Lors des élections de mi-mandat aux États-Unis, une figure bien connue du monde des cryptomonnaies a réussi à conserver son siège de sénatrice, en dépit d’un contexte politique défavorable. Élisabeth Warren, démocrate du Massachusetts, a en effet été réélue pour un quatrième mandat consécutif, malgré le raz-de-marée républicain qui a déferlé sur le pays. Cette victoire a de quoi inquiéter l’industrie crypto, tant la sénatrice s’est illustrée ces dernières années par ses positions hostiles à l’égard de Bitcoin et des cryptomonnaies.
L’ennemie publique numéro 1 de la crypto
Élisabeth Warren ne mâche pas ses mots quand il s’agit de critiquer les cryptomonnaies. Pour s’en convaincre, il suffit de se rendre sur le site Stand For Crypto, qui recense pas moins de 83 déclarations anti-crypto de la sénatrice. Depuis des années, elle fustige une technologie qui selon elle « aide les États voyous, les terroristes et les criminels », permettant à des « cybercriminels d’escroquer les Américains de plusieurs milliards chaque année ». Une rhétorique qui s’est accompagnée d’actes concrets, puisqu’Élisabeth Warren a voté contre tous les projets de loi visant à assouplir la législation du secteur crypto.
Les lobbyistes pro-crypto se mobilisent
Face à cette hostilité manifeste, les lobbyistes pro-crypto ont décidé de passer à l’offensive lors de la campagne sénatoriale. Ils ont ainsi massivement soutenu John Deaton, l’adversaire républicain d’Élisabeth Warren. Selon la presse américaine, un Political Action Committee (PAC) baptisé Commonwealth Unity Fund aurait même versé un million de dollars au candidat. Une information qui n’a pas manqué de faire réagir la sénatrice, affirmant que « 90% du financement de la campagne de son adversaire provenait de l’industrie crypto, et que 80% de sa fortune personnelle était également liée aux actifs numériques ! »
Une réélection qui pose question
Malgré les moyens colossaux déployés par les partisans des cryptomonnaies, Élisabeth Warren a finalement été réélue avec 60,3% des voix, contre 39,7% pour son adversaire. Un score sans appel, qui témoigne de la solidité de son ancrage local, dans un État historiquement acquis aux démocrates. Reste maintenant à savoir si la sénatrice conservera sa place au sein de la commission bancaire du Sénat, d’où elle avait mené sa fronde anti-crypto. Rien n’est moins sûr, dans la mesure où les républicains ont pris le contrôle de la chambre haute du Congrès.
Les 3 points à retenir de la réélection d’Élisabeth Warren :
- La sénatrice démocrate a été réélue malgré ses positions anti-crypto
- Les lobbyistes pro-crypto ont massivement soutenu son adversaire républicain
- L’avenir de la réglementation crypto aux États-Unis reste incertain
Quel avenir pour la réglementation crypto ?
Au-delà du cas Warren, ces élections de mi-mandat posent la question de l’avenir de la réglementation crypto aux États-Unis. Si les démocrates semblent déterminés à encadrer strictement le secteur, les républicains paraissent plus enclins à favoriser son développement. Mais avec un Congrès divisé et un président démocrate, il est peu probable qu’une législation d’envergure soit adoptée dans les deux prochaines années. Les acteurs de l’industrie crypto vont donc devoir composer avec un environnement réglementaire incertain, au moins jusqu’à la prochaine élection présidentielle.
Élisabeth Warren, un coup d’épée dans l’eau ?
Quoi qu’il en soit, la réélection d’Élisabeth Warren constitue indéniablement un revers pour les partisans d’une réglementation crypto plus souple. Mais il serait sans doute exagéré d’y voir un tournant majeur. D’abord parce que le poids politique de la sénatrice risque d’être amoindri dans un Sénat à majorité républicaine. Ensuite parce que le soutien à l’industrie crypto transcende les clivages partisans, comme en témoignent les prises de position de certains élus démocrates en faveur d’un assouplissement de la réglementation. Enfin, parce que le sujet crypto reste relativement marginal dans le débat politique américain, loin derrière des enjeux comme l’inflation, l’immigration ou l’avortement.
Une victoire en demi-teinte
En définitive, la réélection d’Élisabeth Warren apparaît comme une victoire en demi-teinte pour les opposants à la crypto. Certes, la sénatrice va pouvoir continuer à porter son combat au Capitole. Mais son influence risque d’être limitée par le nouveau rapport de force au Congrès. Et surtout, l’industrie crypto a montré qu’elle était désormais capable de mobiliser des moyens considérables pour défendre ses intérêts. Un lobbying appelé à s’intensifier à mesure que le secteur gagnera en maturité et en respectabilité.
Pour les partisans des cryptomonnaies, le défi des prochaines années sera donc de convaincre les décideurs politiques que leur technologie peut apporter des bénéfices concrets à la société, au-delà des risques qu’elle comporte. Un défi d’autant plus ardu que des personnalités comme Élisabeth Warren continueront à agiter le chiffon rouge de la criminalité et de la spéculation. Mais un défi qui n’est pas insurmontable, pour peu que l’industrie crypto apprenne à parler d’une seule voix et à mieux communiquer sur ses atouts. La partie est loin d’être gagnée, mais elle est loin d’être perdue.