Le projet de constitution d’une réserve stratégique de bitcoins par les États-Unis, récemment évoqué par plusieurs personnalités politiques dont la sénatrice Cynthia Lummis, suscite de vives réactions. Si l’idée séduit une partie de la classe politique et a été reprise par le président élu Donald Trump, elle compte aussi des détracteurs de poids, à l’instar de Lawrence Summers. Cet ancien secrétaire au Trésor sous Bill Clinton a en effet qualifié l’initiative de “folle” lors d’une récente intervention télévisée.
Une réserve stratégique en bitcoins : pour quoi faire ?
L’idée d’accumuler des bitcoins dans une réserve fédérale à l’image de ce qui existe déjà pour l’or ou le pétrole vise plusieurs objectifs :
- Constituer un stock de valeur numérique pour le pays
- Soutenir et légitimer Bitcoin comme actif stratégique
- Anticiper une éventuelle adoption généralisée de la cryptomonnaie
Pour ses promoteurs, emmenés par la sénatrice républicaine Cynthia Lummis, connue pour son engagement en faveur des cryptomonnaies, une telle réserve permettrait aux États-Unis de prendre une longueur d’avance dans la révolution monétaire en cours. Le projet a reçu le soutien du président nouvellement élu Donald Trump, qui y voit un moyen d’ancrer la puissance américaine dans l’ère numérique.
Lawrence Summers : “Une idée folle”
Mais tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Interviéwé sur Bloomberg TV le 6 décembre, Lawrence Summers, ex-secrétaire au Trésor de Bill Clinton et économiste respecté, a exprimé de sérieux doutes. S’il concède que le pays a “besoin d’encourager l’innovation financière”, il juge le projet de réserve bitcoin “tout simplement fou”.
Pour Summers, si une réserve stratégique se justifie pour des matières premières tangibles comme le pétrole ou l’or, elle n’a pas de sens pour un actif immatériel comme le Bitcoin, dont la valeur repose uniquement sur la spéculation. Il met aussi en doute la pertinence de mobiliser des fonds publics pour soutenir le cours d’un actif aussi volatil.
Une manœuvre électoraliste ?
Au-delà des arguments économiques, Lawrence Summers voit surtout dans ce projet un calcul politique de la part de Donald Trump, qui chercherait ainsi à “flatter les intérêts particuliers” de riches donateurs pro-cryptomonnaies. Un clientélisme électoral assumé, comme en témoigne ce récent tweet du président :
Si les motivations réelles restent à clarifier, le projet continue de faire son chemin. Reste à savoir s’il convaincra au-delà des cercles bitcoiners. Certains, comme Lawrence Summers, y voient une initiative irresponsable, déconnectée des enjeux économiques. D’autres, une opportunité historique pour les États-Unis d’embrasser l’avenir de la monnaie. L’avenir tranchera, mais le débat est lancé.