Alors que son mandat de quatre ans à la tête de la Securities and Exchange Commission (SEC) touche à sa fin, Gary Gensler n’a pas mâché ses mots sur l’industrie des cryptomonnaies lors d’une interview accordée mercredi à Bloomberg TV. Selon lui, ce secteur est « truffé de mauvais acteurs ».
Le président sortant de la SEC a profité de cette ultime prise de parole pour revenir sur son bilan et réaffirmer sa ligne de conduite intransigeante envers les cryptoactifs. Une posture qui aura marqué son passage à la tête du gendarme boursier américain.
Un héritage d’actions répressives
Gary Gensler s’est dit fier des nombreuses actions répressives menées par la SEC dans l’espace crypto durant son mandat. Il a souligné la cohérence de cette approche au fil des années, s’inscrivant dans la continuité du travail initié par son prédécesseur Jay Clayton entre 2017 et 2020.
Alors que Clayton avait supervisé environ 80 actions liées aux cryptos, Gensler en aura initié une centaine de plus en seulement quatre ans. Un rythme soutenu qui reflète sa détermination à s’attaquer sans relâche à la fraude et aux dérives d’un secteur en perpétuelle évolution.
Le président de la SEC n’a jamais caché son scepticisme envers la finance décentralisée et son écosystème foisonnant de projets plus ou moins sérieux :
Ce que pense vraiment Gary Gensler des cryptomonnaies :
- Un champ d’investissement guidé par le sentiment plus que les fondamentaux.
- Des dizaines de milliers de projets dont beaucoup ne survivront pas.
- Des investissements type « capital risque » sans garantie de succès.
Une relation tumultueuse avec l’industrie
Nommé par l’administration Biden, Gary Gensler n’a eu de cesse d’exprimer son scepticisme à l’égard de la réglementation des cryptomonnaies. Il s’est notamment opposé avec virulence au projet de loi FIT21 après son adoption par la Chambre des représentants.
De son côté, l’industrie des cryptos a toujours considéré Gensler avec méfiance et frustration. Beaucoup estiment que son approche répressive et sa volonté de classer la plupart des actifs numériques comme des valeurs mobilières ont étouffé l’innovation et créé une insécurité juridique.
En exigeant des entreprises du secteur qu’elles s’enregistrent auprès de la SEC, Gensler s’est attiré les foudres de nombreux acteurs qui jugent cette conformité peu adaptée aux spécificités des cryptoactifs et de la blockchain.
Le travail n’est pas terminé
À quelques jours de passer la main, Gary Gensler a reconnu les défis posés par la régulation d’un secteur aussi dynamique et innovant. Mais il a réaffirmé le rôle crucial de la SEC pour bâtir un cadre protecteur pour les investisseurs, dans la droite ligne des efforts déjà engagés :
Avec le départ de Gary Gensler le 20 janvier prochain, date de l’investiture du président élu Donald Trump, l’industrie des cryptomonnaies espère l’avènement d’une ère nouvelle. Reste à savoir si son successeur adoptera une approche plus conciliante ou prolongera la ligne dure initiée ces dernières années.
Une chose est sûre : la régulation des cryptoactifs demeure un défi majeur pour les autorités du monde entier. Et les dernières déclarations de Gary Gensler rappellent que la route vers une adoption généralisée et un encadrement mature est encore longue et semée d’embûches.