ETF Dogecoin GDOG : Lancement Raté à 1,4 M$

Imaginez la scène : c’est le 24 novembre 2025, la cloche retentit à la NYSE Arca, et le tout premier ETF spot Dogecoin au monde fait ses grands débuts. Tout le monde s’attend à une folie furieuse, comme pour Bitcoin en janvier 2024 ou Ethereum en juillet dernier. Et là… rien. Ou presque. 1,4 petit million de dollars de volume. Autant dire que le chien star des memecoins a aboyé très timidement pour son entrée en bourse.

Le GDOG de Grayscale fait un flop historique

Grayscale Investments, le géant des fonds crypto avec plus de 60 milliards sous gestion, avait pourtant mis le paquet. Après les succès retentissants de ses ETF Bitcoin (GBTC) et Ethereum (ETHE), la firme new-yorkaise lançait en grande pompe le Grayscale Dogecoin Trust sous le ticker GDOG. Objectif affiché : offrir aux investisseurs traditionnels une exposition réglementée au roi des memecoins.

Mais la réalité a été brutale.

« GDOG (le premier ETF spot Dogecoin) a fait 1,4 million de dollars de volume le jour du lancement… C’est correct pour un ETF classique, mais très faible pour un produit “first-ever spot”. »

Eric Balchunas, analyste senior ETF chez Bloomberg

Pour mettre ce chiffre en perspective, rappelons quelques chiffres qui font mal :

• ETF Bitcoin spot (janvier 2024) : plus de 4,6 milliards de dollars le premier jour
• ETF Ethereum spot (juillet 2024) : environ 1 milliard de dollars
• ETF Solana ETF (octobre 2025) : 380 millions de dollars
• GDOG Dogecoin (24 novembre 2025) : 1,4 million de dollars

On parle là d’un volume 3000 fois inférieur à celui du Bitcoin. Même les ETF Litecoin ou Cardano, pourtant moins médiatiques, avaient fait mieux à leur lancement.

Que s’est-il réellement passé le 24 novembre ?

Techniquement, tout était prêt. Coinbase Custody conserve les DOGE sous-jacents, le fonds est 100 % adossé physiquement, les frais de gestion sont fixés à 0,95 % (correct pour Grayscale), et la liquidité était assurée par Jane Street et Virtu Financial, deux des plus gros market makers de Wall Street.

Mais dès l’ouverture, le constat était sans appel : seulement 78 900 actions GDOG échangées dans la journée. Avec un ratio de 117,58 DOGE par action, cela représente environ 9,3 millions de DOGE négociés via l’ETF. À titre de comparaison, la seule paire DOGE/USDT sur Binance a fait plus de 140 millions de dollars sur 24 heures le même jour. L’ETF a donc capté moins de 1 % du volume spot mondial du Dogecoin.

Pourquoi un tel désintérêt des investisseurs institutionnels ?

Plusieurs facteurs expliquent ce lancement en demi-teinte.

1. Image de marque du Dogecoin

Le DOGE reste perçu par beaucoup d’investisseurs traditionnels comme un « joke coin » créé en 2013 pour se moquer de Bitcoin. Malgré les tweets d’Elon Musk et l’adoption comme moyen de paiement par Tesla ou les Dallas Mavericks, le memecoin traîne encore une réputation de casino plutôt qu’actif sérieux.

2. Concurrence féroce

2025 a été l’année des ETF alternatifs : Solana, XRP, Cardano, Avalanche… Les flux institutionnels sont déjà dispersés. Pourquoi prendre le risque Dogecoin quand on peut investir dans Solana qui a un écosystème DeFi florissant ?

3. Timing malheureux

Le lancement intervient alors que le marché crypto traverse une phase de consolidation après le pic post-élection américaine. Beaucoup d’acteurs institutionnels préfèrent attendre une vraie tendance haussière confirmée avant de s’exposer à un actif aussi volatile que DOGE (volatilité annualisée > 80 %).

4. Manque de marketing agressif

Grayscale a communiqué très discrètement, presque en catimini, comparé à l’offensive médiatique faite pour Bitcoin et Ethereum. Pas de campagne Elon Musk, pas de partenariat Tesla annoncé, pas de teasing massif. Résultat : beaucoup d’investisseurs traditionnels ne savaient même pas que l’ETF existait.

Le GDOG est-il mort-né ou peut-il rebondir ?

L’histoire des ETF crypto nous a appris une chose : le premier jour ne fait pas tout.

L’ETF Ark 21Shares Bitcoin (ARKB) avait fait « seulement » 16 millions le premier jour… avant de devenir un succès. L’ETF VanEck Ethereum avait démarré mollement avant d’exploser avec le staking activé.

Pour le GDOG, plusieurs catalyseurs pourraient changer la donne dans les prochains mois :

• Un tweet d’Elon Musk en soutien à l’ETF (il reste très silencieux depuis des mois)
• L’activation du staking Dogecoin (rumeur persistante pour 2026)
• Une intégration dans les paiements X (ex-Twitter) si Elon décide de passer à la vitesse supérieure
• Une vague memecoin générale en 2026 (on a vu des cycles tous les 4 ans)

Mais pour l’instant, le constat est clair : le chien n’a pas fait aboyer personne à Wall Street.

Ce que cela nous dit sur l’état du marché crypto en 2025

Le flop du GDOG est révélateur d’une maturité croissante du secteur. Les institutionnels ne se jettent plus sur n’importe quel ETF crypto par FOMO. Ils sélectionnent avec soin les actifs ayant :

• Une utilité réelle (DeFi, staking, paiements)
• Une narrative solide (IA, RWA, gaming)
• Une volatilité maîtrisée

Le Dogecoin, malgré son capitalisation de plus de 30 milliards de dollars, reste un pari spéculatif pur. Et en 2025, les institutionnels ont appris à dire non aux paris trop risqués.

Preuve supplémentaire : l’ETF XRP de Grayscale (GXRP), lancé le même jour que GDOG, a fait 10 fois mieux avec 14 millions de volume. Pourtant moins médiatique, XRP bénéficie d’une image plus « sérieuse » grâce à son utilisation dans les paiements transfrontaliers.

Conclusion : un non-événement… pour l’instant

Le lancement raté de l’ETF Dogecoin GDOG ne signe pas la mort du memecoin. Il révèle simplement que le chemin vers l’adoption institutionnelle massive est plus long et plus sélectif qu’on ne le pensait.

Le Dogecoin reste le 8e crypto-actif mondial par capitalisation. Sa communauté est l’une des plus fidèles du secteur. Et l’histoire a montré que les memecoins savent surprendre.

Mais pour l’instant, le chien dort à la porte de Wall Street. Et personne ne semble vouloir le réveiller.

À suivre dans les prochaines semaines…