Imaginez : vous investissez vos économies dans une plateforme qui promet 20 à 30 % de rendement mensuel en bitcoin. Tout semble parfait, les retraits fonctionnent, les influenceurs en parlent… jusqu’au jour où plus rien ne sort. C’est exactement ce qui est arrivé à des dizaines de milliers de personnes avec Finiko entre 2018 et 2021.
Ce 10 décembre 2025, un rebondissement majeur vient de tomber : les Émirats Arabes Unis ont expulsé l’un des fondateurs de cette gigantesque pyramide de Ponzi crypto vers la Russie. L’homme a été remis aux autorités russes directement sur le tarmac de l’aéroport de Dubaï.
Finiko : retour sur la plus grosse arnaque crypto russe récente
Lancée fin 2018 à Kazan (République du Tatarstan), Finiko se présentait comme une « société d’investissement automatique » permettant de générer des profits passifs grâce à des algorithmes de trading crypto ultra-performants. La promesse ? Jusqu’à 1 % par jour, soit plus de 30 % par mois, sans aucun effort.
En réalité, c’était un schéma de Ponzi classique : les nouveaux entrants payaient les rendements des anciens. Le marketing était ultra-agressif : séminaires de luxe, Lamborghini louées, influenceurs payés grassement, et même une chanson officielle diffusée en boucle.
« On vous donne 20-30 % par mois garanti, même si le marché baisse. C’est mathematically impossible de perdre avec nous. »
Extrait d’une présentation officielle Finiko en 2020
Le système s’est effondré en juillet 2021 quand les retraits ont été bloqués. Bilan estimé : entre 80 et 95 millions de dollars volatilisés, plus de 800 000 comptes créés dans toute la CEI et même à l’étranger.
Qui est l’homme extradé ce 10 décembre 2025 ?
Les autorités russes restent étrangement discrètes sur l’identité exacte. La porte-parole du ministère de l’Intérieur, Irina Volk, a seulement parlé d’« un accusé d’avoir dirigé une organisation criminelle et commis une fraude à grande échelle ».
Mais selon plusieurs sources concordantes dans les médias russes (Kommersant, RBC), il s’agirait très probablement de Kirill Doronin, considéré comme le véritable cerveau opérationnel de Finiko, aux côtés de Zygmunt Zygmuntovich et Marat Sabirov.
À noter : un autre leader présumé, Edvard Sabirov, avait déjà été arrêté aux Émirats en 2022 par Interpol. L’homme extradé aujourd’hui serait donc le deuxième gros poisson à tomber.
Les principaux fondateurs et lieurs de Finiko recherchés ou arrêtés :
- Kirill Doronin – probable extradé du 10/12/2025 – cerveau marketing
- Zygmunt Zygmuntovich – toujours en fuite (serait en Turquie)
- Marat Sabirov – arrêté en 2021 au Tatarstan
- Edvard Sabirov – arrêté EAU 2022, extradé vers Russie
- Ilgiz Shakirov – vice-président, arrêté 2021
Pourquoi les Émirats ont-ils mis si longtemps ?
Dubaï est devenue ces dernières années une destination prisée des fraudeurs crypto du monde entier. Résidence dorée facile à obtenir, aucune extradition automatique avec la Russie jusqu’en 2023, et style de vie clinquant… l’endroit rêvé pour se faire oublier.
Mais la donne a changé. Depuis 2024, les EAU ont signé un traité d’extradition avec Moscou et durci leur politique vis-à-vis des criminels financiers, sous pression du GAFI (Groupe d’action financière) qui menaçait de les remettre sur liste grise.
Résultat : vague d’arrestations de fraudeurs russes, kazakhs et ukrainiens à Dubaï ces 18 derniers mois. Finiko n’est que le dernier exemple en date.
Comment Finiko a-t-elle pu durer aussi longtemps ?
Plusieurs facteurs ont permis à l’arnaque de prospérer pendant près de trois ans :
- Un marketing ultra-efficace sur YouTube et Telegram (des centaines de chaînes payées pour promouvoir)
- Des paiements qui fonctionnaient parfaitement les 18 premiers mois → effet boule de neige
- Utilisation exclusive de cryptomonnaies (USDT, BTC) rendant la traçabilité très complexe
- Absence totale de régulation dans la majorité des pays de la CEI à l’époque
- Recrutement massif via MLM (marketing multi-niveaux) avec bonus de parrainage énormes
Beaucoup d’investisseurs pensaient sincèrement que Finiko avait découvert une martingale secrète. Certains ont même ré-investi leurs gains… avant de tout perdre.
Que risque le fondateur extradé ?
En Russie, l’organisation d’une pyramide financière est passible de 6 à 10 ans de prison (article 172.2 du Code pénal). Mais avec l’accusation supplémentaire de « création d’une organisation criminelle » (article 210), la peine peut grimper jusqu’à 20 ans.
Les victimes, elles, ont très peu d’espoir de récupérer leur argent. Une partie des fonds a été convertie en immobilier de luxe à Dubaï, Chypre et en Turquie, mais la majorité a tout simplement disparu.
Leçons à retenir pour les investisseurs crypto
Cette affaire Finiko, comme OneCoin, BitConnect ou plus récemment HyperFund, nous rappelle des vérités brutales mais essentielles :
- Si on vous promet des rendements garantis élevés et réguliers en crypto → c’est presque certainement une arnaque.
- Le trading automatique à 1 % par jour n’existe pas sur le long terme.
- Un projet qui repose principalement sur le recrutement de nouveaux membres est un schéma de Ponzi.
- Méfiez-vous des influenceurs payés pour promouvoir sans jamais montrer leurs propres portefeuilles.
- La présence de célébrités ou de séminaires luxueux n’est pas une preuve de légitimité.
« Le meilleur indicateur qu’un projet est une arnaque ? Il vous dit que ce n’est pas une arnaque. »
Dicton populaire dans la communauté crypto russe
Aujourd’hui, des milliers de victimes Finiko se battent encore pour obtenir justice. Certains ont tout perdu : appartement, économies de toute une vie, dettes colossales contractées pour « investir plus ».
L’extradition de ce 10 décembre 2025 ne rendra pas l’argent, mais elle envoie un signal fort : même à Dubaï, les fraudeurs crypto ne sont plus intouchables.
La chasse continue.
