionnel d’Ethereum = trésorerie souveraine en croissance perpétuelle.
Et pendant que les grandes puissances débattent encore de la régulation, un royaume de 780 000 habitants est en train de construire, pierre par pierre (et bloc par bloc), l’un des portefeuilles souverains les plus solides de la planète.
« Le Bhoutan ne court pas après la hype. Il construit patiemment un trésor numérique qui financera le bonheur de ses citoyens pour les siècles à venir. »
En résumé, ce dépôt de 320 ETH n’est pas une simple transaction. C’est l’acte fondateur d’une nouvelle ère pour le Bhoutan : celle où la pleine conscience rencontre la finance décentralisée. Et quelque part entre deux montagnes enneigées, un petit dragon vient discrètement de cracher son premier feu sur la blockchain Ethereum.
À suivre de très près.
