JPMorgan Accusé de Truquer Bitcoin

Imaginez la scène : vous avez bâti une entreprise solide, vous avez parié gros sur Bitcoin, vos actionnaires vous suivent… et du jour au lendemain, une des plus grosses banques du monde appuie sur un bouton qui vous éjecte des grands indices boursiers. Votre capitalisation chute, vos actions plongent, vos investisseurs paniquent. Et pendant ce temps, la même banque lance tranquillement son propre produit qui permet de parier encore plus fort sur le Bitcoin. C’est exactement ce qui est en train de se passer en ce mois de novembre 2025, et le nom de la banque fait grincer des dents dans toute la cryptosphère : JPMorgan.

Ce n’est pas une théorie du complot sortie de nulle part. Les faits sont là, brutaux, et la communauté Bitcoin crie au scandale. On vous explique tout, calmement, mais sans langue de bois.

Quand JPMorgan joue à la fois le juge et la partie

Reprenons depuis le début. Fin novembre 2025, une note de recherche signée JPMorgan tombe comme un coup de massue : MSCI, le géant des indices boursiers (celui qui décide si votre entreprise fait ou non partie du MSCI World, du MSCI Emerging, etc.), envisagerait sérieusement d’exclure les sociétés dont plus de 50 % des actifs sont constitués de cryptomonnaies – comprenez : les fameuses Bitcoin treasury companies.

En tête de liste ? Strategy (ex-MicroStrategy), le porte-étendard absolu de cette stratégie avec plusieurs centaines de milliers de BTC au bilan. Une exclusion des indices MSCI signifierait mécaniquement des milliards de dollars de sorties forcées : les fonds indiciels, ETF, fonds de pension qui répliquent ces indices devraient vendre leurs positions. Effet domino garanti.

Et là, le timing devient… suspect.

À peine quelques jours après avoir relayé (et peut-être influencé ?) cette bombe MSCI, JPMorgan dépose discrètement auprès de la SEC un nouveau produit financier : des Bitcoin-backed Bonds adossés à l’ETF IBIT de BlackRock, avec un levier 1,5x. Autrement dit : vous achetez ce produit, vous gagnez (ou perdez) une fois et demi les mouvements du Bitcoin. Le lancement est prévu pour décembre 2025.

« Il s’agit là d’une autre stratégie de vassalisation, visant à vous séparer de vos bitcoins, en particulier si vous empruntez avec ceux-ci ou si vous tradez avec effet de levier. »

Simon Dixon, CEO de BnkToTheFuture

Pourquoi ce produit fait hurler la communauté

Parce qu’un produit à effet de levier institutionnel, dans les mains d’une banque systémique, c’est une arme de destruction massive sur le prix du Bitcoin.

En cas de baisse brutale, les appels de marge se déclenchent en cascade. Les clients de JPMorgan qui auront acheté ces « bonds » seront forcés de vendre leurs collatéraux… souvent du Bitcoin ou des ETF Bitcoin. Ce qui accentue la chute. Et qui récupère les BTC vendus sous pression ? Devinez.

Strategy dans le collimateur, mais pas que

Strategy est clairement la cible numéro 1. Avec plus de 250 000 BTC au bilan (selon les dernières estimations 2025), l’entreprise de Michael Saylor dépasse très largement le seuil des 50 % qui déclencherait l’exclusion MSCI. Mais d’autres sociétés suivent la même voie : Metaplanet au Japon, Semler Scientific aux États-Unis, et des dizaines de plus petites structures.

Si la règle passe, c’est toute une classe d’actifs naissante qui se retrouve blacklistée des grands indices. Un précédent dangereux.

Michael Saylor, jamais le dernier pour une phrase choc, a réagi sur X en parlant carrément de « guerre financière contre le protocole Bitcoin ». Et il n’est pas le seul.

Le précédent historique : on a déjà vu ce film

Les vieux de la vieille se souviennent : en 2017-2018, Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan, traitait le Bitcoin de « fraude » et menaçait de virer tout employé qui en achetait. Quelques mois plus tard… JPMorgan lançait ses propres services de trading BTC pour ses clients institutionnels. En 2020, la banque créait même son propre token, le JPM Coin.

Le schéma est toujours le même : dénigrer publiquement, laisser les autres prendre les risques, puis arriver en sauveur une fois que le marché est mature. Sauf que cette fois, la méthode est plus subtile : on ne critique plus, on régule par l’arrière-cour des indices et on lance des produits concurrents.

Et maintenant, que va-t-il se passer ?

Plusieurs scénarios sont sur la table :

• MSCI cède à la pression et adopte la règle des 50 % → krach sectoriel sur toutes les Bitcoin treasury companies
• La communauté et les entreprises concernées contre-attaquent (lobbying, communication, menaces de poursuites)
• Les investisseurs institutionnels contournent le problème en achetant directement du BTC ou des ETF plutôt que des actions de treasury companies
• JPMorgan retire ou retarde son produit face au bad buzz (peu probable)

Une chose est sûre : la guerre pour le contrôle de l’or numérique vient de passer à un niveau supérieur. Les banques traditionnelles ne veulent plus seulement coexister avec Bitcoin. Elles veulent le domestiquer, le canaliser dans leurs produits, et surtout éviter qu’une partie significative des BTC mondiaux ne leur échappe définitivement dans les bilans d’entreprises indépendantes.

Comme le résume parfaitement un analyste anonyme sur Crypto Twitter :

Ils ont compris que Bitcoin ne disparaîtra pas. Alors maintenant, ils veulent juste s’assurer que ce soient eux qui le détiennent, pas vous.

En attendant, le marché corrige sévèrement depuis début novembre. Le point bas ? Coïncidence ou pas, juste après l’annonce JPMorgan/MSCI. Les Bitcoiners, eux, serrent les dents et répètent leur mantra préféré : not your keys, not your coins. Traduisez : tant que vos BTC sont dans votre wallet, personne ne peut vous les prendre. Même pas la plus grosse banque du monde.

À suivre de très près dans les prochaines semaines. Car si cette règle MSCI passe, ce sera probablement le plus gros stress test que le modèle Bitcoin treasury ait jamais connu.