Les répercussions de la faillite de FTX, plateforme d’échange de cryptomonnaies autrefois incontournable, continuent de se faire sentir. Dernier rebondissement en date : Sam Trabucco, l’ancien co-PDG d’Alameda Research, société sœur de FTX, a accepté de renoncer à des réclamations d’une valeur de 70 millions de dollars. Mais ce n’est pas tout : il a également été contraint de céder des biens de luxe, dont un yacht de 53 pieds et deux appartements haut de gamme.
Ce règlement, déposé cette semaine, s’inscrit dans un effort plus large visant à maximiser les remboursements aux créanciers lésés par la débâcle de FTX. En cédant ces actifs, Trabucco contribue à alimenter le fonds d’indemnisation, tout en évitant de longues et coûteuses procédures judiciaires. Une décision pragmatique, mais qui soulève des questions sur son rôle dans cette affaire.
L’ombre d’Alameda Research
Car si Sam Trabucco avait quitté ses fonctions chez Alameda en août 2022, soit quelques mois avant l’effondrement de FTX en novembre, sa réapparition dans le cadre de la gestion de faillite soulève des interrogations. Les liens étroits et opaques entre Alameda et FTX, désormais bien documentés, font planer le doute sur la gouvernance et les pratiques financières de ces entités.
L’ancien patron, aux côtés de Caroline Ellison, a beau avoir pris le large avant la tempête, son implication antérieure le rattrape aujourd’hui. Le yacht qu’il a dû céder, initialement symbole d’une nouvelle vie post-Alameda, devient finalement une monnaie d’échange pour apaiser les créanciers en colère.
Un plan de remboursement ambitieux
La contribution de Trabucco s’inscrit dans un plan de réorganisation plus vaste, validé en octobre 2024 par la justice américaine. Ce plan promet aux investisseurs de récupérer jusqu’à 118% de leur mise initiale en dollars, un taux étonnamment élevé pour une faillite dans l’écosystème crypto.
Cependant, ce choix de rembourser en monnaie fiduciaire plutôt qu’en cryptomonnaies a suscité des critiques. Certains créanciers auraient préféré récupérer leurs actifs d’origine, misant sur une potentielle revalorisation future des cours. Mais les liquidateurs ont privilégié la stabilité et la sécurité, se prémunissant contre la volatilité chronique du marché des cryptos.
Des ramifications judiciaires qui se poursuivent
Pendant que Sam Trabucco solde ses comptes, d’autres acteurs clés de l’affaire FTX font face à la justice. Sam Bankman-Fried, fondateur déchu de l’empire crypto, a écopé de 25 ans de prison en 2023. Caroline Ellison, ex-dirigeante d’Alameda et un temps proche collaboratrice de Trabucco, a quant à elle entamé sa peine de 2 ans derrière les barreaux.
Ces condamnations, fruits d’une coopération avec les autorités, visent à tourner la page d’un des plus grands scandales de l’histoire des cryptomonnaies. Mais elles illustrent aussi les dérives d’un écosystème longtemps sous-régulé, où les conflits d’intérêts et le mélange des genres étaient monnaie courante.
Un épilogue en demi-teinte
Pour Sam Trabucco, ce règlement à 70 millions de dollars et ce yacht confisqué sonnent comme un épilogue amer à une histoire qui l’a un temps propulsé au sommet de la finance décentralisée. Un rappel brutal que dans l’univers des cryptos, les fortunes se font et se défont à une vitesse vertigineuse.
Mais au-delà du cas individuel, cette affaire est surtout symptomatique des dérives d’un système où la frontière entre l’innovation et l’hubris était devenue trop floue. La chute de FTX et les déboires de ses anciens dirigeants serviront-ils de leçon à une industrie en quête de maturité et de légitimité ? L’avenir nous le dira.
Une chose est sûre : les investisseurs, échaudés par ce type de mésaventures, seront plus que jamais attentifs aux garanties de transparence et de bonne gouvernance des acteurs crypto. Car si le principe de décentralisation reste séduisant, il ne doit pas être un prétexte pour s’affranchir des règles élémentaires de prudence et d’éthique.