Imaginez un pays où la monnaie locale a perdu près de 90% de sa valeur en quelques années, où l’inflation oscille constamment entre 40 et 50%, et où les citoyens sont largement coupés du système bancaire mondial. C’est la réalité à laquelle sont confrontés les Iraniens aujourd’hui, poussant bon nombre d’entre eux à se tourner vers les cryptomonnaies comme bouée de sauvetage financière.
L’envolée des flux crypto iraniens en 2024
Selon un récent rapport de Chainalysis, les flux sortants de cryptomonnaies en Iran ont atteint la somme astronomique de 4,18 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation stupéfiante de 70% par rapport à l’année précédente. Cette tendance reflète la perte de confiance dans le système financier traditionnel iranien et la quête désespérée d’alternatives viables par les citoyens.
La dégringolade du rial iranien s’est accélérée depuis que les États-Unis se sont retirés de l’accord nucléaire en 2018 et ont réimposé de lourdes sanctions. Coupés des réseaux bancaires internationaux, les Iraniens se sont naturellement tournés vers la nature sans frontières et résistante à la censure des cryptomonnaies.
Bitcoin, le refuge ultime
Parmi toutes les cryptomonnaies, c’est le Bitcoin qui a connu les plus fortes poussées de volume lors des périodes de tensions géopolitiques accrues impliquant l’Iran. Les données de Chainalysis révèlent des pics notables d’activité Bitcoin en avril et octobre 2024, coïncidant avec l’escalade des frictions entre l’Iran et Israël.
Le Bitcoin est devenu un refuge financier en temps de crise, offrant des transactions résistantes à la censure et une mobilité transfrontalière.
Cette dynamique s’inscrit dans une tendance mondiale plus large où le Bitcoin s’impose comme une valeur refuge en période de turbulences, grâce à ses qualités uniques de résistance à la censure et de mobilité transfrontalière. Néanmoins, l’accès des Iraniens aux plateformes crypto se complique à mesure que les efforts de conformité s’intensifient à l’échelle mondiale.
Un accès crypto de plus en plus restreint
Entre 2022 et 2024, l’exposition des plateformes d’échanges aux services iraniens a chuté de 23%, les transactions inférieures à 1 000 dollars étant les plus touchées. Cette tendance devrait s’accentuer en 2025 avec l’entrée en vigueur du Mémorandum présidentiel sur la sécurité nationale, ciblant spécifiquement les réseaux financiers liés à l’Iran.
Ce que l’on sait des restrictions croissantes sur les cryptos en Iran :
- Chute de 23% de l’exposition des exchanges aux services iraniens entre 2022 et 2024
- Transactions < 1 000 $ les plus impactées
- Mémorandum présidentiel de 2025 visant spécifiquement les réseaux financiers iraniens
Malgré ces vents contraires, les cryptomonnaies devraient rester une alternative clé pour les Iraniens naviguant dans un contexte de restrictions financières. Avec l’approfondissement des liens économiques entre l’Iran et la Russie et son maintien sur la liste noire du GAFI, le recours aux actifs numériques comme outil de contournement des sanctions ne fera que s’accentuer.
Quelle issue pour les Iraniens ?
Dans un pays en proie à une crise économique, bancaire et monétaire profonde, les options sont limitées pour la population. Les cryptomonnaies, malgré leurs propres défis réglementaires et leur volatilité, offrent une lueur d’espoir et d’autonomie financière pour de nombreux Iraniens désespérés.
Reste à voir si le gouvernement iranien embrassera cette technologie comme un outil de résilience économique ou s’efforcera de la réprimer pour maintenir son emprise sur le système financier du pays. Une chose est sûre : la demande iranienne pour les cryptomonnaies ne montre aucun signe de faiblesse.