Alors que la poussière n’est pas encore retombée suite à la liquidation précipitée par l’Allemagne de 50 000 bitcoins saisis, voilà que les États-Unis se mettent aussi à bouger leurs BTC confisqués. Une adresse de wallet attribuée au gouvernement américain vient en effet de transférer pour près de 4 millions de dollars de bitcoins vers la plateforme professionnelle Coinbase Prime, très probablement pour les revendre rapidement sur le marché.
58 BTC issus d’une saisie sur le darknet revendus par les USA
Ce 22 juillet 2024, la plateforme d’analyse on-chain Arkham Intelligence a identifié une adresse Bitcoin appartenant aux autorités américaines qui s’est soudainement vidée de tous ses fonds, soit 58,742 BTC évalués à 3,96 millions de dollars au moment du transfert. Cette somme conséquente a été envoyée vers le service Coinbase Prime, qui permet aux clients institutionnels d’échanger de larges volumes de cryptomonnaies.
D’après les informations fournies par Arkham, ces bitcoins proviendraient d’une saisie effectuée dans le cadre de l’affaire Ryan Farace, alias “Xanaxman”. Ce dernier avait été condamné en 2018 pour avoir vendu illégalement des pilules de Xanax contre des BTC sur le marché noir Silk Road et d’autres places de marché du darknet.
Une plus-value de 1 million de dollars pour le Trésor américain
Ironie du sort, la conservation forcée de ces bitcoins depuis leur confiscation en décembre 2021 aura finalement profité aux États-Unis. En effet, leur valeur est passée de 2,89 millions de dollars au moment de la saisie, à 3,96 millions lors de leur transfert vers Coinbase ce 22 juillet. Soit un gain net de plus d’un million de dollars (+37%) pour le Trésor américain grâce à la hausse du cours du Bitcoin sur cette période.
Le contraste avec la gestion calamiteuse de l’Allemagne
- Berlin a liquidé 50 000 BTC “le plus rapidement possible” fin juin
- Cette vente précipitée lui a fait perdre 124 millions de dollars
- Si le marché repart à la hausse, le manque à gagner sera encore plus grand
Contrairement à l’Allemagne qui a liquidé ses 50 000 bitcoins saisis dans l’urgence “quelles que soient les conséquences pour le marché”, quitte à perdre 124 millions de dollars dans l’opération, les États-Unis semblent avoir joué le jeu du HODL. Ce qui leur a permis d’engranger une plus-value significative.
Les institutions face au dilemme de la revente des cryptos saisies
Ces deux affaires, bien que de nature et d’ampleur différentes, illustrent le dilemme auquel font face les États et institutions qui saisissent des cryptomonnaies. Comment gérer au mieux ces avoirs extrêmement volatils, tout en respectant les procédures légales et sans trop influer sur le marché ?
Certains comme l’Allemagne semblent privilégier la voie de la liquidation rapide, afin de limiter leur exposition au risque de marché. D’autres comme les USA ont cette fois opté pour une conservation plus longue des bitcoins, leur permettant de profiter de la hausse des cours. Cependant, gardons en tête que les États-Unis avaient eux aussi revendu précipitamment pour 1 milliard de dollars de bitcoins en 2014.
Si l’essor des cryptomonnaies se confirme, nous risquons d’assister à une multiplication de ce genre de cas à l’avenir. Cela soulève des questions cruciales sur les meilleures pratiques de gestion des avoirs saisis, dans une classe d’actifs aussi spéculative et imprévisible que les cryptos.