Imaginez un instant : un État américain, connu pour ses courses de chevaux et son bourbon, décide de faire un pas en arrière dans une bataille juridique contre l’une des plus grandes plateformes de cryptomonnaies au monde. Ce n’est pas une fiction, mais une réalité qui s’est déroulée le 31 mars 2025, lorsque le Kentucky a officiellement abandonné sa poursuite contre Coinbase. Pourquoi ce revirement ? Que signifie-t-il pour l’avenir des cryptomonnaies aux États-Unis ? Plongeons dans cette affaire qui pourrait bien redessiner les contours de la régulation crypto.
Un Tournant dans la Saga Judiciaire de Coinbase
Le Kentucky n’est pas seul dans cette danse judiciaire. En juin 2023, dix États américains avaient uni leurs forces pour accuser Coinbase d’offrir des services de **staking** jugés comme des titres non enregistrés. Mais au fil des mois, ce front s’est effrité. Après le Vermont et la Caroline du Sud, le Kentucky devient le troisième État à jeter l’éponge, laissant sept autres encore en lice. Que s’est-il passé pour provoquer ce changement ?
Les Dessous de l’Abandon Kentuckien
Le 31 mars 2025, le Département des Institutions Financières du Kentucky a déposé une stipulation conjointe de dismissal, mettant fin à une bataille qui durait depuis près de deux ans. Cette décision intervient dans un contexte où la **Securities and Exchange Commission (SEC)** elle-même a reculé en février, abandonnant sa propre plainte contre Coinbase. Pour les observateurs, ce n’est pas un hasard : les régulateurs semblent chercher à repenser leur approche face à une industrie en pleine évolution.
Le Congrès doit mettre fin à cette approche état par état, guidée par les litiges, avec une loi fédérale claire dès que possible.
Paul Grewal, Directeur Juridique de Coinbase
Paul Grewal, figure clé chez Coinbase, n’a pas mâché ses mots sur X, plaidant pour une législation nationale. Mais au-delà des déclarations, cet abandon reflète peut-être une prise de conscience : le staking, qui permet aux utilisateurs de gagner des récompenses en immobilisant leurs cryptomonnaies, est-il vraiment un titre au sens classique ? La question reste ouverte.
Un Domino qui Tombe : Vermont et Caroline du Sud en Précurseurs
Avant le Kentucky, le Vermont avait ouvert la voie le 14 mars 2025, suivi de près par la Caroline du Sud. Dans ces deux cas, les États ont reconnu que l’abandon de la SEC changeait la donne. En Caroline du Sud, par exemple, les utilisateurs avaient perdu environ 2 millions de dollars en récompenses de staking à cause de l’interdiction. Dès que le procès a été levé, Coinbase a relancé le service dans l’heure qui a suivi. Une rapidité qui montre l’importance de cette fonctionnalité pour les investisseurs.
Les États ayant abandonné leurs poursuites :
- Vermont : 14 mars 2025, motivé par le retrait de la SEC.
- Caroline du Sud : Quelques jours après, avec un impact financier notable.
- Kentucky : 31 mars 2025, dans un climat pro-crypto grandissant.
Le Contexte Local : Une Loi Pro-Bitcoin au Kentucky
Ce retrait ne sort pas de nulle part. Moins d’une semaine avant, le gouverneur Andy Beshear a signé une loi baptisée *Bitcoin Rights*. Ce texte garantit le droit à l’auto-conservation des cryptomonnaies, autorise les résidents à gérer des nœuds blockchain et protège les opérations de minage contre des régulations discriminatoires. Une coïncidence ? Peu probable. Le Kentucky semble vouloir se positionner comme un État favorable à l’innovation crypto.
Et ce n’est pas tout. Une proposition supplémentaire est en discussion pour permettre à l’État d’investir jusqu’à 10 % de ses réserves excédentaires en Bitcoin. Si elle passe, cela pourrait faire du Kentucky un pionnier dans l’adoption institutionnelle des cryptomonnaies.
Le Staking : Au Cœur de la Controverse
Pour comprendre cette affaire, il faut plonger dans ce qu’est le **staking**. En termes simples, il s’agit d’immobiliser ses cryptomonnaies sur une blockchain pour soutenir son fonctionnement, en échange de récompenses. Coinbase proposait ce service, mais les régulateurs y voyaient une offre de titres financiers non enregistrés. Une vision que beaucoup dans l’industrie contestent, arguant que le staking est plus proche d’une participation à un réseau que d’un investissement traditionnel.
Cette ambiguïté juridique a poussé plusieurs États à agir. Mais avec trois retraits en quelques mois, la dynamique semble s’inverser. Les sept États restants – Californie, New Jersey, Illinois, Washington, Alabama, Maryland et Wisconsin – maintiendront-ils la pression ? Rien n’est moins sûr.
Vers une Régulation Fédérale ?
Face à ces revirements, une question émerge : les États-Unis ont-ils besoin d’une régulation unifiée ? Aujourd’hui, chaque État applique ses propres règles, créant un patchwork juridique complexe. Pour les acteurs comme Coinbase, cette fragmentation est un frein. Une loi fédérale pourrait clarifier les choses, mais elle tarde à venir. Entre-temps, les entreprises crypto naviguent dans un flou qui profite autant aux innovateurs qu’aux régulateurs zélés.
Le retrait de la SEC nous permet de repenser notre stratégie pour une régulation plus cohérente.
Un porte-parole anonyme de la SEC
La SEC, en abandonnant son propre dossier en février, a envoyé un signal fort. Mais ce signal est-il synonyme de recul ou de préparation à une nouvelle offensive ? Les spéculations vont bon train, et l’industrie retient son souffle.
Et Après ? Les Enjeux pour les Investisseurs
Pour les utilisateurs de Coinbase, cet abandon est une aubaine. Au-delà du Kentucky, il renforce l’idée que le staking pourrait bientôt retrouver ses lettres de noblesse dans d’autres États. Mais pour les investisseurs, cela soulève aussi des questions : jusqu’où ira cette vague de désistements ? Et surtout, quelles seront les prochaines cibles des régulateurs ?
Une chose est sûre : le paysage crypto américain est en pleine mutation. Entre avancées législatives et retraits judiciaires, 2025 pourrait bien être une année charnière. Reste à voir si le Congrès répondra à l’appel de Paul Grewal ou si les États continueront à jouer leur propre partition.