L’année 2024 s’annonce comme un tournant majeur pour la tokenisation des actifs réels. Après des années de théorie et de développement, la pratique commence enfin à prendre le dessus. Les avancées technologiques récentes et l’émergence de nouveaux produits comme les bons du Trésor tokenisés laissent présager une adoption généralisée dans un futur proche.
Un bond technologique en avant
Les progrès de la technologie blockchain ces dernières années ont permis d’optimiser les transactions, en améliorant l’efficacité, la sécurité et la scalabilité. Le développement de solutions de layer-2 comme les preuves à connaissance zéro ou les rollups optimistes ont contribué à augmenter le débit des blockchains principales, réduire le temps d’exécution des transactions et stabiliser les frais de gaz.
En parallèle, les projets de communication inter-chaînes ont œuvré pour créer une valeur ajoutée au niveau du réseau. L’amélioration de l’interopérabilité a apporté une plus grande facilité d’utilisation à l’écosystème web3 dans son ensemble.
L’essor des services de tokenisation
De nouveaux services ont vu le jour, améliorant l’efficacité de la tokenisation des actifs réels. Des plateformes comme Maple, Centrifuge ou encore Backed ont appliqué les concepts éprouvés de la finance décentralisée, des pools de liquidité et des prêts collatéralisés à la finance traditionnelle. Cela a permis à leurs utilisateurs d’investir dans des obligations d’entreprises tokenisées, d’accéder au marché du crédit privé et de s’engager dans des emprunts tokenisés auprès de prêteurs institutionnels.
L’émergence des bons du Trésor tokenisés
Début 2023, Ondo Finance a lancé l’Ondo Short-Term US Government Bond Fund (OUSG), offrant aux investisseurs un accès à une version tokenisée de l’ETF iShares Short Treasury Bond de BlackRock. Bien que la valeur totale verrouillée n’ait atteint que 110 millions de dollars en un an, cela a marqué le début d’une nouvelle tendance : la montée en puissance des bons du Trésor américain tokenisés.
Selon les recherches de la Fed et les données de DeFi Llama, la part totale des actifs réels dans la finance décentralisée a plus que doublé au cours de la dernière année.
L’avenir des actifs réels sur la blockchain
Malgré les signes de maturité, plusieurs questions restent en suspens et freinent le développement transparent de l’industrie des actifs tokenisés. La plus importante concerne bien sûr la réglementation : sans cadre prescriptif sans ambiguïté ou précédent de faillite dans l’une des principales juridictions, il est difficile d’affirmer avec certitude que les actifs tokenisés représentent la même priorité de créance sur l’actif sous-jacent d’un point de vue juridique.
Les opportunités à saisir
Néanmoins, l’adoption croissante des actifs réels tokenisés devrait se poursuivre en 2024, les bons du Trésor tokenisés en étant les principaux bénéficiaires. Ce type d’actif correspond parfaitement aux investisseurs de la finance décentralisée averses au risque : contrairement aux stablecoins, les bons du Trésor tokenisés sont à l’abri des secousses de confiance, absolument sûrs tant que le contrat intelligent sous-jacent est audité avec diligence, et génèrent un rendement.
D’autres opportunités émergentes méritent l’attention :
- La tokenisation des Sukuk, l’équivalent islamique des obligations, pourrait offrir à la communauté musulmane une opportunité d’investissement halal sûr et transnational sur la blockchain.
- Les stablecoins adossés à l’or pourraient connaître un regain d’intérêt, l’or étant sous les projecteurs après avoir atteint un niveau de prix record.
En somme, les actifs réels tokenisés semblent avoir réussi à dépasser le stade de l’enfance. L’année 2024 devrait apporter une adoption plus généralisée des instruments existants, en particulier des bons du Trésor tokenisés, et susciter une concurrence et une innovation accrues, notamment sur les marchés des Sukuk et des stablecoins adossés à l’or ou aux devises fiduciaires.
