Imaginez : vous tradez du Bitcoin ou de l’Ethereum depuis Tokyo et, d’un seul coup, vos plus-values ne sont plus taxées jusqu’à 55 %, mais seulement à 20 %. Ce n’est plus un rêve de crypto-trader, c’est ce que le gouvernement japonais s’apprête à mettre en place dès 2026.

Cette annonce, dévoilée par le Nikkei ce 1er décembre 2025, pourrait bien être le tournant le plus important pour le marché crypto japonais depuis des années. On vous explique tout, en détail et sans langue de bois.

Une réforme fiscale historique pour les cryptomonnaies

Jusqu’à présent, au Japon, les gains en cryptomonnaies étaient considérés comme des revenus divers (« zatsu shotoku »). Résultat ? Ils s’additionnaient à votre salaire et pouvaient être taxés jusqu’à 55 % (45 % d’impôt national + 10 % d’impôt local) pour les plus hauts revenus.

Dès 2026, tout change. Les profits crypto seront détachés des autres revenus et soumis à une taxe séparée de 20 % : 15 % pour l’État et 5 % pour les collectivités locales. Exactement le même régime que les actions, obligations et fonds d’investissement.

« Les cryptomonnaies ne sont plus une classe d’actifs marginale, mais un investissement standard. »

Un haut fonctionnaire du ministère des Finances, cité par le Nikkei

Pourquoi le Japon fait-il ce choix maintenant ?

Plusieurs raisons convergent :

  • Le volume de trading crypto local s’est effondré ces dernières années à cause de la fiscalité punitive.
  • Des millions de Japonais détiennent des cryptos (environ 8 millions de comptes actifs selon la JVCEA) mais préfèrent trader à l’étranger pour éviter les taxes.
  • Le gouvernement veut récupérer cette manne fiscale tout en stimulant l’innovation blockchain.
  • Le Premier ministre Fumio Kishida a fait de la « nouvelle économie numérique » une priorité.

En baissant la taxe, Tokyo espère paradoxalement augmenter les recettes fiscales grâce à un retour massif des volumes sur les plateformes japonaises régulées.

Les géants de la finance japonaise déjà en ordre de bataille

Les grandes maisons d’asset management ne perdent pas de temps.

Nomura Asset Management a créé une task force inter-divisions dédiée aux produits crypto.

Daiwa Asset Management travaille main dans la main avec Global X Japan pour préparer des ETF.

Mitsubishi UFJ Trust et Amova Asset Management étudient des fonds pour le retail et les institutionnels.

Ces acteurs anticipent l’arrivée massive de capitaux une fois la réforme votée. Et ils ont raison : le Japon possède l’un des plus gros bassins d’épargne au monde.

105 tokens bientôt considérés comme des produits financiers

Parallèlement à la réforme fiscale, la Financial Services Agency (FSA) prépare un nouveau cadre réglementaire.

  • 105 cryptomonnaies listées sur les exchanges japonais (dont BTC, ETH, XRP, etc.) seront officiellement reconnues comme produits financiers.
  • Elles tomberont sous le coup des règles contre le délit d’initié.
  • Les plateformes devront renforcer la surveillance des transactions suspectes.

Cette reconnaissance officielle est un signal fort : le Japon traite désormais les cryptos comme des actifs matures.

Comparaison avant / après 2026

Pour que ce soit limpide, voici un tableau simple :

CritèreActuellementDès 2026
Catégorie fiscaleRevenus diversPlus-values financières
Taux maximum55 %20 %
Report de pertesNonOui (comme actions)
Cumule avec salaireOuiNon
Régime applicableDéclaration séparée impossibleTaxe séparée 20 %

Le gain pour les investisseurs est colossal, surtout pour les hauts revenus.

Les défis qui restent à relever

Tout n’est pas encore gagné. Les gestionnaires d’actifs pointent plusieurs obstacles :

  • Fixer des prix de référence fiables (NAV) en continu.
  • Assurer une liquidité suffisante pour absorber les flux institutionnels.
  • Mettre en place des solutions de custody sécurisées et conformes.
  • Gérer la volatilité inhérente aux cryptos.

Mais ces défis sont justement ce qui rend la réforme excitante : elle force tout l’écosystème à monter en gamme.

Et pour les investisseurs étrangers ?

Si vous êtes non-résident fiscal japonais, cette réforme ne vous concerne pas directement. Vos plus-values restent imposables dans votre pays de résidence.

Cependant, l’arrivée probable d’ETF et de fonds crypto japonais pourrait créer de nouvelles opportunités d’investissement accessibles depuis l’étranger.

Un modèle pour les autres pays ?

Le Japon n’est pas le premier à aligner la fiscalité crypto sur celle des actions (le Portugal, les Émirats ou Singapour l’ont déjà fait), mais il est le premier grand pays du G7 à franchir le pas de façon aussi claire.

En Europe, en Corée du Sud ou même aux États-Unis, les décideurs regardent attentivement. Une taxe à 20 % avec report de pertes pourrait devenir la nouvelle norme mondiale.

« Quand le Japon bouge, le reste de l’Asie suit souvent. »

Un analyste de Bloomberg Intelligence

Ce que ça change concrètement pour vous

Si vous êtes résident japonais ou envisagez de vous y installer :

  • Vous pourrez enfin reporter vos pertes crypto sur plusieurs années.
  • Plus besoin de fuir vers Binance ou Coinbase pour éviter les taxes.
  • Les plateformes locales (bitFlyer, Coincheck, etc.) vont redevenir compétitives.
  • Attendez-vous à une explosion de nouveaux produits d’investissement en 2026-2027.

En résumé, le Japon passe du statut de crypto-ennemi fiscal à celui de paradis réglementé pour les investisseurs en cryptomonnaies.

Cette réforme, si elle est votée comme prévu dans le budget 2026, pourrait bien être le catalyseur qui ramènera des dizaines de milliards de yens sur le marché crypto japonais. Et peut-être inspirer le reste du monde.

À suivre de très près.

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