Imaginez vivre dans la première puissance économique mondiale sans avoir de compte en banque. C’est pourtant la réalité de millions de ménages américains selon un récent rapport de la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation). Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est que ces ménages non bancarisés sont ceux qui utilisent le plus les cryptomonnaies. La crypto serait-elle en train de devenir le nouveau compte bancaire des exclus du système traditionnel ?
4,2% des ménages américains n’ont pas de compte bancaire
L’enquête nationale de la FDIC sur les ménages non bancarisés, menée auprès de plus de 60 000 foyers, révèle que 4,2% des ménages américains, soit 5,6 millions, n’ont pas accès à un compte bancaire. Un chiffre au plus bas depuis 2009 mais qui reste préoccupant. Les catégories les plus touchées sont :
- Les ménages à faible revenu
- Les ménages les moins instruits
- Les minorités noires et hispaniques
- Les personnes en situation de handicap
- Les familles monoparentales
Pour ces ménages, l’argent liquide est le seul moyen de paiement pour 66,2% d’entre eux. Les 33,8% restants utilisent une combinaison de cartes prépayées et de services en ligne comme PayPal, Venmo ou Cash App. Une situation que déplore Martin J. Gruenberg, le président de la FDIC :
La crypto, une alternative pour les non-bancarisés
Mais c’est en se penchant sur l’usage de la cryptomonnaie que l’étude de la FDIC révèle un phénomène étonnant. Parmi les ménages non bancarisés, 6,2% utilisent la crypto, contre seulement 4,8% pour ceux qui ont accès au système bancaire traditionnel. La crypto serait-elle en train de s’imposer comme une alternative pour les exclus des banques ?
Cette tendance fait écho à des comportements observés dans d’autres pays où les populations non bancarisées se tournent vers les cryptomonnaies pour accéder à des services financiers. La crypto permettrait ainsi de pallier les manques du système traditionnel en offrant :
- Un moyen de paiement accessible à tous
- Un outil d’épargne et d’investissement
- Un vecteur d’inclusion financière
- Une protection contre l’inflation des devises locales
Un usage de la crypto encore limité et inégal
Cependant, l’étude de la FDIC montre aussi que l’usage de la crypto reste minoritaire et inégal selon les profils. Ainsi, ce sont les ménages les plus jeunes, les plus instruits, les ménages asiatiques et blancs, ainsi que ceux en âge de travailler qui utilisent le plus les cryptomonnaies.
Le critère des revenus est aussi déterminant. Parmi les ménages gagnant plus de 75 000 dollars par an, 7,3% utilisent la crypto. Un taux qui chute à 1,1% pour ceux dont les revenus sont inférieurs à 15 000 dollars. Les ménages les plus modestes, bien que les plus exclus du système bancaire, restent donc aussi les plus éloignés des cryptomonnaies.
Quant aux usages de la crypto, l’étude révèle que pour les ménages américains :
- Plus de 90% la considèrent comme un investissement
- 4% comme un moyen d’envoyer et recevoir des fonds
- Moins de 0,5% comme un moyen de paiement physique
- 4,7% comme un moyen de paiement en ligne
Vers une démocratisation de la crypto ?
Si la crypto semble offrir une alternative intéressante pour les ménages non bancarisés, son adoption reste donc encore limitée et soumise à des disparités sociales et économiques. Pour devenir un véritable vecteur d’inclusion financière, elle devra relever plusieurs défis :
- L’accessibilité : rendre les outils et plateformes crypto plus simples et abordables
- L’éducation : former le grand public aux enjeux et usages des cryptomonnaies
- La régulation : établir un cadre juridique clair et protecteur pour les utilisateurs
- L’acceptation : encourager l’adoption de la crypto par les commerçants et les institutions
Le rapport de la FDIC offre un éclairage inédit sur la place de la crypto chez les ménages non bancarisés américains. S’il confirme son potentiel comme outil d’inclusion financière, il souligne aussi les obstacles à sa démocratisation. Les prochaines années seront déterminantes pour voir si la crypto peut réellement s’imposer comme une alternative crédible et accessible au système bancaire traditionnel.