L’Union Européenne s’apprête à révolutionner le monde des cryptomonnaies avec son paquet réglementaire MiCA (Markets in Crypto-Assets). Bien qu’encore en phase de finalisation, ce nouveau cadre légal fait déjà trembler l’écosystème crypto. Quand entrera-t-il pleinement en vigueur ? Quels actifs et acteurs seront concernés ? Et surtout, comment s’y préparer pour rester dans la course en 2025 ?
MiCA : un calendrier en deux temps
Dès juin 2024, une première salve de mesures s’appliquera, élaborées conjointement par l’Autorité Européenne des Marchés Financiers (ESMA) et l’Autorité Bancaire Européenne (EBA). Cette première vague ciblera les stablecoins adossés à des actifs réels (asset-referenced tokens), comme les monnaies fiats tokenisées.
Tous les émetteurs et opérateurs impliqués dans ces tokens devront alors se conformer à de strictes obligations, notamment en termes de KYC (Know Your Customer) et d’AML (Anti-Money Laundering). Le reste du package entrera en vigueur fin 2024, début 2025.
Dans le viseur : les CASPs
Les Crypto Asset Service Providers, ou prestataires de services sur actifs numériques en français, seront particulièrement impactés. Cela inclut les plateformes d’échange, les fournisseurs de wallets, ou encore les services de garde. Point crucial : de nombreux protocoles DeFi seront aussi considérés comme CASPs !
Seules les DeFi “totalement décentralisées”, où aucune entité ne tire profit, échapperont à MiCA (comme Bitcoin). Mais les DeFi “partiellement centralisées” n’y couperont pas. KYC et AML seront de rigueur pour l’onboarding des utilisateurs et le monitoring des transactions suspectes.
Les émetteurs de tokens référencés aussi concernés
Déjà soumis aux premières mesures de MiCA dès juin 2024, les émetteurs de tokens adossés à des actifs tangibles devront eux aussi intégrer des processus de KYC et d’AML. Un véritable séisme réglementaire en perspective !
Comment se préparer à la déferlante MiCA ?
La réponse évidente : mettre en place des protocoles de KYC et d’AML pour opérer sereinement dans l’UE post-2024. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire pour les acteurs crypto…
Développer ces processus en interne prend des mois voire des années, et coûte une fortune. Même les géants bancaires y consacrent des dizaines de millions par an ! La plupart des sociétés crypto s’en remettent donc à des prestataires KYC externes, bien plus abordables et rapides à intégrer. C’est la stratégie adoptée par les mastodontes comme Binance, Bybit ou Huobi.
Autre défi propre à la crypto : la sécurité des données. Beaucoup d’utilisateurs sont attirés par l’anonymat des cryptos et réticents à partager leurs infos personnelles. Il faudra les convaincre de l’intérêt du KYC, sans compromettre la confidentialité.
Une harmonisation bénéfique
Au-delà des contraintes, MiCA apportera une précieuse harmonisation. Fini le casse-tête des régulations nationales disparates ! Avec un cadre unique pour toute l’UE, opérer dans le marché européen de la crypto sera bien plus simple et économique.
Les grands perdants de MiCA : les stablecoins algorithmiques, purement et simplement interdits.
Contrairement à leurs homologues adossés à des actifs réels, les stablecoins algorithmiques tentent de maintenir leur parité par un jeu d’offre et de demande. Un château de cartes qui peut vite s’effondrer, comme l’a prouvé le crash de l’UST et du LUNA (-99%). En les bannissant, MiCA protège les investisseurs de ce risque systémique.
Des coûts et des risques mais un marché assaini
Mettre en œuvre KYC et AML aura forcément un coût, qui sera répercuté sur les utilisateurs via des frais plus élevés. Sans compter les risques de fuites de données, encore fréquentes même dans la finance traditionnelle malgré des années d’expérience…
Mais ces écueils seront compensés par les bénéfices d’un marché plus mature et sécurisé. MiCA posera les bases d’une crypto européenne organisée et innovante. 2025 s’annonce comme une année charnière, pleine de défis et d’opportunités pour les acteurs de la crypto !