Face à la recrudescence des délits impliquant les cryptomonnaies, la Corée du Sud passe à l’offensive. Le ministère de la Justice vient de former une task force spéciale chargée d’endiguer ce fléau qui a déjà coûté plus de 1,6 milliard de dollars aux citoyens cette année. Un signal fort envoyé aux criminels, mais aussi un aveu : le pays peine encore à réguler efficacement ce secteur en plein essor.
Une task force pour traquer les criminels du crypto
Manipulation des prix, plateformes d’échanges non enregistrées, fraude aux dépôts…Les arnaques liées aux cryptomonnaies ont pris une ampleur inquiétante en Corée du Sud. Pour y remédier, le ministère de la Justice vient de créer une unité spéciale en collaboration avec les autorités de régulation locales.
Sa mission : traquer et démanteler les montages frauduleux promettant des rendements mirobolants sur les investissements en crypto-actifs. Un document réglementaire précise que l’activité illicite dans ce domaine a déjà dépassé 1,6 milliard de dollars en 2024. Un chiffre alarmant qui a poussé le gouvernement à agir.
La difficile régulation des crypto-actifs
Si la task force marque la volonté de Séoul de promouvoir un environnement plus transparent pour le trading de cryptomonnaies, force est de constater que le pays accuse un certain retard en matière de régulation par rapport à d’autres grandes places financières.
Les autorités financières sud-coréennes sont sous pression pour approuver des fonds indiciels cotés (ETF) sur le Bitcoin et l’Ethereum, comme l’ont fait récemment les États-Unis. Mais pour l’heure, l’approche de Séoul reste très prudente, au grand dam de certains acteurs du marché qui y voient un frein à l’adoption des crypto-actifs dans le pays.
Mieux protéger les utilisateurs
Outre la traque des criminels, le ministère de la Justice planche sur des mesures pour mieux protéger les détenteurs de cryptomonnaies. La loi sur la protection des utilisateurs d’actifs virtuels, qui doit entrer en vigueur en juillet, vise ainsi à garantir la sécurité des fonds déposés sur les plateformes d’échanges.
Un enjeu crucial alors que les piratages et détournements de dépôts se multiplient, profitant de failles dans les protocoles de sécurité de certains acteurs. Récemment, un groupe de petits porteurs a ainsi porté plainte contre un exchange local qui avait « temporairement » suspendu les retraits suite à une attaque.
Un écosystème crypto encore fragile
Le pays du Matin calme compte une importante communauté de passionnés de cryptomonnaies et a vu naître plusieurs projets blockchain de premier plan comme ICON ou Terra. Pour autant, l’écosystème reste fragile et peine à trouver ses marques, en partie à cause d’un cadre légal encore flou et parfois contradictoire.
Les investisseurs attendent ainsi toujours des clarifications sur la fiscalité applicable aux plus-values réalisées sur les crypto-actifs. Un régime spécial avait été envisagé avant d’être repoussé sine die. Actuellement, ces gains sont soumis à un taux unique de 20% au-delà d’un certain seuil, mais les modalités précises restent à définir.
Les principales mesures attendues des autorités sud-coréennes:
- Un cadre juridique clair et unifié pour les crypto-actifs
- Des règles strictes pour les plateformes d’échanges
- Une fiscalité adaptée et incitative pour les investisseurs
- Des campagnes de sensibilisation aux risques
- Un soutien aux projets blockchain prometteurs
La task force du ministère de la Justice n’est qu’une première étape dans la longue marche de la Corée du Sud vers une régulation mature de l’écosystème crypto. Le pays a le potentiel pour devenir un acteur majeur de cette révolution, à condition de trouver le bon équilibre entre innovation et protection des citoyens. Un défi de taille pour le nouveau président Yoon Suk-yeol, qui a fait de la transition numérique une priorité de son mandat.